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Sophocle Guerriers, qui ne vous montrez point en ennemis, qu'il m'est doux d'entendre de votre bouche les sons de notre langue natale (1)!

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La Gazette de France du 9 mars 1815 contient une violente apostrophe de M. Ch. Lacretelle à Bonaparte, qu'il traite de guerrier vagabond, de cœur d'acier, de barbare étranger. Suivant M. Lacretelle, il apportait aux Français toutes les proscriptions de Robespierre, ajoutées aux désastres qui marquèrent la fin de l'Empire, la servitude d'Alger, l'horreur et le mépris de l'univers. Ces articles signés et éparpillés n'étaientils que l'effet d'un bouillonnement passager?

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M. Passy, en cherchant à flétrir un pauvre Religieux, ne prenait-il pas bien son temps, lui qui compte pour collègue à la Chambre le maréchal Soult, dont il existe de si étonnantes proclamations au sujet de Napoléon? Il nous semble que de tels morceaux d'éloquence, de pareils jugements ont assez de prix pour qu'on les remette en lumière; car si l'auteur de ces chefs-d'œuvre a été comblé de dignités et placé long-temps à la tête du ministère de la guerre, nous ne comprenons pas en vertu de quel principe le P. Loriquet pourrait être baffoué, ce qu'on lui impute ne fût-il pas même une calomnie. Voici donc ce qu'un ancien soldat de Bonaparte a dit successivement de son empereur:

(1) Journal des Débats, 14 et 23 avril 1814.

8 mars 1816.

• Soldats, cet homme qui naguère abdiqua, aux yeux de toute l'Europe, un pouvoir usurpé dont il fit un si fatal usage, Bonaparte est descendu sur le sol français qu'il ne devait plus revoir.

« Que veut-il ? la guerre civile; que cherche-t-il? des traitres; où les trouvera-t-il? serait-ce parmi ces soldats qu'il a trompés et sacrifiés tant de fois, en égarant leur bravoure? serait-ce au sein de ces familles que son nom remplit d'effroi ?

« Bonaparte nous méprise assez pour croire que nous pourrons abandonner notre souverain légitime et bien-aimé, pour partager le sort d'un homme qui n'est plus qu'un aventurier.

« Il le croit, l'insensé, et son acte de démence achève de le faire connaître.

« Soldats, l'armée française est la plus brave de l'Europe; elle sera aussi la plus fidèle.

• Rallions-nous autour de la bannière des lis, à la voix de ce père du peuple, de ce digne héritier des vertus du grand

1er juin 1815.

« Un nouveau serment unit la France à l'Europe; ainsi, les destinées s'accomplissent, et tous les efforts d'une politique impie ne peuvent plus séparer les intérêts d'un grand peuple du héros que les plus brillants triomphes ont fait admirer de l'univers.

« Les engagements que la violence nous avait arrachés sont détruits par la fuite des Bourbons du territoire français, par l'appel qu'ils ont fait aux armées étrangères, pour remonter sur le trône qu'ils font abandonné, par le vœu unanime de la nation qui, en reprenant le libre exercice de ses droits, a solennelle-' ment désavoué tout ce qui a été dit sans sa participation. ›

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Henri IV. Il vous a tracé luimême les devoirs que vous avez à remplir. 11 est à votre tête, ce prince, modèle des chevaliers français, dont l'heureux retour dans notre patrie a déjà chassé l'usurpateur, et qui, aujourd'hui va, par sa présence, détruire son seul et dernier espoir. »

Parmi ses collègues de la Chambre des Pairs, M. Passy pouvait choisir, entre autres personnages, M. Villemain, honoré de charges éminentes, et qui, non-seulement, célébra le patriotisme européen de l'empereur de Russie et du roi de Prusse, mais encore trouva de belliqueux accents contre la révolte et la trahison, contre le hideux vingt mars. M. Villemain disait, en effet :

