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sion des vaincus, des extravagances et de l'extrême lácheté du vainqueur, et l'accusait d'avoir ouvert par d'impudents mensonges un long cours de tyrannie (1). Un Jésuite n'a-t-il pas le même droit qu'un académicien?

Pour M. Lacretelle, l'Empire est une histoire surchargée de batailles, de fraudes politiques, et terminée par de lamentables catastrophes (2). Le même écrivain, dans un discours à la Faculté de Lettres, ou plutôt dans un réquisitoire contre les Jésuites, disait : «lls seront toujours à la dynastie qui leur accordera le plus, jusqu'au premier moment de sa résistance (3); • et encore Jamais le Père Loriquet n'a fait un mensonge historique de cette force (4). « En premier lieu donc, M. Lacretelle prétendait flétrir dans les Jésuites un cau teleux servilisme, qui ne durerait qu'autant que peut durer la faveur; en second lieu, M. Lacretelle faisait allusion, si nous devinons juste, aux calomnies que d'autres avaient trouvées contre l'Histoire de France du Père Loriquet. Maintenant, nous allons voir si quelqu'un était moins fondé que l'auteur de cette satire, à travestir ainsi la Compagnie de Jésus. Vers l'époque même où M. Lacretelle crut devoir publier cette âpre philippique, on avait exhumé les réflexions suivantes, insérées le 4 avril 1814, dans le Journal des Débats:

Les conquérants n'étaient point encore assez haïs;

(1) Journal des Débats, 10 février 1846, aux Variétés. (2) Ibid.

(3) Discours prononcé à la Faculté des Lettres, le 17 avril 1844; Paris, Allouard, in-8o, 1844, pag. 5.

(4) Ibid., pag. 7.

le ciel a permis les trop longs succès de Buonaparte pour en inspirer à jamais l'horreur. Il a voulu que ce conquérant n'eût rien de semblable à ceux qui avaient ébloui la terre en l'épouvantant. Il lui a donné l'habileté militaire, mais sans éclat de bravoure personnelle; une activité prodigieuse, mais sans but; une volonté indomptable, mais sans discernement.

. Tous ces désastres, tous les opprobres dont il est abreuvé, sont nés des mêmes causes qui avaient produit ses triomphes. Ni les faveurs les plus inouïes de la fortune, ni les plus terribles leçons du malheur, ni la confiance d'une nation qui, tourmentée d'une effroyable anarchie, espérait trouver avec lui du repos, ni les conseils d'hommes éclairés qui voulaient lui montrer la veritable gloire, ni le dévouement de véritables guerriers, rien n'a pu adoucir le caractère du soldat corse, rectifier son esprit faux, élever son ame corrompue. Si l'on est confondu de son obstination à faire périr les hommes, on ne l'est pas moins de son obstination à vivre.

Il nous a montré ce qu'est l'égoïsme dans un cœur inhumain. Jamais il n'a pu se naturaliser parmi les Français. Etait-il un Français celui qui, placé sur un trône qu'embellissaient la beauté, la grâce et la galanterie de nos rois, fut toujours insultant pour les femmes et qui les raillait avec rudesse sur le déclin de leur beauté ? Etait-il un Français celui qui n'a jamais rien donné qu'avec l'intention d'avilir, celui qui abusait lâchement de sa puissance pour adresser, du milieu de sa cour, des paroles infamantes à un administrateur modéré, à un juge intègre, à un brave militaire? Mais quoi ! il insulte jusque dans son camp nos guerriers admirés de toute

l'Europe: Quel torrent d'invectives dans ses bulletins! Dès qu'il a commis une faute militaire, il choisit au hasard le nom d'un général pour l'en accuser; il invente des fables qui ne sont crues de personne. A l'entendre, c'est l'étourderie d'un caporal qui, en faisant sauter un pont, a causé à la France le plus grand revers qu'elle ait essuyé.

« Il ne sait placer ses meilleurs généraux qu'à des postes de sacrifice. Vingt fois il fait marcher par des chemins impraticables, par la saison la plus dure, avec une impitoyable célérité, l'élite et même la masse de son armée. Pendant ce temps, deux ou trois généraux restent chargés de défendre des postes importants contre des forces horriblement disproportionnées; il tait, pour dissimuler un échec, les actes de la bravoure la plus héroïque, et c'est souvent l'ennemi qui nous les a fait connaître.

