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La maison du Gesù, si chère à tant de pélerins qui ont pu y suivre les exercices du culte catholique, et où le docte et vénérable Historien d'Innocent III, après avoir abjuré l'hérésie, s'asseyait naguère, pour la première fois, à la table sainte, est dirigée aussi par quelques-uns de ces graves Religieux dont on va chercher les conseils et admirer la douce piété. Lorsque le choléra vint fondre sur Rome, les disciples de saint Ignace déployèrent un zèle et une ardeur qui leur valurent de profondes sympathies dans la population tout entière. C'est l'époque où il leur a été le plus abondamment donné de montrer ce que leur ame contient de charité et de courage.

Nous ne terminerons pas ce chapitre sans faire mention des principales reliques dont se trouvent enrichies plusieurs vieilles chambres des étages supérieurs annexées à la partie moderne de l'édifice. Si nous entrons dans ces détails, c'est que, avant nous, on n'a pas, que nous sachions, pris note de ces touchants souvenirs.

Une première chambre, où couchait et où mourut saint Ignace, reçut saint Charles Borromée, qui y vint dire sa seconde messe. On y voit le portrait de l'illustre

pendant la révolution, et ne fut sauvée que par la fermeté du général Cervoni, ancien élève des Jésuites, qui ordonna de passer par les armes quiconque essaierait de soustraire un seul livre.

archevêque et celui de saint Philippe Néri, qui lui fut uni d'amitié; le masque (la maschera) de saint François de Borgia et un morceau de sa soutane; une petite image de la Vierge, image contemporaine de saint Ignace; une lettre autographe de saint Vincent de Paul, adressée à M. de Horgny, supérieur des prêtres de la Mission de Rome, et datée de Paris, 19 novembre 1644, puis relative à des embarras d'argent; une lettre également autographe de saint François de Sales, en date du 30 janvier 1607, adressée au cardinal Aldobrandini, et commençant par ces mots : Devo supplicare; une lettre de saint Ignace, en espagnol; des fragments et aspirations de saint Liguori; les vœux formés et signés par Salmeron, Laynez, Bobadilla, Brouet, et Le Jay, au mois d'avril 1539, avant l'approbation de la Société; les vœux de Jean Berchmans, signés de son sang (année 1620); l'anneau du cardinal Odescalchi, avec ces quelques mots sur la boîte qui contient ce souvenir: Ignatio Patri sanctissimo Carolus Odescalchius in Societatem coaptatus, annulum abdicati cardinalatus, insigne idem el pignus religionis et obsequii sui sacravit, voti compos.

Une seconde chambre, celle du frère Jean-Paul, qui assistait saint Ignace, présente un billet écrit de la main de saint Charles Borromée, un vêtement complet du cardinal Bellarmin, une image de saint Ignace en soldat.

Une troisième chambre renferme le parasol de saint François-Xavier visitant le roi de Bungo en vue de la

flotte portugaise.

Une quatrième chambre, où saint Ignace écrivit ses Constitutions, et où le P. Laynez, deuxième Général de la Compagnie, rendit le dernier soupir, présente une lettre latine de saint François Régis (1er avril 1640), puis dans un antique buffet, le masque de saint Ignace, en grandeur naturelle (5 pieds, 1 pouce), avec sa soutane, l'aube et la chasuble qu'il avait à sa

mort.

D'autres pourront n'attacher aucun prix à ces diverses reliques, sourire même de ceux qui ont la simplicité de s'y arrêter et de les énumérer ainsi; quant à nous, ces humbles chambres contemporaines des illustres Saints dont elles ont senti les pas, dont elles ont reçu le souffle, ou dont elles gardent de si précieux restes, nous ont causé une émotion et laissé un souvenir qui ne s'effacera pas de notre esprit.

CHAPITRE XIV.

PRUSSE, ALLEMAGNE, POLOGNE.

Frédéric et les éloges outrés que lui décernent les philosophes — d'Alembert l'engage à supprimer les Jésuites dans ses Etats. En voyant les tendances politiques des Encyclopédistes, Frédéric, d'abord leur partisan, veut garder les Jésuites comme contre-poids aux doctrines antisociales. Correspondance de d'Alembert et de Frédéric, au sujet des Jésuites. - Dépêche de Frédéric l'abbé Colombini, son agent à Rome. - Lettre circulaire du même aux Chefs de justice, Chapitres et Officiaux, etc., pour le maintien des Jésuites. - Déclaration de Frédéric sur le Bref de Clément XIV. - Nouvelles instances de d'Alembert auprès du roi de Prusse et de Voltaire. - Lettres du Roi aux Evêques, pour le statu quo, à propos des Jésuites. - Sécularisation de la Compagnie. Après avoir défendu les Jésuites, Marie-Thérèse d'Autriche cède aux importunités de son fils. -Bruxelles, et diverses mesures qu'on y prend, ainsi qu'en Allemagne.-Plusieurs Archevêques conservent les Jésuites. La province anglaise de la Compagnie.-Maestricht.-Comment les Jésuites purent très-bien, malgré le Bref de Clément XIV, accéder au vœu

des Souverains qui désiraient les conserver. - Sensation que le Bref produit en Pologne. Embarras et plans d'étude. — Discours de l'abbé Szyzkowski au collège de Varsovie, avant la suppression. Le P. Kanawski.

Pendant que les rois catholiques, saisis d'un inexpli cable vertige, sacrifiaient aux philosophes et aux Jansénistes vingt-deux mille Religieux, què d'autres rois, leurs ancêtres, avaient comblés de priviléges, c'étaient un prince hérétique et une impératrice schismatiqué qui protestaient contre cette fureur d'extinction et qui se chargeaient de réhabiliter des prêtres de l'Eglise romaine.

Le parti philosophique avait trouvé dans le roi de Prusse un homme qui s'éprenait des nouvelles théories, et s'enivrait des louanges que les sophistes lui adressaient en retour de sa puissante protection. Ils avaient belle carrière pour le panégyrique, car la gloire militaire de Frédéric II éclatait sur toute l'Europe. Comme il joignait à son habileté guerrière l'étude des lettres et même de la poésie, on en fit un sage, le Salomon du Nord. Les philosophes français n'y mettaient nulle pudeur. « Le nom seul de Sa Majesté, selon d'Alembert, équivalait à tous ceux du Lycée et du Portique, et valait beaucoup mieux que tous ceux du calendrier (1). » Frédéric était «un prince tolérant par indif

(1) D'Alembert à Frédéric (sept. 1764), tom. XVII, pag. 12.

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