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des recherches exactes, tout peser avec maturité et délibérer avec sagesse (1); » c'est un ennemi qui en fait la remarque. D'où il suit que, s'il y avait eu, dans le rapport des ministres, quelque chose de bien et dûment arrêté, le Pape n'aurait pas eu tant de recherches à faire; et que, s'il avait très-volontiers et de son propre mouvement prononcé sa sentence, il n'eût pas mis tant de temps, ni éprouvé tant de répugnance à se prononcer. Du reste, il déclare « qu'il chérit paternellement dans le Seigneur chaque membre de la Compagnie (2); » puis il se rejette sur la volonté des princes, sur l'autorité dont ils disposaient (3), et par lesquelles déjà ils avaient lassé la courageuse résistance de son prédécesseur. Mais qu'est-il besoin d'in. sister davantage pour montrer que Clément XIV eut la main forcée, et ne céda qu'en vue de la paix, ne recula que devant l'appréhension de la tempête dont il voyait la Chrétienté menacée ? Les négociations d'une orgueilleuse diplomatie n'en ont-elles pas assez dit?

« Le Bref Dominus ac Redemptor, dit l'historien protestant Schoell, ne condamnait ni la doctrine, ni les mœurs, ni la discipline des Jésuites; les plaintes des

(1) Quinet, des Jésuites, pag. 152.

(2) Singulares personas ejusdem Societatis paterne in Domino diligimus ; $ 27.

(3) $ 24.

Cours contre l'Ordre sont les seuls motifs de sa suppression qui soient allégués, et le Pape la justifie par des exemples précédents d'Ordres supprimés pour se conformer aux exigences de l'opinion publique.... Toutes ces suppressions, comme Clément XIV le fait observer, ont été prononcées, non point par jugement, mais par simple motif de prudence (1). »

De cette façon, le Pape sauva tout à la fois l'honneur des victimes et l'honneur de l'Eglise, qui n'aurait pu, sans une criminelle erreur, comme l'avait dit hautement Clément XIII (2), approuver pendant deux cents ans une Société composée de principes et d'éléments pervers.

Le Bref de Clément XIV se compose de deux parties, les considérants et la sentence. La première développe ce syllogisme : le vicaire de Jésus-Christ doit maintenir la paix dans l'Eglise; or, l'existence des Jésuites est un obstacle à cette paix; donc il faut les supprimer.

Tout l'embarras se trouve dans le développement des motifs qui devaient prouver que la Compagnie de Jésus compromettait la tranquillité des royaumes catholiques. Le Pontife affirme que toujours on avait

(1) Cours d'Histoire, etc., tom. XVIV, pag. 83.

(2) Dans la Constitution de 1764, par laquelle il approuvait de nouveau l'Institut des Jésuites.

étrangement crié contre elle, et c'est un fait incontestable; - que les choses en étaient venues au point que • ceux même dont on célèbre partout comme un droit héréditaire l'antique piété et la libéralité envers la Compagnie de Jésus, savoir, nos très-chers ils en Jésus-Christ les rois de France, d'Espagne, de Portugal et des Deux Siciles, ont été contraints d'expulser ses membres de leurs royaumes (1), » et c'est encore un fait dont nous avons constaté la vérité. Mais ce tumulte, ce désordre doit-il être attribué aux Jésuites ou à ceux qui crièrent contre eux? aux enfants et disciples de saint Ignace, aux successeurs de Borgia, de François Régis, de Louis de Gonzague, de Stanislas et de plusieurs autres dont l'Eglise vénère la mémoire, ou bien aux disciples de Jansénius, aux élèves de Port-Royal, aux philosophes soulevés par Voltaire? Le roi très-chrétien avait été forcé de chasser de France les Jésuites, pour faire cesser les cris; mais étaient-ce les cris de sa conscience ou ceux d'une impure favorite? Voilà ce qu'il aurait fallu définir, et sur quoi le Bref garde le silence.

Tout juge qui prononce un arrêt affirme deux choses, l'existence du crime et la convenance de la peine. Clément XIV décide la seconde et ne dit rien sur la pre

(1) Bullarii romani Continuatio, tom. IV, pag. 613, col. 2, § 23, (Romæ, 1841.)

mière. Mais se contenter de rapporter des auccusations, et ne pas ajouter qu'elles sont vraies, n'est-ce pas garder le silence sur la culpabilité? Or, c'est ce qu'a fait le Pontife. La peine qu'il inflige n'est donc pas un châtiment, c'est un sacrifice fait à l'espoir de la paix; sa sentence n'est donc pas exigée par la justice, c'est une mesure administrative conseillée par l'embarras du moment. Il le dit lui-même : « Nos prédécesseurs..., négligeant les formalités pénibles et embarrassantes qui sont d'usage dans les tribunaux judiciaires, ne consultant que les lois de la prudence, ont exécuté ces opérations en vertu de la puissance qu'ils ont reçue comme vicaires de Jésus-Christ sur la terre, et comme suprêmes modérateurs de la République chrétienne, sans donner aux Ordres réguliers, destinés à la suppression, la faculté de suivre les voies de droit, de repousser les accusations les plus graves, ou de détruire les motifs qui avaient engagé à prendre une telle résolution. Ayant donc devant les yeux ces exemples, etc. (1). »

Ganganelli fait donc un long récit de la suppression de diverses petites associations religieuses par les anciens Papes, mais il nous laisse entièrement dans l'ignorance relativement à la justice ou à l'injustice de ces différentes suppressions. Il nous informe qu'à diverses

(1) Bullarii romani Continuatio, tom. IV, pag. 610.

époques, des plaintes réitérées avaient été faites à plusieurs Papes contre les Jésuites; mais il oublie de nous dire que ces plaintes avaient toujours été rejetées, ou réfutées, et méprisées par ces mêmes Papes, dont les actes publics attestent qu'ils étaient tous, sans exception, les amis et les protecteurs de la Société.

La mesure de Clément XIV fut-elle légitime ? oui, car le Saint-Siége avait le droit de supprimer ce qu'il avait lui-même établi.

Fut-elle prudente et opportune? bien des gens ont pensé que non. Les Jésuites qui ont le plus récemment écrit sur ce sujet, s'inclinent devaut l'autorité légitime et respectent la douloureuse situation dans laquelle se trouva le vicaire de Jésus-Christ (1). Avec eux, nous plaindrons un pontife si durement éprouvé, et regretterons que cette fois le sacrifice de Jonas accordé à la fureur des flots n'ait fait qu'enhardir la tempête. Vingt ans après, l'Eglise de France vit se lever quatre-vingttreize; et le successeur presque immédiat de Clément XIV, dépouillé non plus seulement d'Avignon, de Bénévent et de Ponte-Corvo, mais de tous ses Etats, mais de sa liberté, fit revivre, pour la consolation des fidèles, l'Ordre vainement immolé à leur re pos.

(1) Le P. Cahour, des Jésuites. pag. 279 (Paris, 1844.) - Le Père Rozaven, la Vérité défendue et prouvée par les fails contre les calomnies anciennes et modernes, pag. 232.

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