صور الصفحة
PDF
النشر الإلكتروني

rien apaisé, et voulut recourir à tous les moyens capables de réparer tant de maux. Il publia donc, le 30 janvier, un Bref qu'il savait bien ne pouvoir pénétrer en toute sûreté dans les Etats de Parme, de Plaisance et de Guastalla, mais qui fut affiché à Rome aux endroits accoutumés. Par ce Bref, le Pape condamnait un Edit promulgué, disait-il, dans son duché de Parme, par une autorité séculière illégitime. En vertu donc des saints canons, des décrets des conciles généraux et des constitutions apostoliques, principalement de la bulle in Cœna Domini, il déclarait atteint de censures les auteurs et exécuteurs de cet Edit, s'ils ne se rétractaient, et finissait par enjoindre aux évêques de Parme, de Plaisance et de Borgo San Donino, qu'ils eussent à ne pas permettre l'exécution de lois ainsi condamnées (1).

Le duc de Parme invoqua l'appui des cours Bourbonniennes, qui protestèrent de la nullité de ce Bref, parce que, disaient-elles, il n'avait pas été accepté par les couronnes de France et d'Espagne, et ne sollicitèrent que plus vivement du Pape le retrait de son Bref contre le duché de Parme, puis la suppression totale des Jésuites. Schoell retrace ainsi cette première scène d'intimida

(1) Constit. Alias ad apostolatus, etc., dans Guerra, Epit. Bullar.; tom. II, pag. 426.

tion: L'ambassadeur d'Espagne remit au Pape le mémorial des trois cours. Sans lui laisser le temps de parler, le Pape dit qu'il était résolu de ne pas agir contre sa conscience, comme il serait obligé de faire en se rétractant. « La menace d'entrer à force armée dans nos «Etats, ajouta-t-il, est inutile. Quand même nous au«rions assez de troupes pour nous y opposer, nous ne << nous en servirions pas. Père commun des fidèles, je << n'aurai jamais la guerre avec des princes chrétiens, » moins encore avec des catholiques. Mes sujets étant « étrangers à cette affaire, j'espère que les souverains

ne leur feront pas éprouver l'effet de leur méconten«tement. Que s'ils en veulent à ma personne, et que <«<leur dessein soit de m'expulser de Rome, je déclare «que, à l'exemple de mes prédécesseurs, je choisirai « l'exil plutôt que de trahir la cause de la religion et de l'Eglise. Après avoir cessé de parler; le souverain Pontife, sans permettre à l'ambassadeur d'Espagne de répliquer, ordonna qu'on ouvrît les portes, en signe que l'audience était finie (1).

[ocr errors]

Clément XIII n'avait pas été heureux du côté de Naples; il avait, en effet, ordonné à l'évêque Sanseverino de quitter la Cour, et de se retirer dans son diocèse; mais, sous prétexte que cet évêque avait eté

(1) Cours d'histoire, etc., tom, XLIV.

nommé confesseur du roi, on trouva moyen d'ôter au Pape jusqu'à cette faible satisfaction (1). En même temps, Ferdinand IV ordonna à un corps de troupes. d'envahir Ponte-Corvo, sur les confins de l'Etat ecclésiastique, et le duché de Bénévent, que l'Eglise romaine possédait depuis l'an 1052, époque à laquelle la ville fut donnée par l'empereur Henri III à Léon IX, contre le dégrèvement d'une redevance de cent marcs d'argent et d'une haquenée. Cette somme devait se payer annuellement au Souverain Pontife par la cathédrale de Bamberg, fondée par le même empereur Henri, sous le pontificat de Benoît VIII, dont il la rendit feudataire (2).

D'un autre côté, un corps de troupes françaises, avec le président du Parlement de Provence et huit conseillers, était aller tout-à-coup se saisir d'Avignon et de Carpentras, dans le Comtat Venaissin. Pourtant, ce petit Etat, où les Jésuites se trouvaient encore en possession de leurs maisons, appartenait au SaintSiége, depuis près de quatre siècles; Clément VI l'avait légitimement acquis, pour la somme de quatre-vingt mille florins, en 1348, de Jeanne I d'Anjou, reine de Naples, comtesse de Provence (3); la vente avait été

(1) Novaes, tom. XV, pag. 116.

(2) Ibid., tom. II, page 241.-tom. XV, pag. 137.

(3) Ibid., tom. IV, pag. 147.

ratifiée par le mari de Jeanne, par l'empereur Charles IV, qui affranchit ce comté de la domination de l'Empire, dont relevait la Provence, et par les rois de France eux-mêmes, qui avaient toujours reconnu la souveraineté des Papes. Louis XIV, dans ses contestations avec Rome, au temps d'Alexandre VII, s'était; il est vrai, emparé par violence du comtat Venaissin, mais, en 1688, il en fit librement restitution à ses anciens maîtres (1).

Tandis que l'Espagne et la France poussaient à l'extinction totale des Jésuites, que Naples retenait Bénévent et Ponte-Corvo, que Parme voulait une rétractation du pape même, le Portugal, courroucé de n'avoir pas encore obtenu tout ce qu'il voulait, songeait à rompre avec Rome, et trouvait dans le P. Pereira de l'Oratoire un complaisant théologien qui approuvait les plans schismatiques de la Cour. Venise prétendait réformer les communautés religieuses de son autorité propre, sans en conférer avec le Saint-Siége. La Pologne s'occupait d'amoindrir les priviléges de la nonciature, et de mettre en conséquence un frein à l'autorité papale, sans prévoir que bientôt elle devait perdre son autorité, à elle, et devenir la conquête de trois puissances usurpatrices. Dans une si déplorable situation

(1) Novaes, tum. X, pag. 149.-tom. XV, pag. 137.

d'affaires, quel immense et douloureux embarras le Souverain Pontife n'avait-il pas à éprouver!

« L'irritation des rois Bourbons devint extrême ; celle des plénipotentiaires la surpassait encore. Il s'établit même entre eux une lutte, une émulation de violence contre la cour pontificale. On trouve, avec quelque surprise, dans les dépêches du marquis d'Aubeterre le conseil de bloquer et d'affamer Rome. Cet ambassadeur écrit que, réduit à la famine, le peuple se soulèverait nécessairement et forcerait le pape à céder à l'exigence des couronnes. C'est, dit-il, le seul moyen d'obtenir l'expulsion des Jésuites.... Choiseul ne différa plus la demande impérieuse de la sécularisation des membres de la Société de Jésus; le 10 décembre 1768, l'ambassadeur l'exigea par un Mémoire présenté à Sa Sainteté ; au nom des trois monarques..... Le pape ne se remit plus d'un choc si violent. Peu de jours après, à la suite d'une fatigue excessive essuyée dans une cérémonie, il se trouva mal et mourut subitement (1). Le genre de sa mort et les conjectures où elle arriva, disent les auteurs de l'Art de vérifier les Dates, donnèrent lieu à des bruits sinistres et firent douter qu'elle fût naturelle. La joie peu décente que cet évènement causa aux persécuteurs de la Compagnie semblerait confirmer ce

(1) Saint-Priest, pag.81-82.

« السابقةمتابعة »