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la permission de juger des procès, se croient le droit et le talent d'être les régents du royaume, les mentors et les tuteurs des rois, et qui seraient tout au plus d'assez bons marguilliers de leur paroisse.......... Néanmoins, avec tant de titres pour être méprisés, la faiblesse du gouvernement et l'autorité qu'il a laissé prendre à ces bourgeois, les a rendus redoutables à tous les Ordres de la nation, au roi comme au peuple, aux grands comme aux petits, aux philosophes comme au clergé, aux fous comme aux sages. Ce sont ces hommes sans génie, sans connaissances, sans véritable amour du public, qui ont consommé si rapidement la destruction de cette Société, redoutable aux Souverains mêmes (1). »

Le géomètre d'Alembert n'est pas animé d'une plus grande estime pour les hommes dont on voudrait nous faire respecter les arrêts. Il disait : « Ces parlements, bien indignes de l'opinion favorable que les étrangers en ont conçue, sont encore, s'il est possible, plus abrutis. que le clergé par l'esprit intolérant et persécuteur qui les domine. Ce ne sont ni des magistrats, ni même des citoyens, mais de plats fanatiques jansénistes, qui nous feraient gémir, s'ils le pouvaient, sous le despotisme des absurdités théologiques, et dans les ténèbres de l'ignorance qu'entraînent la superstition et l'oppression (2).

(1) Œuvres de d'Alembert, tom. V, pag. 408-413.

(2) D'Alembert au roi de Prusse (14 sept. 1766). OEuvres de d'Alembert, tom. XVII, pag. 51.

• Voilà nos Messieurs du Parlement qui recommencent leur train; les voilà qui font de belles remontrances contre les édits les plus justes, les plus faits pour soulager le peuple. Les voilà qui font brûler de plats ouvrages, oubliés depuis six ans, et à qui ils donnent de la vie par leur condamnation. Les voilà qui poursuivent un malheureux enfant, parce que son libraire n'a pas voulu donner pour rien à un sot janséniste du Parlement toute l'édition d'un livre ignoré, mais qui déplaît à ce plat janséniste, quoiqne revêtu d'une approbation (1).

Quand je vois cet imbécile Parlement, plus intolérant que les capucins, aux prises avec d'autres ignorants imbéciles et intolérants comme lui, je suis tenté de lui dire ce que Timon le Misanthrope disait à Alcibiade : • Jeune écervelé, que je suis content de te voir à la tête des affaires! Tu me feras raison de ces marauds d'Athéniens! La philosophie touche peut-être au moment où elle va être vengée des Jésuites; mais qui la vengera des Omer et compagnie (3) ? »

Voltaire demandait à d'Alembert « quel était le malheureux qui avait engagé le Parlement de Paris à se faire

(1) D'Alembert au roi de Prusse (23 février 1776(. Œuvres, 1. XVII, pag. 64.

(2) A Voltaire, tom. LX des OEuvres de celui-ci, pag. 59 (8 sept.

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géomètre, mécanicien, métaphysicien, théologien, etc., pour juger vingt volumes in folio de l'Encyclopédie (1)? Il ne fallait pas qu'il fût théologien contre les philosophes, mais il était très bien qu'il le fût contre les Jésuites.

Les Parlementaires, Joly de Fleury à leur tête, n'étaient que de petits scélérats en robe noire, qui opprimaient des gens de lettres (2). — « Quand un homme public est bête, disait agréablement Voltaire, il faut l'être comme Omer (3), ou ne point s'en mêler (4). »

Le même Voltaire appelait le Parlement de Paris un « tripot de tuteurs de rois, et ajoutait que les sottises dites à haute voix par tant de gens en robe, et avocats, et procureurs, avaient germé dans la tête de Damiens, bâtard de Ravaillac (5).

Le 1 octobre 1759, Voltaire s'adressait à Joly de Fleury, dans une lettre au comte d'Argental, et disait : « Quelle fureur avez-vous d'être un petit Anitus? On se moque de vous, et de vos discours, et de vos dénonciations. Mon Dieu, que cela est bête (6) ! »

(1) OEuvres, tom. LVIII, pag. 39.
(2) Ibid., tom. LIX (27 sept. 1760).
(3) Joly de Fleury.

(4) Tom. LX, pag. 387 (15 sept. 1762).
(5) OEuvres, tom. LVIII, pag. 110.
(6) OEuvres, tom. LVIII, pag. 188.

Et parce que Joly de Fleury avait fait brûler, la même année, une sacrilége parodie de Voltaire, le philosophe disait du faiseur de réquisitoires :

O Juges malheureux qui, dans vos sottes mains "
Tenez si pesamment la plume et la balance,
Combien vos jugements sont aveugles et vains (1)!

Mais lorsque les Parlementaires exerçaient leur faconde contre l'Eglise, contre les Ordres religieux, alors on ne jetait plus l'épigramme à Omer-Anitus. On pensait, comme l'écrivit un jour Voltaire à Mme d'Epinai, que « tout est bien pour les Jésuites, et qu'on peut leur jeter tout à la tête, jusqu'à des oranges de Portugal (2). »

Et Voltaire revenait vite aux aménités accoutumées : «Maître Joly de Fleury brâille des absurdités, les Chambres assemblées (3). » — « La main droite de Joly de Fleury a écrit un réquisitoire qui pèche contre le sens commun, d'un bout à l'autre (4). » « N'aurons-nous point l'histoire de la persécution contre les philosophes, un résumé des âneries de Maître Joly (5)? » — « Je ne pardonnerai jamais à Omer Joly de Fleury. Non, vous

(1) Tom. LVIII, pag. 213.

(2) Ibid., pag. 254 (26 nov. 1759). (3) Ibid., pag. 412 (20 mai 1760).

(4) Ibid. pag. 501.

(5) Ibid., (20 juin 1760).

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n'êtes point assez indignés de l'impertinent discours que ce pauvre homme prononça contre les philosophes au Parlement (1). Il s'agissait toujours du réquisitoire contre l'Encyclopédie. Au mois de décembre de cette même année, Voltaire y revient encore, pour dire que «< ce sera un monument de ridicule et de honte (2). » - Si monsieur l'exécuteur des hautes-œuvres de Messieurs a lu autant de livres qu'il en a brûlé, il doit être un des plus savants hommes du royaume (3). » - Avouez qu'il est plaisant de voir le Parlement donner un arrêt contre la petite-vérole (4). »

A cette époque, le Parlement avait fait brûler en dix ans plus de mandements d'évêques, nous disons d'évêques catholiques, car les appelants étaient des auteurs classiques au Palais, - qu'il n'avait fait brûler de livres impies depuis qu'il existait. Le 11 juin 1752, trois Archevêques et seize Evêques s'adressèrent au Roi pour se plaindre de l'état d'oppression dans lequel, sous prétexte de venger ses libertés, les tribunaux séculiers tenaient la malheureuse Eglise de France. Trois ans après, l'Archevêque d'Aix et dix évêques, ses suffragants, se plaignaient avec plus d'énergie. L'évêque de

(1) Volt., tom. LIX, pag. (17 sept. 1760).

(2) Ibid., pag. 192.

(3) Ibid., tom. LXI, pag. 298.

(4) Ibid., tom. LXI, pag. 73.

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