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vices qu'elle avait rendus à la religion en combattant les hérétiques, en s'opposant au novateurs, en défendant les droits et les prétentions du Saint-Siége, en portant la foi chez les infidèles, en instruisant la jeunesse et le public par plusieurs ouvrages dignes d'estime, et par des prédications éloquentes, le Pape considérait que, maîtres de presque tous les colléges de la catholicité, d'un grand nombre de séminaires, d'établissements pieux et des missions les plus importantes, ce serait risquer un ébranlement général que de détruire une Compagnie si employée... Il appréhendait surtout de commencer à faire un grand mal, sans avoir le temps de procurer le bien..

Effectivement, le Pape n'avait pas tort de craindre cet ébranlement et ce grand mal; ils n'ont été que trop sensibles. Le cardinal dit encore que, « si les Jésuites se fussent humiliés, au lieu de montrer la plus grande audace et se présenter toujours l'épée à la main, Sa Sainteté ne les aurait jamais supprimés.» Après ce que nous avons dit, voilà des paroles qui ont de quoi surprendre et affliger. Où donc les Jésuites se présentèrentils l'épée à la main? quand donc montrèrent-ils la plus grande audace? En Portugal, en Espagne, en France, à Naples, ils furent proscrits avec une facilité qui étonnait leurs ennemis mêmes. Ils n'opposèrent à un sauvage ostracisme et à d'outrageants pamphlets que quel

ques écrits très-modérés dont la haine leur a fait un crime. « Les Jansénistes, leurs implacables adversaires, » comme le dit le Cardinal, ameutaient contre eux les Ministres, les Parlements, les écrivains et l'opinion; les faisaient déporter en masse, les emprisonnaient, cherchaient même à leur ôter tout asile; et cependant, ces grands défenseurs du précepte de la charité trouvaient encore qu'on n'en faisait pas assez. « Tout le monde, disait leur Gazetier, a remarqué dans la manière dont le fameux Bref d'extinction a été exécuté à Rome même, que les partisans des Jésuites étaient venus à bout de surprendre en plusieurs choses la religion du SaintPère (1). Assurément, on ne se serait pas attendu à un tel reproche, et il fallait être bien difficile pour trouver l'excès de la douceur et de la modération dans la manière dont on en usait alors, à Rome même, envers les membres de la Société (2).

D

(1) Nouvelles ecclésiastiques, 24 oct. 1774.

(2) Picot, Ami de la Religion, tom. XVII, pag. 273 et suiv.

CHAPITRE XII.

bref de suPPRESSION DONNÉ PAR CLEMENT XIV.

Différence entre la Bulle dogmatique, la Bulle disciplinaire et le Bref. — C'est par un Bref que Clément XIV supprime les Jésuites.-Il le signe le 21 juillet 1773. — Opinion de Scholl sur ce Bref. - Les considérants et la sentence.Mot de Louis XV sur le Bref. — Quel était le nombre des Religieux, de leurs Colléges et Missions, à l'époque où la Compagnie fut supprimée.

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Il y a trois sortes de rescrits papals: la Bulle dogmatique, la Bulle disciplinaire et le Bref.

Dans le Pape, il y a deux hommes : le monarque spirituel et le monarque temporel. En cette dernière qualité, les actes du Pape n'ont d'autre portée que celle d'un Souverain ordinaire. Si on le considère en

tant que Chef spirituel, ses actes sont de trois sortes : actes relatifs ou à la doctrine ou à l'organisation extérieure du corps de l'Eglise, ou aux affaires particulières, aux choses de détail, de moindre importance, comme disent de Maillane et d'Héricourt.

A ces différents actes correspondent les trois formes susdites de rescrits.

Ainsi, une Bulle dogmatique est une sentence définitive de foi; une Bulle disciplinaire n'est qu'une disposition administrative; un Bref n'est qu'une simple lettre. C'est pourquoi il y a plus de Brefs que de Bulles.

Celui qui refuse avec insistance d'obéir à une Bulle dogmatique, est regardé comme hérétique et schismatique; il sort du giron de l'Eglise. La désobéissance, lorsqu'il s'agit d'une Bulle disciplinaire ou d'un Bref, est une action mauvaise assurément, mais n'entraîne pas toujours les mêmes conséquences.

Le Pape fulmine une Bulle, et donne un Bref. Cette différence d'expression sert déjà toute seule à déterminer la différence de la chose.

Encore une fois, le Pape fulmine des Bulles dogmatiques dans des occasions et des matières absolues; des Bulles disciplinaires, pour des objets fort importants et de nature durable; mais celles-ci, eu égard aux circonstances, peuvent être révoquées à toute heure. Il donne des Brefs à chaque instant : il en fait usage pour

féliciter l'auteur d'un bon livre, d'une œuvre honorable ou même matériellement utile; pour opérer des changements provisoires dans l'administration, ou seulement pour entretenir sa correspondance affectueuse, confidentielle, paternelle et libre, avec tous les membres de sa grande famille (1).

Tel fut le Bref de Clément XIV, car ce n'était pas même une Bulle disciplinaire.

Clément XIV, en affectant de choisir la moins considérable des trois formes de rescrits, voulait sans doute que sa sentence fût plus facile à révoquer. C'est par une étrange mauvaise foi, ou, si on aime mieux, par une impardonnable ignorance, que des écrivains, ennemis des Jésuites, ont voulu élever ce Bref jusqu'à l'état de Bulle (2), afin de prouver que la Compagnie avait été dogmatiquement et absolument condamnée même par le Pape.

Ce fut le 21 juillet 1773 que Clément XIV signa le Bref d'abolition, commençant par ces mots Dominus ac Redemptor. Le Souverain Pontife déclare qu'il « avait eu besoin d'un long espace de temps, pour pouvoir faire

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(1) Des Jésuites, par un Solitaire (M. Barrier), pag. 914. -Le P. Cahour, des Jésuites, 2o part., pag. 284. — Dizionario di erudizione storico-ecclesiastico, etc., compilato da G. Moroni, aux mots BOLLA et BREVE.

(2) Voir E. Quinet, des Jésuites, passim.

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