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son exil. Il demeura alors à Rome, et voulut encore, malgré son grand âge, revoir sa patrie, en 1815 (1). Il mourut à Valence, le 11 avril 1817.

Charles de La Serna Santander est fort connu de ceux qui s'occupent d'un genre d'études aujourd'hui fort aimé et fort étendu, la bibliographie. Il était né en 1751, entra dans la Société en 1766, et était par conséquent novice au moment de l'expulsion des Jésuites. Il passa d'Espagne à Bruxelles, où il fut mis à la tête de la Bibliothèque royale. Lui-même se forma une bibliothèque très riche en livres rares et en manuscrits. On a de lui un Dictionnaire bibliographique choisi du xve siècle; Bruxelles, 1805, 3 volumes in-8°, et des Mé moires sur la même matière. La Serna préparait d'autres travaux, lorsqu'il mourut en 1814 (2).

L'Espagne avait encore des érudits comme le P. Logomarsini, honoré de l'amitié de Benoît XIV; des théologiens et des philosophes, comme les PP. Mourin et Iturriaga; les orateurs comme les PP. de Calatayud et Isla (3); des mathématiciens comme les PP. Quiroga, Ludeña et Alegre; des physiciens, comme le P. Zacca

(1) Caballero, Supplem. all., pag. 66.

(2) Caballero, pag. 257.

(3) Auteur du roman de Fray Gerundio, contre les mauvais prédicateurs.

gnini, élève de notre abbé Nollet; des numismates comme le P. Requeño.

Le Portugal avait dans les lettres le P. Azevedo; dans l'histoire, le P. Novaes; dans les mathématiques et la philosophie, les PP. Cabral et Monteiro.

L'Allemagne avait des numismates, comme le P. Eckel, et des astronomes dont nous dirons tout à l'heure les noms et les travaux. C'est un Jésuite, le P. Kohler, si connu de tous les habitants de la Silésie, qui a eu la gloire d'être le premier à introduire dans cette province l'étude solide des langues orientales, avant que l'Université protestante de Francfort fût réunie à la ci-devant académie catholique de Breslau (1811). Koehler a rendu à l'instruction publique en Silésie des services que reconnaissent également les catholiques et les protestants. Le gouvernement le plaça plus tard à la tête du Collège catholique de Breslau, ancienne propriété des Jésuites, et maintenant ouvert indistinctement aux chrétiens de toutes les communions; on lui accorda en même-temps la chaire de langue orientale et d'exégèse biblique à la faculté de théologie catholique de l'Université mi-partie. Un autre Silésien, providentiellement amené au catholicisme, et qui vit aujourd'hui dans la religieuse enceinte où respirèrent saint Philippe Neri et le cardinal Baronius, s'est plu à rappeler l'impression que produisait sur son ame le P.

Koehler, quand ce bon vieillard exprimait, avec une aimable simplicité, le pieux désir de mourir revêtu de l'habit de son Ordre (1).

La Hongrie avait des historiens, comme le P. Katona, qui écrivit les Annales de sa patrie. La Pologne avait des poètes comme le P. Nagurczewski, traducteur de Virgile; des latinistes, comme le P. Naruszewicz, qui faisait passer dans sa langue les écrits de Tacite, avec les doctes suppléments du P. G. Brotier (2).

Nous ne pouvons rappeler que quelques noms pris à la hâte dans ce vaste champ de la science; mais on voit que rien n'était resté étranger à la Société de Jésus, qu'elle avait dans tous les genres, et par tout pays des hommes d'un mérite éminent. Jetés sur la terre d'exil, dispersés çà et là, arrachés à leurs travaux, ils n'en continuèrent pas moins à se rendre utiles et à honorer le Corps auquel ils se faisaient gloire d'appartenir. Nos érudits, lorsqu'ils meurent, sont prônés par les journaux et les académies; mais les Jésuites, qui donc a pris la peine de conserver leur mémoire et de rechercher leurs noms pour les entourer de quelque faible louange (3)? Un d'entre eux, exilé comme ceux dont

(1) Augustin Theiner, Histoire des Institutions d'éducation re ligieuse, tom. I, pag. 50-51, trad. de Cohen.

(2) Caballero, Supplem.

(3) Ce que nous disons des derniers disparus peut s'appliquer à

il racontait la vie et les travaux, a réuni quelques noms dans un volume écrit en latin et peu connu. Voilà tout leur trophée. Et aujourd'hui, ceux qui ne veulent pas se souvenir d'eux, ni rendre à la tombe la justice qui lui est due, se haussent de cent coudées pour leur reprocher leur petitesse et leur stérilité, se gardant de songer que ce bruit d'un jour s'éteindra bien vite dans la mort; que vus à la distance des siècles, les géants du jour ne seront souvent plus que des pygmées, et que la faveur populaire du moment est impuissante à sauver de l'oubli et de l'océan muet qui s'avance sur nous. S'il fallait juger du bruit que l'homme fera dans la postérité, par celui que son orgueil et son esprit remuant savent si bien faire en ce monde, il y aurait, en vérité, beaucoup trop de grands citoyens et de gens illustres.

En parcourant la Préface de l'Astronomie de La Lande et sa Bibliographie astronomique, on peut voir à quel point les Jésuites poussèrent l'amour de la science, et combien d'hommes éminents ils comptèrent partout dans leur Société. Ce fut à l'astronomie que la religion

bien d'autres, dans une certaine mesure. Qui donc s'occupe du Père de Billy? Pourtant, c'est un grand géomètre qui aida le fils de Fermat à publier les notes posthumes du savant mathématicien sur le grec Diophante, élitées à Toulouse, en 1670 Camusat, Histoire critique des Journaux, tom. I, pag. 196.

dut son entrée en Chine (1). Les PP. Souciet, Gaubil, Jacques, Kegler, Slaviseck, Gerbillon, Bouvet, Visdeloup, Lecomte', Thomas, Tachard, Clayn, d'Aleni, Ureman, Spinola, Bressani, Ruggi, Leonissa, Fontaney, Verbiest, Gouye, Noel, Ricci, Benoit, Hallerstein, et beaucoup d'autres se sont distingués par leurs travaux sur l'astronomie en Chine, malgré les devoirs d'un genre bien différent auxquels ces nobles missionnaires étaient liés.

Dans presque toute l'Europe, les Jésuites avaient élevé à leurs frais des Observatoires qu'ils confiaient à des Religieux zélés et habiles, autant que modestes. Ainsi, à Milan, ce fut le P. Pallavicini, alors Recteur du Collége de Brera, qui fit construire, en 1765, l'Observatoire le plus remarquable et le plus utile que l'Italie eût encore aux dernières années du XVIIIe siècle (2). Le P. Boscovich, si connu par son beau poëme latin des Eclipses, et surtout par la mesure du degré en Italie (3), avait contribué à la dépense. Les Jésuites dirigeaient à Rome un Observatoire, où le savant P. de Vico poursuit aujourd'hui les doctes études du P. Boscovich, du P. Asclepi, et de leur illustre devancier,

(1) Le P. Gaubil, Observations astronomiques, tom. II, pag. xvj et 117. La Lande, Préface de l'Astronomie, pag. xxvj.

(2) La Lande, Préface de l'Astronomie, pag. xlvj. (3) Id., Bibliographie astronomique, pag. 671.

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