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était instruite en ladite Université aux bonnes lettres, et que maintenant, au lieu de cette affluence, ladite Université se trouve quasi déserte, étant privée de la plus grande partie de toute la jeunesse, que les parents envoyent étudier en autres villes, et hors du royaume, faute d'exercices suffisants en ladite Université pour les sciences, dont sadite Majesté reçoit et le public un notable préjudice;

• Vu aussi les lettres patentes du feu roi Henri-leGrand... Ayant égard à la réquision des Etats-généraux et à l'intérêt public, a ordonné qu'iceux Pères Jésuites feront à l'avenir lecture et leçons publiques en toutes sortes de sciences, et tout autre exercice de leur profession audit collége de Clermont, comme ils ont fait autrefois, etc....

Le 15 février 1618 (1). »

Le 15 juin 1637, Descartes, dont M. Cousin s'est fait l'éditeur, écrivait à un Père Jésuite, son ancien maître : « Je juge bien que vous n'aurez pas retenu les noms de tous les disciples que vous aviez il y a vingt-trois ou vingt-quatre ans, lorsque vous enseigniez la philosophie à la Flèche, et que je suis du nombre de ceux qui se sont effacés de votre mémoire; mais je n'ai pas cru devoir effacer de la mienne les obligations que je vous ai, ni n'ai perdu le désir de les reconnaître, bien que je n'aie aucune autre occasion de vous en rendre témoignage, sinon qu'ayant fait imprimer ces jours pas

(1) Lettre au S' de Montempuis, recteur de l'Uuniversité de Paris, au sujet du Mémoire de cette Université contre l'Episcopat. In12, pag. 55.

sés le volume que vous recevrez en cette lettre, je suis bien aise de vous l'offrir, comme un fruit qui vous appartient, et duquel vous avez jeté les premières semences en mon esprit, comme je dois aussi à ceux de votre Ordre tout le peu de connaissances que j'ai de bonnes lettres.... (1). .

Le 22 juillet 1640, Descartes écrivait au Recteur du collége de Clermont : « J'ai reconnu de tout temps dans les Pères de votre Société une très-grande bonté et disposition à enseigner, et je sais aussi que vous vous intéressez fort en tout ce qui regarde l'utilité publique.... Ayant été autrefois près de neuf ans dans un de vos colléges, j'ai conçu depuis ma jeunesse tant d'estime, et j'ai encore maintenant tant de respect pour votre vertu et pour votre doctrine, que j'aime beaucoup mieux être repris par vous que par d'autres (2). »

Le 15 mai 1644, il écrivait à un autre Père: « Je serai ravi de retourner à la Flèche, où j'ai demeuré huit ou neuf ans en ma jeunesse, et c'est là que j'ai reçu les premières semences de tout ce que j'ai jamais appris, de quoi j'ai toute l'obligation à votre Compagnie..... Je me promets que le témoignage du R. P. Mesland ne sera pas moins efficace pour autoriser mes Méditations, vu principalement qu'il a pris la peine de les accommoder au style dont on a coutume de se servir pour enseigner, de quoi je lui ai une très-grande obligation (3). »

(1) Descartes, OEuvres, tom. VI, pag. 320.

(2) Tom. VIII, pag. 288 et 293.

(3) Tom. IX, pag. 174.-Voir encore pag. 180 et suiv,, pag. 428 et

Au mois d'août 1641: « Encore que mon opinion ne sait pas que toutes les choses qu'on enseigne en philosophie soient aussi vraies que l'Evangile, toutefois, à cause qu'elle est la clef de toutes les autres sciences, je crois qu'il est très-utile d'en avoir étudié le cours entier, en la façon qu'il s'enseigne dans les Ecoles des Jésuites... Et je dois rendre cet honneur à mes maîtres, que de dire qu'il n'y a lieu au monde où je juge qu'elle s'enseigne mieux qu'à la Flèche... Et à cause qu'il y va quantité de jeunes gens de tous les quartiers de la France, ils y font un certain mélange d'humeurs, par la conversation les uns des autres, qui leur apprend quasi la même chose que s'ils voyageaient. Et enfin l'égalité que les Jésuites mettent entre eux, en ne traitant guères d'autre façon les plus relevés que les moindres, est une invention extrêmement bonne, pour leur ôter la tendresse et les autres défauts qu'ils peuvent avoir acquis par la coutume d'être chéris dans les maisons de leurs parents (1). »

