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firmation éclatante et matérielle de tout ce que j'ai dit jusqu'à ce jour. En effet, à ce mot de philosophie, vous vous attendez à rencontrer les questions sérieuses et vitales de la destinée, ou du moins cette sorte de liberté que le moyen âge a su concilier avec la subtilité de la scholastique. Détrompez-vous; ce qui brille dans ce programme, est ce qu'on ne peut y faire entrer; c'est l'habileté à éloigner tous les grands sujets, pour ne maintenir que les petits. Devineriez-vous jamais de qui, d'abord, il est défendu de parler dans la philosophie du jésuitisme? Il faut premièrement ne s'occuper que le moins possible de Dieu, et n'en pas parler du tout: Quæstiones de Deo... (1) prætereantur. » Et M. Quinet poursuit ses démonstrations avec cette habileté profonde et cette honorable candeur (2). Parodier d'une manière si ignorante ou si perfide les enseignements de ses adversaires, comme cela est digne de l'esprit de vie que les auteurs du livre des Jésuites se vantent perpétuellement d'avoir en eux !

Il existe une Vie de saint Charles Borromée, par Giussano, qui n'était pas de la Compagnie. Or, cet ouvrage prouve que le saint archevêque conserva jusqu'à la fin, de l'estime et de la confiance pour les Jésuites. Nous le voyons, dans ses dernières années, leur donner des

(1) Les trois points de M. Quinet remplacent ici très-avantageusement pour sa thèse les paroles que nous avons rapportées tout-àl'heure.

(1) Des Jésuites, leçon via, pag. 253, 1" édit. Comme nous ne pouvons pas donner place à de plus longs détails, nous renverrons le lecteur à une solide réfutation des erreurs de MM. Michelet et Quinet, au livre intitulé : Des Jésuites par un Jésuite (le Père Cahour.)

témoignages d'intérêt et de bienveillance. Ayant fondé un collége pour les Suisses et les Grisons, il voulut que les jeunes élèves allassent étudier chez les Pères Jésuites au collège de Brera. Dans une visite pastorale qu'if fit au diocèse de Brescia, en 1580, il appela des Jésuites pour prêcher et donner des missions. Il leur procura l'établissement de deux colléges, l'un à Lucerne, l'autre à Fribourg. Il témoignait une entière confiance au P. Galliardi, recteur du collége de San-Fedele, à Milan, et les dépositions de ces Religieux sont souvent citées dans les actes de canonisation de l'illustre Saint. Néanmoins, en 1824, un journal très-ardent contre les Jésuites (le Constitutionnel) écrivait savamment qu'en 1543 leur immoralité les fit chasser de Milan par saint Charles Borromée, qui n'était alors qu'un enfant de cinq ans (1).

La haine pour les Jésuites est si âpre, mais si aveugle et si niaise en même temps, qu'on a vu le même journal leur supposer pour protecteurs des hommes morts depuis plusieurs années. C'est ce qui arriva au mois de novembre 1844. Une feuille connue par son hostilité contre les Jésuites, ressuscitait en faveur de la Compagnie les cardinaux Zurla et di Gregorio, le premier décédé il y avait dix ans au moins, et le second en 1839 (2). Ne voilà-t-il pas des influences bien vivaces? Mais on sait qu'il se trouvera des lecteurs aussi crédules, que l'on se montre soi-même audacieusement ignorant.

(1) Ami de la Religion, tom. XLII, pag. 107 et 55.

(2) Voir l'Univers, 27 nov. 1844. — Gazelle de France, même jour.- Ami de la Religion.

IV. Mépris de La Chalotais pour le système d'éducation suivi chez les Jésuites.

- M. Cousin, écho de La Chalotais. - Eloge des Jésuites envisagés comme corps enseignant, par Bacon, par les Etats généraux, - Descartes, Fléchier, Bossuet, — Fénelon, — Corneille, — l'abbé Fleury, — Voltaire, — La Lande, Montucla, l'abbé Maury, -l'abbé Grégoire, Barnave et Lavie, La llarpe,

briand, Pellico,

Lally - Tolendal, -J. de Maistre, -de Bonald, ChâteauLa Mennais, Schlosser, - Ranke, - le cardinal de Beausset, O'Connel. — Object'on de La Chalotais sur l'infériorité des livres des Jésuites, par rapport au Traité des Etudes, par Rollin; -un mot sur les ouvrages composés dans le même but par les Religieux de la Compagnie.-Eloge du P. Jouvency par Rollin. —L'objection de la Chalotais réchauffée par M. Cousin.-L'éducation publique n'a pas fait un pas, suivant M. Villemain. -Jugement de M. Granier (de Cassagnac) sur les études de l'Université d'aujourd'hui.

