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butte, puis la considère au point de vue de l'enseignement. « Appelés, dès leur origine, dit-il, à l'éducation des principales familles de l'Etat, ils étendaient leurs soins jusque sur les classes inférieures; ils les entretenaient dans l'heureuse habitude des vertus religieuses et morales. Tel était surtout l'utile objet de ces nombreuses Congrégations qu'ils avaient créées dans toutes les villes, et qu'ils avaient eu l'habileté de lier à toutes les professions et à toutes les institutions sociales....

« Familiarisés avec tous les genres de connaissances, les Jésuites s'en servirent avec avantage pour conquérir cette considération toujours attachée à la supériorité des lumières et des talents. La confiance de tous les gouvernements catholiques et les succès de leur méthode firent passer presque exclusivement en leurs mains le dépôt de l'instruction publique.... La destruction des Jésuites a porté le coup le plus funeste à l'éducation publique dans toute l'Europe catholique; aveu remarquable qui se trouve aujourd'hui dans la bouche de leurs ennemis, comme dans celle de leurs amis (1). .

Lorsqu'on a, sur l'excellence de l'enseignement des Jésuites, tant d'aveux remarquables et venus de divers siècles, de divers pays, on peut laisser M. Cousin sourire ou frémir tout à son aise. Ni le sourire du philosophe universitaire, ni sa pieuse horripilation ne sauraient effacer cet éclatant concert d'éloges et de regrets.

L'abbé Vincent Gioberti, piémontais, réfugié à Bruxelles, voulut placer sous le patronage d'un beau génie et d'un homme d'une rare probité, son livre del Primato

(1) Histoire de Fénelon, tom, I, pag. 16-19, édit. de Lebel.

morale e civile degl' Italiani. Silvio Pellico répudia cette dédicace, en publiant, le 16 juillet 1845, la déclaration suivante :

<< Ami de Vincent Gioberti, écrivait l'auteur de le Mie Prigoni, et profondément attaché à François Pellico, jésuite, mon frère, j'ai lu dans l'avertissement du Primato morale e civile degl' Italiani, une manifestation violente de colère contre les Jésuites. Si je me taisais, non-seulement je manquerais à l'amitié qui m'unit à mon frère, mais je laisserais supposer que j'adhère aux préventions de Gioberti sur la Compagnie à laquelle mon frère appartient. Je ne suis pas éloquent, et j'ai peu de foi dans l'effet des apologies; je me borne à déclarer ce qui suit :

Je ne partage pas les opinions de Gioberti sur les Jésuites. Il a cru les peindre avec vérité, il n'en a fait qu'un odieux tableau. Pour le tempérer, il dit, il répète qu'il y a des exceptions honorables à faire; mais tel est le blâme qu'il répand sur la Compagnie entière, que même les individus à excepter auraient, à son avis, le tort de s'être voués à servir une Société devenue malfaisante.

« Sur ce point, je déclare que, ayant une connaissance intime de mon frère et de quantité de ses collègues, je sais que ce ne sont point de faibles esprits, entraînés dans l'illusion, mais des hommes forts de discernement et de vertu.

« Comme j'estime les Jésuites, les autres Religieux et en général le Sacerdoce, quelques-uns ont porté contre moi une accusation qui est bien vulgaire aujourd'hui, en disant que je suis ce qu'ils appellent un affi

lié du Jésuitisme, un instrument de cette prétendue secte artificieuse. Je suis seulement un homme d'étude et de réflexion, qui a lu et examiné, qui n'a pas la faiblesse de se rendre le serviteur des opinions véhémentes, qui sourit des lettres anonymes et d'autres bassesses semblables par lesquelles quelques-uns ont eu la simplicité de vouloir m'apprendre à penser. Je pense et je me conduis selon ma conscience; je ne m'asservis à d'autre lien qu'à celui de ne vouloir haïr personne et d'être catholique, apostolique et romain.

« SILVIO PELLICO. »

Vers la même époque, O'Connel disait, dans une assemblée publique, qu'il a eu quatre fils, qu'ils ont été élevés tous quatre par les Jésuites, et que, en eût-il eu vingt-quatre, il les aurait confiés à ces nobles maîtres.

