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simple sécularisation des membres de la Société : c'était l'avis du P. d'Osma, son confesseur, et du premier ministrre, Grimaldi ; mais l'influence du comte d'Aranda fit revenir avec plus de vivacité au projet d'une extinction totale.

Le 21 novembre 1769, arrivait à Rome l'abbé Clément. Issu d'une famille parlementaire, dévoué au Jansénisme, c'est lui-même qui raconte que son voyage était concerté avec un des ministres, le sieur de l'Averdy, et avec quelques magistrats attachés à la secte. Tout le Journal de Clément témoigne du zèle qu'on mettait alors à poursuivre la destruction des Jésuites. Le conseil de Castille, y est-il dit, donna avis au roi

Charles III de ne rien terminer avec la cour de Rome, même sur la noncíature, qu'après avoir obtenu ce point essentiel (la destruction). Le 4 avril 1770, j'appris qu'à la suite de ce plan, les Cours réunies venaient de donner ordre de ne plus rien traiter à Rome, qu'elles n'eussent obtenu l'extinction des Jésuites (1). Les ministres des trois Cours reçurent l'ordre de faire au Pape des instances nouvelles plus précises pour l'extinction

(1) Journal de Correspondance et de Voyages d'Italie et d'Espagne pour la paix de l'Eglise, en 1758, 1768 et 1769; Paris, 1802, tom. III, pag. 40. Clément devint évêque constitutionnel de Seineet-Oise en 1797; il mourut à Paris, le 15 mai 1804, à l'âge de 87

ans.

pure et simple (1). M. de Bernis a reçu de nouveaux reproches de sa cour, et des ordres plus précis d'accé lérer la conclusion. (2). Il est vraisemblable, dit l'abbé Clément, que le Pape, ennemi, d'un côté, des mesures violentes, et de l'autre, résolu de procurer, durant son pontificat, la paix avec les Cours, n'a promis que par nécessité l'extinction si demandée; que cependant il n'a pas été sans espérance, en même temps, que quelque évènement pourrait survenir, et faire diversion ou modification à une demande à laquelle il ne se portait pas de lui-même (3). »

L'abbé Clément voulait donc « qu'on envoyât un solliciteur plus puissant et bien décidé, au nom de tous les princes. Un bon solliciteur ne quitterait pas prise qu'il n'eût emporté la place, si bien armé de l'autorité d'un bon plan adopté et applaudi par le concert des princes, qu'il en résultât une sorte de coaction décente et efficace auprès du Pape, soit que pareille coaction ne lui serve que de prétexte contre les objections, soit qu'elle soit nécessaire pour l'entraîner lui-même. Seraitce trop faire pour une démarche si forte que de lui accorder, s'il y consentait, l'approche de quelque régiment de Corse (4)? »

(1) Journal, etc., pag. 48.

(2) Ibid., pag. 51.

(3) Ibid., pag. 52. (4) Ibid., page 53,

L'écrivain Janséniste n'est-il pas fort plaisant avec celle coaction décente? Il rapporte quelques démarches faites par le Pape, dans le dessein d'éviter une extinction absolue, en accordant une extinction partielle et comme provisoire. Ce pontife, «naturellement porté, par caractère et par système, à faire tout le monde content,» s'était flatté d'apaiser ainsi l'Espagne et la France qui sollicitaient le plus vivement; mais la cour de France voulait une extinction absolue et universelle, et menaçait de retenir Avignon, en rendant le Comtat Venaissin. La dissolution de la Société devait être portée au comble, et même être ignominieuse (1). »

Au mois de mai 1770, les ambassadeurs de Naples, de France, d'Espagne et de Portugal eurent successivement des audiences du pape pour cet objet. L'abbé Clément prétend que, à cette époque, le pape « avait déjà promis par écrit l'extinction si désirée; mais on ne savait ni quand, ni comment elle s'exécuterait (2). Le Portugal et l'Espagne ne voulaient point recevoir le nonce sans cette condition préalable..... La reddition de Bénévent et d'Avignon ne tenait plus qu'au caractère irrévocable qu'on exigeait de cette extinction. » Plus loin, il est fait mention d'instances non moins pres

(1) Clément, Journal, etc., pag. 61.

(2) Ibid., pag. 88.

santes de l'Espagne (1); elles redoublèrent au mois. d'avril 1771. Le roi d'Espagne faisait en ce moment de si vives instances, que le pape ne paraissait plus occupé d'autre chose que de la grandeur de cet embarras, et il n'attendait que de pouvoir alléguer une coaction suffisante pour en sortir..... Le ministre de Portugal dit que, si les délais duraient encore plus long-temps, il avait ordre de préparer ses équipages pour quitter Rome (2). »

L'abbé Clément partit de Rome, à cette époque, et son Journal n'offre plus de lumière sur la suite des négociations; mais ce que nous en avons donné suffit bien pour faire juger de la vivacité et de la chaleur des sollicitations diplomatiques. On harcelait le Pape; on le menaçait, on lui gardait quelques-unes de ses possessions, on refusait de recevoir ses nonces, on ne voulait entendre à aucun accommodement, qu'il n'eût promis ce qu'on exigeait. C'est par cette sorte de coaction décente et efficace, comme le dit avec naïveté l'abbé Clément, que fut arraché le décret de suppression. D'autres témoignages viennent confirmer le sien. Les Nouvelles ecclésiastiques prouvent assez quel mouvement on se donna pour la destruction des Jésuites (3).

(1) Clément, Journal, etc., pag. 96.

(2) Ibid., pag. 38 et 99.

(3) Voir, entre autres, les feuilles du 14 mars 1769, du 28 août

Le diplomate Bourgoing, qui avait été à Rome, et qui avait vu jouer les ressorts des évènements, fait un mérite au ministre d'Espagne, Jose Moniño, depuis comte de Florida-Blanca, de son activité et de sa persévérance pour entraîner Clément XIV. Ce fut lui, dit-il, qui arracha, plutôt qu'il n'obtint (1), le bref de 1773.

D'autres écrivains s'accordent à rapporter la destruction des Jésuites à la même cause. Caraccioli, que ses liaisons avec les Jansénistes devaient mettre au courant des secrets de ce parti, déclare que « si Clément XIV n'eût consulté que son cœur, il n'y a pas de doute comme il l'a témoigné lui-même plusieurs fois, qu'il n'eût adouci leur sort, au lieu de les détruire; mais il s'était décidé par des raisons puissantes (2), » et l'auteur réduit ces raisons à l'inflexible persévérance des sollicitations de la diplomatie. Il ajoute que Charles III se déclara leur accusateur auprès du Saint-Siége, et qu'il poursuivit leur destruction avec chaleur, ce qu'il attribue à l'influence de quelques ministres puis

sants.

1771, du 24 octobre 1774, du 12 mars 1776 et du 4 décembre 1779.

(1) Mémoires historiques et philosophiques sur Pie VI et son pontifical, tom 1. pag. 7.

(2) vie de Clément XIV, 1775, in-12, pag. 174.

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