صور الصفحة
PDF
النشر الإلكتروني

Eh! mais pourquoi s'en est-elle allée pâlissant de plus en plus, même après leur chute? Mais pourquoi, en Espagne et en Italie, a-t-elle été quelque chose, en face d'eux? Mais pourquoi en Angleterre, où ils n'avaient pas à exercer leur influence, n'a-t-elle rien produit? qu'on nous dise cela. Pourquoi de nos jours, sous l'influence de l'Université, la peinture est-elle si pâle et si minaudière? Qu'on nous montre quelque croûte seulement de l'Université; qu'on nous produise ses Raphaël, si elle en a quelques-uns. Nous vous accorderons même l'architecture des Jésuites; montrez-nous l'architecture de l'Université, quelque splendide Collége qu'elle ait bâti, quelque Observatoire construit à ses frais, quelque Eglise qu'elle ait élevée. Nous savons

tention qu'il était obligé de donner aux travaux des Gobelins, et par son assiduité aux exercices de l'Académie, voulut enfin se satisfaire lui-même, en satisfaisant le P. de Vallois. Il peignit une apparition de la sainte Vierge à saint Ignace, et un saint Jérôme au désert; et fit présent de ces deux morceaux à la Maison du noviciat. Quand le P. de Vallois voulut le remercier : 11 n'en est pas besoin, mon cher Père, lui dit-il; j'ai toujours respecté et aimé votre Compagnie. Vous savez que j'y ai toujours eu d'illustres amis. La mort m'en a enlevé une partie. C'est tout ensemble à la Compagnie qui les avait produits, aux amis qui me sont restés, et à la mémoire de ceux que j'ai perdus, que j'ai voulu consacrer les dernières productions de ce génie que vous ne trouvez pas encore refroidi (1). »

(1) L'abbé Mazière de Monville, La Vie de Pierre Mignard; Amst., 1731, in-12, pag. 139.

quels oratoires, quels colléges les Jésuites ont bâlis; l'Université s'y est installée et s'y trouve assez commodément; mais qu'on nous établisse quelques règles d'architecture et de peinture d'après les maîtres de l'Université.

« Pas un homme en trois cents ans !», s'écrie avec grande pitié le même écrivain (1), pas un homme! En vain la «< mécanique des Jésuites a été active et puissante (2); » en vain, à son origine elle a « produit de toutes parts des saints, des savants, des héros, des martyrs (3),» selon M. Cousin; pas un homme dans tout cela qui ait le bonheur de sembler quelque chose à un géant comme M. Michelet. D'autres que lui, il est vrai, ont reproché à la Compagnie de Jésus de n'avoir pas produit un seul homme de génie, mais je cherche le sens et la portée de cette objection, fût-elle parfaitement juste. D'abord, je demanderai s'il est nécessaire qu'une corporation religieuse, quelle qu'elle soit, donne au monde ce rare phénomène, et s'il en est une seule qui l'ait jamais donné. Je demanderai si l'on aura le droit de proscrire un Ordre religieux, dans le cas où il n'aurait pas d'homme de génie.

Je demanderai ensuite que l'on me définisse le

(1) Michelet, des Jésuites, pag. 32.

(2) Ibid.

(3) Cousin, Défense de l'Université et de la Philosophie, p, 26.

génie, que l'on me dise où il commence, où il s'arrête; et si le génie est la perfection dans un genre, il ne me restera qu'à nommer ceux des membres de la Compagnie de Jésus qui ont porté le plus loin la perfection de ce genre même. D'ailleurs, le génie, espèce de sublime folie, se paie souvent au prix de tant de misères et de faiblesses, que je ne sais jusqu'à quel point on doit le souhaiter à une Société religieuse, à moins qu'il ne lui vienne affranchi des infirmités qu'on lui a vues trop souvent. L'illustre M. de la Mennais, je crois, est du nombre de ceux qui ont mis en avant l'objection renouvelée par les auteurs du livre des Jésuites; eh! bien, quel est l'homme, je ne dis pas chez les Jésuites, mais dans les rangs des chrétiens, qui voulût être parti des éloquentes pages de l'Essai sur l'Indifférence pour arriver au livre des Amschaspands et Darvands, ou aux commentaires sur les Evangiles?

Que la Compagnie de Jésus ait produit ou n'ait pas produit d'homme de génie, je ne m'en inquiéterai donc point il reste assez de nobles titres au-dessous de celui-là, pour bien mériter de Dieu et du monde.

Puisque nous en sommes à combattre des fantômes de ce genre, il faut bien dire que des écrivains qui protestent de leur vif attachement à la sainte cause de l'Eglise, ont quelquefois adressé aux Jésuites des reproches qu'on s'attendrait plutôt à rencontrer dans les

livres des ennemis du catholicisme, tant les meilleurs esprits se peuvent aisément laisser prendre aux préjugés vulgaires. Un publiciste distingué a dit que les Jésuites auxquels il accorde d'avoir eu des savants estimables (rien que cela), « ne surent pas prévenir, par la fondation d'une vaste philosophie catholique, l'influence à peu près universelle que Descartes allait conquérir pour long-temps....., et qu'ils ne purent empêcher le cartésianisme et le scepticisme de se partager l'empire des intelligences (1). » Ce blâme, s'il pouvait retomber sur la Compagnie de Jésus, atteindrait de même l'Eglise tout entière, car elle n'a pas plus que les Jésuites empêché les fatales divisions que l'on vient de signaler. D'autre part, l'auteur sait-il bien ce qu'il entend par cette vaste philosophie catholique, qui certainement reste encore à fonder? Le catholicisme, ainsi que quelqu'un l'a fort bien exposé dans nos Prélimi naires (2), n'est-il pas la plus haute et la plus vaste philosophie, et, en se bornant même à cultiver cet immortel héritage, ne se trouve-t-on pas avoir une phi losophie au-dessus de toutes les stériles et variables philosophies auxquelles l'esprit humain se prend successivement?

(1) I.. de Carné, Vues sur l'Histoire contemporaine, ou Essai sur l'Histoire de la Restauration, tom. II, pag. 109, 2o édit. (2) Pag. lxxxviij-lxxxix.

CHAPITRE XVI.

LES PARLEMENTS.

[ocr errors]

Mission des Parlements. Inconséquence de leurs accusations contre les Jésuites.Les Parlements ligueurs et frondeurs. — Arrêts de déchéance contre Charles VII et Henri 1V.-Mot de Louis XIII au Parlement de Paris. — La Fronde; proscription de Mazarin, vente de sa bibliothèque par arrêt du ParArrêts en faveur lement. Arrêts contre l'imprimerie, l'inoculation, etc.d'Aristote; et contre J.-J. Rousseau. Suppression de la Bulle de Canonisation de saint Vincent de Paul. - Diverses condamnations. —Le philosophe Vanini. - Jugements des philosophes sur le Parlement. - Damilaville, d'Alembert et Voltaire.

Si un magistrat prenait le soin pénible et long de ráconter en un volume portatif tous les crimes, toutes les infamies, toutes les horreurs dont se sont rendus cou

« السابقةمتابعة »