<< L'Europe et la France veulent la fin des révolutions, la fin des troubles civils; on ne peut la trouver qué dans la légitimité. La légitimité, c'est la royale famille des Bourbons, et ce grand principe n'a plus besoin d'être consacré par une loi d'Etat, puisqu'il existe, puisqu'il est inséparable de la France, puisqu'il est antérieur à notre législation actuelle, puisque le contrat de nos libertés, puisque la concession même la de Charte suppose et proclame la succession directe et immuable, comme base de la monarchie. Quel coeur français, je ne dis pas seulement quel royaliste, mais quelle ame un peu généreuse n'a point admiré nos princes luttant contre la révolte et la trahison, n'a point tressailli d'enthousiasme lorsque Madame étonna Bordeaux de son sublime courage? Ce hideux vingt mars, en faisant des

maux inouïs, en multipliant les obstacles, en irritant les passions, a donné naissance à des traits de grandeur et de vertu qui ne s'effaceront jamais. Répondons par notre confiance et par notre amour à cette union de pensées et d'intérêts que le souverain a exprimée avec un sentiment si profond dans une occasion récente et solennelle. Il n'existe en France qu'un pouvoir à la fois; mais ce pouvoir immortel se renouvelle et se perpétue par la légitimité: voilà la doctrine de la monarchie, de la charte et de l'honneur. En servant, en défendant le pouvoir légitime existant, on travaille pour la durée même de la monarchie: voilà le raisonnement du bon sens et de la politique. »

En 1824, M. Villemain, faisant sa cour à Charles X, stigmatisait derechef le génie de l'usurpation, et glorifiait le triomphe du roi légitime (1).

M. Villemain avait donc quelque droit à plaider la cause des accusés, et c'est ce qu'il fit à l'égard de M. Victor Cousin, arrêté en Allemagne comme suspect de carbonarisme et de menées démagogiques. « Au 20 mars, à l'approche du despotisme reparaissant sous les traits de Bonaparte, M. Cousin s'engagea comme volontaire royal, et partit avec des amis excités par son exemple (2). » M. Cousin, cet intrépide Hector, qui vola défendre les murs de Troie ; M. Villemain, son Homère, ne voyaient donc qu'un despote et un usurpateur dans la personne de Napoléon, et le P. Loriquet n'aurait pas eu le droit de penser comme M. Cousin, comme M. Villemain, comme M. le maréchal Soult,

(1) Mélanges, tom. III, pag. 133.

(2) Ibid., pag. 137.

comme tant d'autres qu'il serait trop long de rappeler ici, et dont les retentissantes colères contre le despotisme de l'usurpation, se sont apaisées devant les faveurs de tous les pouvoirs qui l'ont remplacé. Pourquoi les honneurs à ceux-ci, la flétrissure à celui-là, quand il s'agit du même crime? n'est-ce pas ce que disait le poète de Rome :

Dat veniam corvis, vexat censura columbas.

Le procès-verbal de déchéance et des constitutions du Sénat, en 1814, n'accusait-il pas Napoléon « d'avoir entrepris la guerre dans l'intérêt de son ambition démesurée, d'avoir trahi ses serments, d'avoir mis le comble aux malheurs de la patrie en régnant dans la seule vue de son intérêt personnel, d'avoir rendu de son chef plusieurs décrets portant peine de mort? »>

Un des coryphées du libéralisme, Benjamin Constant, ne fut-il pas un de ceux qui eurent la plus grande part à l'Acte additionnel aux constitutions de l'Empire, que le conventionnel Thibaudeau représente comme un outrage à la dignité de la nation, une usurpation de sa souveraineté (1)? Ennemi du premier Consul et de l'Empereur, Benjamin Constant avait publié, en 1814, son ouvrage sur l'Esprit de conquête et d'usurpation, et dans le Journal des Débats du 19 mars 1815 sa profession de foi sur le retour de Napoléon. M. Benjamin de Constant traitait l'Empereur sur un ton qui ne laissait rien à dire au P. Loriquet :

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....... Il s'agit de tous nos intérêts, écrivait-il, de

(1) Thibaudeau, le Consulat el l'Empire, tom. VII, pag. 325.

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