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Troyes, Poncet de la Rivière, venait de publier sa fameuse Instruction sur le schisme, et, suivant sa méthode, le Parlement avait chargé l'exécuteur de la haute justice de réfuter cette Instruction en la brûlant. Ce fut après de telles représailles (6 juin 1756 ) que le prélat fit paraître un nouveau Mandement, pour arrêter les suites du scandale :

Le Parlement, disait-il, s'est établi juge de la docrine qu'elle (l'Instruction pastorale) renferme, arbitre de la foi qu'elle défend, et s'est emparé, à notre préjudice, par l'usurpation la plus criminelle, du dépôt sacré qui nous a été confié. Quelles suites funestes une pareille entreprise n'entraîne-t-elle pas après elle ? Le scandale s'étend, les peuples séduits n'écouteront plus leurs pasteurs; ils iront chercher les règles de leur foi dans les arrêts des tribunaux séculiers, et l'encensoir sera désormais entre les mains des laïcs......

« Ne sera-t-il donc permis qu'aux magistrats de crier au schisme? Seuls coupables d'un crime qu'ils osent reprocher aux premiers pasteurs, ils s'établiront juges de leurs juges mêmes. Eux seuls, si on les en croit, seront joints à l'unité, dont ils formeront le centre, tandis que des prêtres unis à leurs pontifes, des pontifes unis au premier chef du monde chrétien, seront dans leur bouche des rebelles, des schismatiques; ce ne sera plus de l'Eglise universelle, de cette Eglise si formidable

dans tous les temps aux novateurs, que partiront des foudres destinés à frapper les réfractaires. Nous ne les lirons plus, ces anathèmes, dans les décrets des Conciles, dans les bulles des souverains pontifes; un usage nouveau cherche à prévaloir dans ces jours de ténèbres et veut l'emporter sur l'ancien; une anarchie, source inépuisable de désordres et de troubles, s'introduira dans le sein de l'Eglise; des tribunaux séculiers prendront les traits et les lanceront d'une main audacieuse contre ceux qui doivent par état travailler à l'édification du corps de Jésus-Christ. Peut-être verrons-nous bientôt un abîme en enfanter un autre; de plus forts orages s'élèveront sur nos têtes; au titre véritablement odieux de schismatiques, peut-être succèderont de nouveaux arrêts qui nous qualifieront d'hérétiques, qui nous représenteront aux yeux de tout l'univers comme des publicains et des païens; le disciple s'assiéra dans la chaire du maître, la brebis anathématisera le pasteur; la nouveauté n'aura plus l'air de surprise; enfin, le schisme se trouvera dans le sein de l'unité; la discorde dans l'union même, la révolte dans la plus parfaite subordination. Hélas! combien n'avions-nous pas raison de vous dire, dans notre Instruction pastorale, qu'il n'y a que trop long-temps que le schisme est formé, et que les étendards sont déployés ! »

En 1770, quelques conseillers pressaient continuelle

ment l'avocat-général Séguier de requérir qu'on brûlât l'Histoire du Parlement, ouvrage de Voltaire, qui cependant avait fort ménagé Messieurs, et n'avait rien dit des jugements récents de Lally et de la Barre. Le réquisitoire de Séguier n'eut pas lieu, parce qu'on requit autre chose en ce temps-là de ces Messieurs, dit plaisamment Voltaire, et que la France ne fut délivrée (1).

(1) Voltaire, Lettre à Mme de Saint-Julien (22 janvier 1772).

CHAPITRE XVIII.

PHILOSOPHES.

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Les Philosophes excitent à la suppression des Jésuites. Ils s'élèvent contre la morale relâchée; - leur morale, à eux.-Ce que pensent des Philosophes l'abbé Galiani et Mme du Deffand. - Trouble d'esprit de cette femme. J.-J. Rousseau jugé par Voltaire. -Doctrines politiques et religieuses, patriotisme de Voltaire. - Portrait de d'Alembert et ses doctrines. - La Harpe mêlé aux Philosophes: ce qu'il écrit d'eux. Le Système de la nature par d'Holbach. Ce livre donne l'éveil à Frédéric de Prusse, qui ne garde plus la même sympathie pour les Philosophes.- Si leur vie privée ne mérite aucun reproche sérieux, - Presque tous voués aux passions de la chair.—Suard, Diderot et Mlle Voland.-L'abbé Galiani. - Maupertuis. Choiseul et la princesse de Robecq.-Le président Henault. Saint-Lambert. - Mme du Châtelet, Saint-Lambert et Voltaire. Grimm et Mme d'Epinay. montel et Mlle Clairon. L'abbé Galiani et ses maîtresses. Damilaville. Pont de Veyle et ses paroles cyniques. Les hommes de lettres, selon d'A

Mar

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Si les Parlements rendirent des arrêts contre la Compagnie de Jésus, les philosophes, dont la parole sonore retentit à travers tout le xvIIe siècle, applaudirent à cette grande exécution, après y avoir poussé de toutes leurs forces. Comme les beaux esprits et les libres penseurs de nos jours, ils se mirent de la croisade contre la morale relâchée, et crièrent très-fort, parce que cela prêtait au pathos philosophique. Nous devons rechercher ce qu'ils étaient, et dans leur doctrine et dans leur conduite ce sera le moyen de réduire à leur juste valeur tant de déclamations fastueusement vertueuses.

<«< Lorsqu'on voit des gens d'esprit et même de génie dans leurs écrits, méprisables ou ridicules dans leur conduite, on juge que l'esprit n'est pas le miroir de l'ame, et que les sentiments que l'on couche par écrit sont l'effet d'un écho, et non pas une production des pensées; cela fâche beaucoup. Nous sommes dans un siècle où il y a plus de perroquets qu'on ne s'imagine (1). Voilà ce que disait un des plus frivoles adeptes de la philosophie moqueuse de ce siècle-là. Une femme qui vit de près la phalange sacrée, écrivait d'eux :

(1) Galiani, Correspondance, tom. II, pag. 260.

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