O'Connel disait encore, dans une discussion sur les affaires religieuses à la Chambre des Communes : • Quant aux Jésuites, si l'on consulte l'histoire, on trouve qu'il n'y eut jamais de plus grands amis du progrès littéraire. Pour moi, je crois que leurs vertus ont fait tous leurs crimes. Je défie tous ceux qui les attaquent de citer un seul fait que je ne m'offre à l'instant même pour le réfuter. La vie de ces Pères s'écoule dans la pratique des vertus les plus ascétiques. Ils passent leur jeunesse à étudier pour se mettre en état d'instruire les autres, et, à l'expiration de ce noviciat, ils peuvent être admis dans l'Ordre, ou n'y être pas admis. Dans les lettres et les sciences, les Jésuites peuvent se glorifier d'un grand nombre de Pères illustres. Pascal était un grand écrivain du talent le plus attrayant; mal

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gré ce talent de fascination, je crois qu'il n'est pas dans son livre un argument que je ne puisse réfuter. Michelet n'est pas une autorité à citer au sujet des Jésuites; rien de plus atroce que son livre. Quant à Eugène Sue, l'auteur de romans de la nature la plus atroce, il ne cite aucun fait contre les Jésuites. Il est arrivé, par de grands efforts d'imagination, à faire de ses œuvres le roman le plus grossier et le plus contre nature. Il n'y a pas un seul fait consigné dans ces pages. C'est à raison de la supériorité de leur conduite morale que les Jésuites ont été persécutés dans beaucoup de pays. L'Espagne, le Portugal les ont chassés de leurs territoires, et l'on ne peut pas dire que ces Etats soient très-éclairés. Dieu merci, l'Ordre des Jésuites revit maintenant, et, l'année dernière, il a envoyé quarante missionnaires dans une grande partie des régions les plus sauvages du monde. L'année prochaine, sans doute, le nombre des missionnaires sera doublé.

La Chambre me pardonnera cette digression en faveur des bienfaiteurs de la littérature et de la science. « M. JOHN O'CONNEL : J'ai été élevé dans un collége de Jésuites, et, d'après ce que j'y ai vu, je puis assurer que ce sont de bons chrétiens, des hommes éclairés et des sujets dévoués (1). »

Un éminent penseur de l'Espagne, l'abbé Balmes, a consacré aux Jésuites un chapitre de son livre sur le Protantisme comparé au Catholicisme dans ses rapports avec la civilisation européenne (2). C'est une des plus nobles et des plus solides apologies qu'on ait faites de

(1) Journal des Débats, 14 mars 1646.

(2) Tom. II, pag. 443, (trad. de M. A. de Blanche.)

la Compagnie de Jésus. Nous n'en pouvons toutefois détacher que peu de chose. « Combien d'hommes parmi nous, dit l'éloquent écrivain, s'alarment de la fondation d'un collége de Jésuites, plus qu'ils ne sauraient s'alarmer d'une irruption de cosaques ! Il y a donc dans cet Institut quelque chose de bien singulier et de bien extraordinaire, puisqu'il excite à un haut degré l'attention publique, puisque son nom seul déconcerte ses ennemis. On ne méprise point les Jésuites, on les craint; parfois on veut tenter de jeter sur eux le ridicule, mais dès que cette arme est employée contre eux, on sent que celui qui la manie n'a point assez de calme pour s'en servir avec succès. En vain affecte-t-il le mépris; à travers l'affectation, chacun sent percer le trouble et l'inquiétude. On comprend que celui qui attaque ne se croit point en face d'adversaires insignifiants; sa bile s'exalte, ses traits se contractent; ses paroles, trempées d'une amertume terrible, tombent de sa bouche comme les gouttes d'une coupe empoisonnée....

<< Ou je me trompe fort, ou cela même est la meilleure démonstration que l'on puisse donner du mérite éminent des Jésuites.... Veut-on connaître la véritable cause de cette haine implacable contre les Jésuites; il suffit de considérer quels sont leurs principaux ennemis. On sait que les protestants et les incrédules y figurent au premier rang; au second rang, nous remarquons tous les hommes qui, avec plus ou moins de netteté, plus ou moins de résolution, se montrent peu attachés ou peu affectionnés à l'autorité de l'Eglise romaine. Les uns et les autres, dans leur haine contre les Jésuites, sont guidés par un instinct très-sûr; car véri

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