صور الصفحة
PDF
النشر الإلكتروني

HISTOIRE

CRITIQUE ET GÉNÉRALE

DE

LA SUPPRESSION DES JÉSUITES

AU XVII SIÈCLE,

Pur F. Z. Collembit.

TOME SECOND.

« Proposer à un l'ape de détruire cette brave milice, c'est comme si on proposait à V. M. de licencier sou régiment des gardes. »

D'ALEMERITA Frédéric

LIBRAIRIE CATHOLIQUE DE PERISSE FRÈRES

LYON,

en face de l'allée Marchande.

PARIS,

GRANDE RUE MERCIÈRE, No 33, RUE DU PETIT-BOURBON, No 18,

angle de la place St-Sulpice.

1846

HISTOIRE

DE LA SUPPRESSION

DES JÉSUITES.

CHAPITRE NEUVIÈME.

ESPAGNE.

Les Jésuites dans les Etats espagnols, après la fondation de l'Ordre. — Emeute des chapeaux.—Le ministre d'Aranda: son caractère et ses opinions religieuses. — Moniño et Campomanès. — Lettre supposée du Général des Jé• suites contre Charles III, cause du ressentiment et de la vengeance de ce prince, Les historiens protestants admettent comme vrai le fait de cette lettre; c'est le seul moyen d'expliquer la conduite du roi d'Espagne. - Edit de suppression (2 avril 1767.)-Lettre de d'Alembert sur l'Edit royal. — Etranges dispositions de cet Edit. — Déportation des Jésuites: les noms des plus distingués. —Lettre de Duclos sur la conduite du Pape.-Arrivée des Jésuites en Corse : leur séjour à Ajaccio et à San-Bonifacio.—Charité du Père Pignatelli, Générosité du capitaine Caffori et du général Paoli, — Honorables paroles et démarches de Burnaby, chapelain de la factorerie anglaise à

Livourne, en faveur des Jésuites. Inutiles réclamations du pape Clément XIII. Les Jésuites renvoyés de Corse par la cession de cette île à la France; - et reçus dans les Etats ecclésiastiques. — Rétablissement de l'Ordre en Espagne par Ferdinand VII. — Bref du pape Pie VII en leur faveur. — Révolution qui bannit de nouveau les Jésuites. — Résumé de ce chapitre.

Depuis qu'Ignace de Loyola, seigneur espagnol, avait jeté les fondements de l'Ordre, les rois d'Espagne s'étaient empressés, comme à l'envi, d'appeler les Jésuites dans leurs vastes Etats, et de les y établir avec une magnificence royale. L'Espagne, le Pérou, le Chili, le Paraguay et les îles Philippines offraient partout l'édifiant spectacle des nombreux établissements de cette Compagnie. Son zèle, ses travaux, les sueurs et le sang de ses enfants faisaient prospérer partout les fruits de leur éducation et de leur enseignement, en reculant dans toutes les contrées de l'Amérique les limites de la domination espagnole et de l'Eglise romaine.

Tel était encore, au commencement de 1767, l'état florissant de la Société de Jésus en Espagne, lorsque tout-à-coup une main puissante fit crouler ce superbe édifice. Jamais motif plus léger n'amena un résultat plus décisif. Le nom donné par l'histoire à cet évènement, démontre toute la frivolité de la cause qui le détermina on le nomme l'Emeute des Chapeaux (1).

:

(1) Suivant M. Crétineau-Joly, qui s'appuie sur le témoiguage du

Il se portait à Madrid de grands chapeaux à longues ailes, pareils à celui que Beaumarchais donne à Basile, dans la pièce de Figaro. Poussé par on ne sait quelle ardeur de réforme, Charles Ill voulut les supprimer. Le ministre Squillace prohiba les grands chapeaux. Squillace était napolitain; on refuse d'obéir. Il se voit assiégé dans sa maison, qui s'écroule sous mille bras, et il n'échappe à la mort que par la fuite. En vain les gardes wallones marchent contre le peuple, en vain le roi lui-même harangue les séditieux, du haut d'un balcon; ni la force armée, ni la majesté royale n'apaisent le tumulte. Les Jésuites seuls y réussirent avec tant de facilité qu'on les accusa d'avoir fomenté l'émeute. Le peuple s'était retiré en criant: Vivent les Jésuites (1)! D'Aranda, imprégné du venin des doctrines modernes (2), ne dut pas médiocrement

protestant Christophe de Murr, le duc d'Albe fut un des instigateurs de cette émeute, et la fomenta en haine des Jésuites, pour la leur faire imputer. Hist. de la Compagnie de Jésus, tom. V, pag. 288. (1) Schall, Cours d'Histoire des Etats européens, tom. XXXIX, pag. 162.

(2) Saint-Priest, Histoire de la Chute des Jésuites, page 56. — En 1785, un Français lui décernait des louanges d'une telle nature, qu'elles suffiraient à nous montrer quel adversaire l'Eglise trouva dans ce ministre, si sa brutale conduite envers un Ordre religieux ne nous la faisait assez connaître. Le comte d'Aranda, écrivait donc un voyageur, est le seul homme peut-être de qui la monarchie espagnole puisse s'enorgueillir à présent. C'est le seul Espagnol de nos jours que la postérité puisse écrire sur ses tablettes. C'est lui

« السابقةمتابعة »