La Chalotais ne voyait, dans le plan d'études suivi par les Jésuites, qu'un système qui pouvait convenir à l'ignorance profonde du xvIe siècle; « mais, disait-il, des instituteurs qui se substituaient aux Universités devaient se piquer de faire mieux; ils firent plus mal (2).

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M. Cousin s'est asservi à copier La Chalotais, en disant à son tour: « On fait sourire ou frémir ceux qui ont quelque connaissance de ces matières, lorsqu'on parle du génie des Jésuites pour l'éducation (2). » M. Cousin, du reste, prononce volontiers des oracles, mais les preuves qu'il apporte à l'appui de celui-ci n'ont qu'un petit malheur c'est qu'elles ne sauraient tenir devant le témoignage contraire des plus illustres élèves de la Compagnie de Jésus, et de tant d'écrivains plus rapprochés que M. Cousin de l'époque où les Jésuites di

(1) Comple-rendu, page 132.

(2) Défense de l'Université et de la Philosophie; Paris, Joubert, 1844, in-8°, pag. 26.

rigeaient encore l'éducation d'une partie de la jeunesse, et plus compétents par là même, plus calmes, plus impartiaux sur ce point qu'un membre du Conseil royal de l'instruction publique.

Le chancelier Bacon, anglais et protestant, ne voyait rien de mieux que les écoles des Jésuites; il avouait que leur méthode avait une incontestable supériorité sur toutes les autres , par conséquent sur celles des Universités, et il laissait échapper ce cri d'envi et d'admiration : Etant ce que vous êtes, ah ! que n'êtes-vous des nôtres? Voici, du reste, ses propres paroles, et le suffrage de ce grand homme peut bien contrebalancer les paroles du Procureur-général de Rennes :

« C'est une plainte ancienne, et qui a passé jusqu'à nous depuis les siècles les plus sages et les plus éclairés, que les gouvernements s'occupent trop de faire des lois, et trop peu de l'éducation de la jeunesse. Cette partie de la discipline, si honorable en elle-même, et si honorée dans la haute antiquité, les Jésuites l'ont rappelée en quelque sorte dans leurs colléges, comme par droit de retour en sa patrie (quasi postliminio); et quand je considère leur talent et leur habileté, tant pour cultiver les lettres que pour former les mœurs, je suis tenté de dire comme Agésilas disait de Pharnabase: Etant ce que vous êtes, plût à Dieu que vous fussiez à nous!....

le

. Quand il s'agit de l'éducation des jeunes gens, plus court serait de dire: Voyez les écoles des Jésuites. Cependant, suivant notre usage, nous donnerons quelques conseils, mais nous ne ferons que glaner après eux (1). ›

(1) Bacon, de Augm. Scient., lib. I, vers. init.; et lib. VI, cap. 4,

Se conformant à la demande de ses Etats-généraux, Louis XIII octroya les lettres suivantes :

« Sur le rapport fait au Roi, étant en son conseil, des cahiers des derniers Etats-généraux tenus à Paris, par lesquels en remontrant la nécessité de rétablir les Universités de ce royaume en leur ancienne splendeur, et principalement celle de ladite ville comme capitale et séjour ordinaire des Rois, et en laquelle les plus grandes et célèbres Compagnies de ce royaume sont établies;

« Afin que son Université soit à l'avenir, comme elle a été autrefois, un séminaire de toutes charges et dignités ecclésiastiques et séculières, où les esprits de sadite Majesté soient formés au culte divin, au zèle de la vraie religion, en l'obéissance due aux rois et en respect et révérence des lois et des magistrats :

Lesdits Etats ont, entre autres choses, requis et supplié Sa Majesté en considération des bonnes lettres et piété, dont les Pères Jésuites font profession, leur permettre d'enseigner dans leur collége de Clermont (1), et faire leurs fonctions ordinaires dans leurs autres maisons de Paris, comme ils ont fait autrefois, et évoquer à soi ou à son conseil les oppositions faites ou à faire au contraire ;

Et Sa Majesté bien informée que, avant que ledit exercice eût cessé audit collége, non-seulement la jeunesse de sadite ville de Paris, mais aussi de toutes les parts du royaume et de plusieurs provinces étrangères

vers. init.-L'abbé Emery, le Christianisme de Bacon, tom. 1', pag. 99; tom. 1, pag. 137.

(1) Aujourd'hui Louis-le-Grand.

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