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langerie étaient les partisans de Boulanger, qui avait composé quelques ouvrages contre le christianisme, et auquel on en attribua beaucoup d'autres, après sa

mort.

Galiani écrivait au baron d'Holbach, le 7 avril 1770: « La philosophie, dont vous êtes le maître d'hotel, mange-t-elle toujours d'un aussi bon appétit (1)?, -- «S'il était bon à quelque chose de pleurer sur les morts, écrit-il à Mme d'Epinay, je viendrais pleurer avec vous la perte de M. Helvétius; mais la mort n'est autre chose que le regret des vivants........... Le mal de la perte d'Helvétius est le vide qu'il laisse dans la ligne du bataillon. Serrons donc les lignes, aimons-nous davantage, nous qui restons, et rien n'y paraitra. Moi qui suis le major de ce malheureux régiment, je vous crie à tous Serrez les lignes; avancez; feu. Rien n'y paraîtra de notre perte (2). » Ceci a bien quelque ressemblance avec les paroles de Voltaire exhortant à écraser ce qu'il osait appeler l'infame.

:

Nous ne rainasserons pas tout ce que la Correspondance de Galiani offre de répréhensible sur le chapitre de la religion (3). Nous ne relèverons pas non plus les pasquinades, les facéties grossières qui éclatent au milieu

(1) Galiani, tom. I, pag. 48.

(2) Ibid., tom. II, pag. 9.

(3) Voir notamment au tom. I, pag. 23.

PHILOSOPHES.

de cette intempérance d'esprit. Un défaut plus révoltant, c'est le cynisme de l'auteur. Il est poussé à un point qui indigne, en même temps qu'il révolte. On a peine à concevoir comment un prêtre pouvait se permettre un pareil ton, et comment une femme pouvait le souffrir. Quelle idée faut-il se former d'une société dans laquelle on foulait ainsi aux pieds les règles de la décence la plus commune ? Il n'est donc que trop vrai qu'on avait secoué toute sorte de frein dans ces coteries philosophiques, et qu'on y affichait le mépris de la pudeur comme de la religion. L'incrédulité conduisait donc à la licence, et ces gens qui en public parlaient tant de réforme et de morale, se moquaient de la morale comme du public.

Galiani était abbé; il possédait plusieurs bénéfices, et il trouvait fort commode d'être nourri aux dépens d'une religion dont il se moquait. Il était même, à cet égard, d'une naïveté assez impertinente. Il n'eût pas voulu, disait-il, aller en Amérique, parce qu'il n'y avait pas d'abbayes. Cependant, au milieu de toutes ces inconséquences, ce singulier personnage avait quelquefois assez de tact pour sentir, et assez de franchise pour avouer les ridicules et les torts de ses amis. « Demandez donc à l'abbé Morellet, dit-il à Marmontel, ce qu'il vient faire là. Suffit-il d'avoir entre les jambes une culotte de velours émanée de la munificence de Mme Geof

frin, pour disserter à la fois sur le commerce des blés et l'emploi des doubles croches? Mieux vaut encore toutefois déraisonner musique en sablant le champagne du baron d'Holbach, et même s'y donner une indigestion, que de déclamer contre l'Eglise, quand on reçoit 30,000fr. par an pour prier pour elle. Voilà ce qu'il faut insinuer poliment à ce Mords-les, trop tidèle au nom que lui a imposé le patriarche (1). »

L'abbé Galiani ne songeait donc pas à ce qu'il faisait lui-même ?

Il est loin de traiter toujours Voltaire avec respect. « Je ne souscrirais à sa statue, dit-il, qu'à charge de revanche (2). »-« Vous avez reconnu Voltaire dans son sermon; mais, je n'y reconnais que l'écho de feu M. de Voltaire. Il rabâche trop à présent (3). » — « Voltaire n'a point aimé, et il n'est aimé de personne; il est craint, et il a sa griffe; c'est assez (4). » Galiani gourmande assez durement Raynal, dans une lettre du 30 décembre 1772: « Que vous a fait notre patriarche pour le traiter à la manière des Patouillet, des Nonotte? Quoi! parce qu'il vous donna, il y a plus de vingt ans, l'épi

(1) Lettre du 30 nov. 1778. Elle ne se trouve pas dans l'édition que nous suivons, mais elle figure dans celle qui fut donnée par M. C. de S. M. Voir l'Ami de la Religion, tom. XVII, pag. 150. (2) Galiani, tom. I, pag. 85.

(3) Ibid., pag. 286 (15 juin 1771). (4) Ibid., pag. 208.

PHILOSOPHES.

thète insignifiante de langue de chien, vous avez déchiré les Annales, et vous l'avez traité comme un écolier en histoire Faut-il donc tant d'esprit pour aligner des dates! Et si l'on vous demandait compte de tous les chapitres que vous avez publiés dans votre Histoire philosophique, sans les connaître ! N'est-il pas convenu que c'est généralement pour les sots que nous écrivons tous? Qu'importe qu'un livre soit bien ou mal fait; qu'il présente des vérités ou des paradoxes? pour trouver des lecteurs, et faire le tour du monde, n'est-ce pas assez qu'un passe-port soit revêtu de la signature vraie ou fausse d'un homme célèbre, voir même d'un académicien qui n'aura jamais écrit que pour signer son nom (1)?»

Galiani, plus franc que ses amis, sur quelques articles, n'affectait pas comme eux cette extrême sensibilité ni cette grande tolérance qui fait l'ornement obligé de leurs livres, et dont leurs disciples se parent aussi avec tant de complaisance. Il expose les suites fâcheuses de la liberté de la presse (2); ailleurs, il se moque de ce qu'on appelle les progrès des lumières (3). a Tous les grands hommes, dit-il en un autre endroit, ont été into

(1) Ami de la Religion, tom. XVII, pag. 151.

(2) Galiani, tom. II, pag. 302.

(3) Ibid.; pag. 145,

lérants, et il faut l'être. Si l'on rencontre sur son chemin un prince sot, il faut lui prêcher la tolérance, afin qu'il donne dans le piége, et que le parti écrasé ait le temps de se relever par la tolérance qu'on lui accorde, et d'écraser son adversaire à son tour. Ainsi, le sermon sur la tolérance est un sermon fait aux sots et aux gens dupes, ou à des gens qui n'ont aucun intérêt dans la chose (1).

L'abbé Galiani n'aurait-il pas dit ici le secret de ses amis? L'expérience n'a-t-elle pas prouvé que les apôtres de la tolérance ne la prêchent que quand ils ne sont pas les plus forts, et la violent effrontément lorsqu'ils dominent ? Galiani, non plus qu'eux, ne souffre pas facilement la contradiction; il invoque très sérieusement l'autorité du lieutenant de police contre un libraire qui ne le payait pas, et contre l'abbé Roubaud qui avait attaqué ses ouvrages. Voltaire avait recours au lieutenant de police pour punir l'abbé Desfontaines, et d'Alembert pressait le roi de Prusse d'imposer silence à un jurisconsulte allemand qui avait parlé de l'académicien avec irrévérence. Ces philosophes cependant étaient partisans déclarés de la liberté de la presse, et ennemis décidés des lettres de cachet.

Mais comme il est des hommes qui imposent très vo

(1) Galiani, tom. I, pag. 286.

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