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lontiers aux autres de lourds fardeaux qu'ils ne voudraient pas même toucher de leur petit doigt, l'abbé Galiani, qui se moquait de la morale et de tout ce qu'il y a de sacré, n'hésitait pas un moment à dire que « les Jésuites allongeaient le Credo et raccourcissaient le Décalogue (1). Oh ! l'excellent juge en pareille matière, que celui qui écrivait encore : J'ai le cœur saisi d'effror sur la levée de bouclier que le clergé à faite contre le Systême de la nature (2). Ces gens-là ont le nez fin.... Dieu préserve l'athéisme de quelque fâcheuse persécution, mais j'en tremble (3): »

Diderot raconte que Maupertuis avait eu un enfant d'une fille; il le fit élever en Chine, où il l'envoya dès l'âge de cinq ans (4). Voltaire parle d'un procès que Maupertuis eut à Bâle, pour le fait de la naissance de cet enfant (5).

Le même écrivain parle ainsi de la princesse de Robecq, maîtresse de Choiseul (6): « Cette minaudière est la bonne amie d'un certain duc, d'un certain minis

(1) Galiani, tom. 1, pag. 8.

(2) Par d'Holbach; livre dont Galiani se moque, dans un autre endroit. Tom. I, pag. 120.

(3) Ibid., pag. 169.

(4) Ibid., pag. 388.

(5) Tom. LVIII, pag. 50 63. (6) Ibid., tom. I, pag. 368.

tre (1). »

« Le duc de Choiseul n'aurait jamais fait de mal à l'abbé Morellet, sans deux malheureuses lignes sur cette femme mourante (2), la même princesse de Robecq.

Le président Hénault figura parmi les amants de Mme du Deffand; il lui servait de lecteur pour les prémices d'un ou deux chants de la Pucelle, que Voltaire adressait à la marquise du Châtelet, avant que personne les connût (3).

C'est Mme du Deffand qui disait d'un autre philosophe Ce Saint-Lambert est un esprit froid, fade et faux; il croit regorger d'idées, et c'est la stérilité même; et sans les roseaux, les ruisseaux, les ormeaux et leurs rameaux, il aurait bien peu de choses à dire. En un mot, je ne vous l'enverrai point (le poème des Saisons); c'est assez de l'ennui de mes lettres, sans y ajouter les œuvres des encyclopédistes. Quelqu'un qu'on ne m'a point nommé, disait d'eux qu'ils poussaient leur orgueil jusqu'à croire qu'ils avaient inventé l'athéisme (4).

Les criminelles relations de Saint-Lambert avec Me

(1) Voltaire à Frédéric II (1759), tom. LVIII, p. 151.-tom. LVII, pag. 308.

(2) Id., tom. LIX, pag. 139 (déc. 1760).

(3) Id., tom. LVIII, pag. 195 et 198.

(4) Lettres de Mme Du Deffand, tom. 1, pag. 310.

du Châtelet, causèrent la mort de cette illustre bas-bleu. C'est quelque chose de particulièrement honteux que les scènes de jalouse rivalité entre lui et Voltaire, telles qu'on les trouve dans les Mémoires de Longchamp (1). A quarante-trois ans, la sublime Emilie se concertait avec Voltaire et Saint-Lambert pour donner au fruit de l'adultère tous les semblants de la légitimité (2). Digne occupation, en vérité, chez de tels écrivains, chez de si grands philosophes !

En 1759, Grimm avait quitté Paris, pour aller rejoindre à Genève Mme d'Epinay qui, disait-on, voyageait pour sa santé, mais dont l'indisposition n'offrait rien de bien inquiétant à ceux qui en connaissaient la nature. Il s'agissait seulement de dérober aux yeux des médisants une grossesse à laquelle Grimm n'était pas à beaucoup près aussi étranger que M. d'Epinay (3). Mme d'Houdetot, sœur de Mme d'Epinay, lisait en comité des vers qu'une femme qui se respecte n'oserait jamais écrire (4).

Marmontel avait eu avec Mlle Clairon des rapports médiocrement platoniques.

(1) Mémoires sur Voltaire et sur ses Ouvrages, par Longchamp et Wagnière, tom. II, pag. 200 et suiv.

(2) Ibid., pag. 225-251.

(3) Mémoires, corresp. et ouvrages inédits de Diderot, tom, I, pag. 77 et 81.

(4) Ibid., pag. 282-3.

L'abbé Galiani déplaisait fort à Diderot, parce qu'il lui confessait n'avoir jamais pleuré de sa vie; n'avoir pas versé une larme à la perte de son père, de ses frères, de ses sœurs, de ses maitresses (1). Ce petit Napolitain excellait à imaginer toute sorte de contes, dans lesquels ils tournait en ridicule les choses sacrées(2). Ils étaient le plus souvent grivois, sales et libertins (3).

Diderot écrivait au sujet de Damilaville, le grand entremetteur des correspondances philosophiques : « J'ai bien peur que celui-ci ne paie de sa vie quelques plaisirs vagues et peu choisis (4). Il disait du baron d'Holbach « Imaginez un satyre gai, piquant, indécent et nerveux, au milieu d'un groupe de figures chastes, molles et délicates: tel il était entre nous (5). ►

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On raconte de Pont de Veyle, frère cadet de d'Ar-. gental, qu'il avait quelques ouvrages de par le monde, des comédies et des contes; il possédait un grand art, celui de la parodie, et composait des paroles sur de grands airs de danse. Il avait adapté plusieurs de ces airs la fable de Daphnis et Chloé, qu'il savait rendre dix fois plus indécente; mais il était si vieux et chantait si

(1) Mém. corresp. et ouvr. inéd. de Diderot, tom. E, pag. 255. (2) Ibid., pag. 279.-Tom. II, pag. 204.

(3) Ibid., tom. II, pag. 9, 21.

(4) Ibid., tom. III, pag. 240. (5) Ibid. tom. 1, pag. 74.

bien les parodies, que dans les meilleures sociétés on consentait à l'entendre (1). N'avait-il pas là un beau titre à être bien reçu, ce vieillard cynique? D'Alembert savait donc se rendre pleine justice, à lui et à ses pareils, quand il disait : « On a fait aux hommes de lettres l'honneur de les mettre dans le même département que les filles de joie, auxquelles j'avoue qu'ils sont assez semblables par l'importance de leurs querelles, l'objet de leur ambition, la modération de leurs haines et l'élévation de leurs sentiments (2). » C'était le 8 décembre 1763, au fort de la persécution contre les Jésuites, que d'Alembert faisait de ces condoléances à Voltaire. Et, en effet, les philosophes ne justifiaient que trop l'idée qu'en avait un des leurs.

Les Mémoires de Mme d'Epinay sont fort curieux à consulter pour quiconque veut connaître encore plus particulièrement ce que valaient dans leur intimité ces grands philosophes du XVIIe siècle. Mme d'Epinay raconte deux entretiens dont elle fut témoin dans la société de M Quinault, actrice de la Comédie française. Dans le premier, Duclos et Saint-Lambert affichèrent la morale la plus effrontée. La morale, suivant Duclos, c'est l'édit permanent du plaisir, du besoin et de la

(1) Lettres de Mme Du Deffand, tom. I, pag. 16. (2) OEuvres de d'Alembert, tom. XV, pag. 262,

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