Et cette invention, remarque un anonyme, appar tient aux Jésuites qu'on ne cesse de nous montrer comme les ennemis de l'égalité. Si maintenant l'Université traite à peu près également tous ses élèves, elle le doit à l'enseignement égalitaire (mais non pas uniforme) des disciples de Loyola. Aujourd'hui, on regarde l'égalité dans l'enseignement comme une chose toute naturelle, parce qu'aujourd'hui les rangs sont rompus, et que nous sommes tous égaux devant la loi. Mais, au xvIIe siècle, alors que l'ancienne Société tenait à tous ses priviléges

(1) OEuvres de Descartes, tom. VIII, pag. 547, édit de M. Cou

et qu'un noble était bien différent d'un bourgeois, il y avait de l'audace à introduire l'égalité dans l'enseignement. C'est aux Jésuites que nous devons l'égalité dans les colléges, et l'on ose prétendre qu'ils ont toujours voulu s'opposer au règne de l'égalité sur la terre, si religieusement et si admirablement prêché par Jésus et par ses Apôtres (1)! »

Le 31 juillet 1679, Fléchier prononça, dans l'église de Saint-Louis des Pères Jésuites, un panégyrique de saint Ignace de Loyola. L'illustre orateur joignit son suffrage à celui de tant d'hommes éminents du XVIIe siècle. Il disait, dans la troisième partie de son discours :

Ne fut-ce pas aussi par une sainte émulation qu'il se chargea de l'instruction et du gouvernement de la jeunesse, moyen dont l'hérésie se servait, en infectant les Universités de ses nouvelles opinions, et surprenant les ames sans précautions et sans expérience, qui recevaient les principes d'erreur qu'on leur inspirait. Ce saint homme voulut remédier à ce mal, en dressant des colléges comme des séminaires publics de la foi et de la religion chrétienne. C'est là que les enfants apprennent à aimer la vertu, dès qu'ils sont en âge de la connaître. C'est là qu'on jette dans leurs cœurs des semences de piété, qui règlent après toute la suite de leur vie. C'est là qu'on cultive ces jeunes plantes qui, venant à croître avec les saintes impressions qu'on leur a données, fleurissent et répandent leur bonne odeur dans tous les états de la république. C'est là qu'on nourrit ces ames tendres du lait d'une pure doctrine, et que,

(1) La Vérité sur les Jésuites, pag. 35.

en les fortifiant dans les lettres, on les accoutume insensiblement à une nourriture plus solide et plus forte. C'est là que se forgent les armes spirituelles qui servent à établir ou à défendre la loi de Dieu, et que se forment non-seulement des soldats, mais encore des capitaines de la milice de Jésus-Christ. »>

Bossuet, dans la magnifique apologie qu'il faisait de la Société, en 1687, disait « qu'elle ne portait pas en vain le nom de Compagnie de Jésus, que la grâce lui avait inspiré ce grand dessein de conduire les enfants de Dieu, dès le plus bas âge jusqu'à la maturité de l'homme parfait, à Jésus-Christ; il reconnaissait en eux « tous les talents de l'esprit, de l'éloquence, la politesse, la littérature (1); » c'était assez dire qu'il y avait dans leur Ordre ce qu'il faut pour instruire et façonner la jeunesse.

Fénelon, qui ne cessa de louer et d'aimer les Jésuites, les recommandait pour l'éducation du Dauphin dans un Mémoire sur les mesures à prendre après la mort du duc de Bourgogne. Les hommes que Fénelon jugeait dignes de former un bon prince, ne devaient certes pas lui sembler incapables d'instruire la jeunesse (2).

(1) Péroraison du III Sermon pour la Circoncision, prêché le 1er janvier 1687 dans l'église Saint-Louis des Jésuites.

(2) Dans une lettre au marquis de Seignelay sur les missions de la Saintonge (28 février 1686), Fénelon relève fortement la bonne vie et le savoir des Jésuites. Il écrit à l'abbé de Chanterac, le 15 mai 1699: « Pour moi, je serai toute ma vie dans leurs intérêts, comme ils ont été dans les miens, et cela du fond du cœur.» Que l'on mette de tels suffrages en face de déclamations venues souvent de si bas, et que l'on prononce, Les deux Evêques du xvi1° siècle qui ont le plus

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