Quel caractère sauvage dans sa prétendue grandeur quelle gaucherie dans sa magnificence ! quel contraste avec le noble et touchant tableau que nous offrent les deux souverains qui sont devenus en un jour les alliés du peuple français ! Buonaparte voulait occuper tous les palais de l'Europe. Ces monarques n'entrent pas dans le palais du roi de France absent: un simple appartement leur suffit.

« Depuis que la maison de Lorraine a donné l'exemple de cette simplicité qui décore si bien le trône, l'alliance des peuples et des rois est devenue plus intime. Nous savons aujourd'hui pourquoi ces souverains sont aimés. Il nous tarde de voir cet empereur d'Autriche qui si bien concouru à leurs vues générales, et d'adoucir pour

lui, s'il est possible, les peines que notre délivrance coûte à son cœur.

Pourquoi ne parlerions-nous pas devant ces monarques, amis du nôtre, le langage d'amour dont le tyran nous avait fait perdre la douce habitude? C'est aujourd'hui le jour de réunion de la grande famille européenne. Par quels bienfaits l'inépuisable magnanimité de l'empereur Alexandre ne signale-t-elle pas ce jour ? Deux cent mille de nos compatriotes qui vont être rendus à nos embrassements! Jamais roi fit-il à un roi son ami un présent d'une telle magnificence!

« Le même contrat qui va nous rendre le repos, va nous ramener à cette liberté dont nous avions si impru demment passé les limites, et dont le tyran le plus fourbe n'avait plus laissé aucun vestige dans nos institutions. Point de garanties avec lui, qui se jouait de tous les traités, de toutes les promesses. L'esprit de concorde a dicté les garanties qui vont confondre dans un même sentiment tous les partis éteints, et nous pourrons

Voir encor refleurir la liberté publique

Sous l'ombrage sacré du pouvoir monarchique.

C. LACRETELLE. »

Napoléon, si cruellement traité par M. Charles Lacretelle, était encore à Fontainebleau, où il venait de signer son abdication, quand parut la diatribe que nous avons citée. Il se faisait lire les journaux tous les matins par M. le baron Fain. Au moment où le secrétaire de l'empereur achevait cette lecture, et prononçait le nom de l'auteur de la lettre, Napoléon lui dit avec un

calme parfait : « Lacretelle ? il y en a deux

mien?.

est-ce le

C'était le sien, en effet. Lacretelle l'aîné, persévérant dans ses sentiments libéraux, s'était tenu à l'écart sous l'Empire, et ne songeait pas à poursuivre l'empereur dans son infortune.

En face de ces étranges réflexions, ainsi remises en lumière par un journal, que fit M. Lacretelle? Il écrivit une autre lettre, dans laquelle il disait : L'article contre Napoléon est «un article que j'ai écrit pendant le bouillonnement universel que causa une fatale invasion. Ce manque de mesure et de convenance, s'il mérite le blâme de l'anonyme, il m'a causé à moi-même regret et repentir (1). » Dans le Ier volume d'une Histoire du Consulat et de l'Empire, l'auteur y revient « J'ai cédé, dit-il, à ce dernier sentiment (celui du blâme) dans la catastrophe de 1814, et mes paroles ont manqué de mesure ; j'en ai toujours gardé un profond regret, et j'ai cherché par toutes les occasions de réparer ce tort (2).

D

:

A la bonne heure; mais quand on a pu céder à un bouillonnement universel, faut-il tant blâmer un Religieux de ce qu'il n'a pu ni admirer, ni regretter un régime que l'on poursuivait de si âpres récriminations, après l'avoir servi? Au reste, M. Lacretelle, ex-censeur impérial, ne se borna pas à sa malencontreuse lettre ; il eut l'honneur deux fois, au mois d'avril 1814, de complimenter l'empereur Alexandre et le roi de Prusse, et de leur dire, en empruntant les poétiques accents de

(1) Journal des Débals, 19 janvier 1845. (2) Pag. 4-5.

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