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aux saints de la Compagnie les honneurs que l'Eglise leur a décernés, et maintenait tous les exercices que la dévotion des Fidèles a consacrés à saint Ignace et à saint François-Xavier. En conséquence, le Cardinal Marc-Antoine Colonna aurait sous sa direction nonseulement le Séminaire épiscopal et tous ceux qui, à quelque titre que ce fût, demeureraient au collége romain, mais encore l'église de saint Ignace et les offices que l'on y célébrait, ainsi que l'oratoire de saint. François dit Caravila, et toute les œuvres pieuses qui avaient coutume de s'y faire, ou qui dépendaient de cet oratoire, de quelque manière que ce fût (1).

La pension à assigner aux individus ne devait être réglée que lorsqu'on aurait dressé la balance de l'état canonique des revenus et charges des colléges. La Congrégation particulière que le Pape avait nommée, dès le 13 août 1773, procédait avec pleine juridiction sur tous les biens, meubles et immeubles de la Société, en quelque manière qu'ils lui appartinssent. Les Cardinaux qui la composaient firent publier et afficher, le 26 du même mois, un édit qui défendait à qui que ce fût dans l'Etat ecclésiastique, de former ou faire valoir aucune prétention sur les biens des Jésuites, sans en avoir prévenu la Congrégation, seul tribunal compétent

(t) Journal historique et littéraire, tom. CXXXIX, pag. 368.

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pour en connaître. On menaçait de l'excommunication ipso facto et d'autres peines arbitraires et très-graves quiconque aurait distrait, soustrait, recélé quelquesuns des effets appartenant aux Jésuites; on comprenait dans la même menace tout individu qui aurait eu connaissance de soustractions de ce genre et ne les aurait pas, dans l'espace de huit jours, dénoncées au cardinal Albani, assesseur du tribunal (1).

Sa Sainteté augmenta de vingt scudi la pension anBuelle des membres de la Compagnie, leur fit distribuer à tous un habit d'hiver complet, et leur annonça qu'ils pouvaient rentrer dans la Maison Professe du Gesù, où ils seraient logés et nourris au réfectoire, aux dépens de la Chambre apostolique, mais sans qu'ils pussent élire de Supérieur.

Au commencement de 1774, il en était entré dans cette Maison cent trente au moins, qui y menaient, sous l'habit de prêtre séculier, un genre de vie pareil à celui qu'ils avaient mené avant leur sécularisation. Les clefs de la bibliothèque du Collége romain furent remises au P. Lazeri; qui avait été nommé gardien de cet établissement (2). Le P. Lazeri était alors dans sa 64° année; Rome comptait peu d'hommes aussi sa

(1) Journal historique et littéraire, tom. CXXXVIII, pag. 290. (2) Ibid., tom. CXXXIX, pag. 136.

vants que lui; il possédait admirablement le latin, le grec, l'hébreu, et joignait à cela de rares connaissances en mathématiques, au jugement même d'un écrivain fort compétent, le P. Boscovich. Mais l'érudition du P. Lazeri s'était portée surtout vers l'antiquité sacrée, ce qui l'avait rendu cher à Benoît XIV. L'illustre pontife sut rendre justice à l'habileté du P. Lazeri, et Clément XIII, en 1766, avait pensé à lui conférer le cardinalat; mais les malheurs d'es temps s'y opposèrent. Lazeri fut quelque temps à la tête de la bibliothèque du Collége romain, et y enseigna trente ans l'histoire ecclésiastique. Il passa la fin de sa vie dans le palais du cardinal Zelada ; ce fut là qu'il termina saintement, au mois de mars 1789, une carrière remplie de vertus, et occupée à de nombreux travaux scientifiques, qu'un autre Religieux de la Compagnie a pris soin de nous faire connaître (1).

<< Clément XIV, dont la santé, suivant la remarque de plusieurs écrivains, commença à dépérir depuis la signature du Bref, mourut le 22 septembre 1774, âgé d'environ soixante-neuf ans. Après l'ouverture de son corps, laquelle se fit devant un grand nombre de curieux, les médecins déclarèrent que la maladie à laquelle il avait succombé provenait de dispositions scorbutiques

(1) Caballero, Biblioth. script. Soc. Jesu Suppl.., pag. 176.

et hémorroïdales, dont il était affecté depuis longues années, et qui étaient devenues mortelles par un travail excessif et par la coutume qu'il avait prise de provoquer artificiellement des sueurs fortes, même dans les grandes chaleurs. Cependant, les personnes formant ce qu'on appelait le parti espagnol, répandirent un tas de fables pour faire croire qu'il avait été empoisonné avec de l'eau de tofana, production imaginaire, dont beaucoup d'ignorants ont parlé et que personne n'a jamais vue ni connue. On fit circuler une quantité de pamphlets qui accusaient les Jésuites d'être les auteurs d'un crime dont l'existence ne repose sur aucun fait que l'on puisse admettre (1). »

Voilà en quels termes un historien protestant raconte la mort de Clément XIV. Sous le coup de l'évènement, il y eut des gens qui essayèrent de donner consistance à une grossière calomnie, et nous trouvons parmi eux

(1) Schall, Cours d'Histoire, etc., tom. XLIV, pag. 83.- Le catafalque dressé dans l'église de Saint-Pierre était d'une rare magnificence. On avait mis autour huit inscriptions relatives aux principaux évènements du pontificat de Clément XIV; il n'y en avait aucune qui concernât la suppression des Jésuites. Le cardinal de Bernis ayant observé sur un médaillon une peinture qui représentait la restitution d'Avignon d'une manière peu convenable pour la diguité du Roi de France, la fit effacer. On y voyait le Pape assis sur un trône, recevant les clefs d'Avignon des mains de Louis XV, qui était à genoux, couvert de son manteau royal et la couronne sur la tête. Journal historique et littéraire, nov. 1774, pag. 616.

le philosophe d'Alembert. Chose singulière ! c'était un roi schismatique, le roi de Prusse, qui se chargeait de le mettre à la raison sur ce point. Rien de plus faux, lui écrivait-il, que le bruit qui a couru de l'empoisonnement du Pape; il s'est fort chagriné de ce que, en annonçant aux cardinaux la restitution d'Avignon, personne ne l'en a félicité, et de ce qu'une nouvelle aussi avantageuse au Saint-Siége a été reçue avec autant de froideur. Une petite fille a prophétisé qu'on l'empoisonnerait tel jour; mais croyez-vous cette petite fille inspirée ? Le Pape n'est point mort en conséquence de cette prophétie, mais d'un desséchement total des sucs; il a été ouvert, et on n'a pas trouvé le moindre indice de poison, mais il s'est souvent reproché la faiblesse qu'il a eue de sacrifier un Ordre tel que celui des Jésuites à la fantaisie de ses enfants rebelles. Il a été d'une humeur chagrine et brusque les derniers temps de sa vie, ce qui, avec les débauches qu'il a faites (1), a contribué à raccourcir ses jours. Voilà la Société justifiée, et ce qui en reste n'aura besoin ni d'arsenal pour le coutelet, ni de pharmacie pour les potions expéditives (2). >>>

(1) On voit que Frédéric båtit une calomnie sur les ruines d'une autre calomnie. Nous n'avons jamais vu que Clément XIV, un Pontife vertueux, comme s'exprime M. de Saint-Priest (pag. 176), ait été noirci du côté des mœurs.

(2) Le roi de Prusse à d'Alembert (15 nov. 1774) Œuvres de d'A

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