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drait mourir en tenant dans sa main la queue d'une vache.

« Ainsi, la formule générale de sa théorie se résume en deux mots : écraser la vérité dangereuse (M. Michelet), prêter la main à l'imposture utile (le catholicisme)..

La haine de la religion et du prêtre s'est encore accrue chez M. Michelet, s'il lui restait un pas à faire, et dans son livre intitulé: Le Peuple, cet écrivain porte la puérilité jusqu'à reprocher à Jésus-Christ de n'avoir pas sauvé l'animal (1), comme si le Christ même n'était pas effacé des destinées du monde par un homme qui nie la transmission du péché (2). »

Le collègue de M. Michelet reçut sa juste part de remontrances pour sa moitié du volume des Jésuites; nous nous bornons toutefois à ce qu'il y a de plus caractéristique dans l'appréciation : « M. Quinet a franchement fait de la polémique. Les attaques qui ont si fort surpris M. Michelet, et l'ont troublé outre mesure, n'ont pas déplu à l'auteur d'Ahasvérus. Il a compris sur-lechamp le parti qu'on en pouvait tirer pour traiter avec applaudissement les questions que les passions ecclésiastiques remettaient à l'ordre du jour.... M. Quinet mêle des considérations souvent ingénieuses à des faits habilement choisis; mais les catholiques lui répon

(1) Page 187.

(2) Pag. 169.-M. Michelet se laisse aller à d'étranges distractions. Ce livre du Peuple est dédié à M. Quinet; et, dès la 3o page, l'auteur prétend que «les Anglais de France disent le pays, pour éviter de dire la patrie.» Or, justement M. Quinet est auteur d'un Averlissement au pays, ce qui prouve, comme deux et deux font quatre, qu'il est un Anglais de France.

dront: Vous parlez en Protestant. Les mêmes raisons par lesquelles vous condamnez les Jésuites, peuvent s'appliquer à la religion catholique elle-même, à ses développements, à sa constitution, à la papauté (1). »

Et, en effet, c'est contre la Papauté, contre le Catholicisme que porte surtout l'argumentation de M. Quinet. I demande compte aux Jésuites et aux ultramontains de tout le mal qui a pu se faire dans le monde, de la décadence des nations, et même de l'infâme partage de la Pologne, comme si le crime de la Russie, de la Prusse et de l'Autriche, qui se divisaient la proie, avait pu être empêché par les Jésuites que l'on traquait alors dans toute l'Europe. Ah! que M. Quinet ne se trouvait-il là avec son esprit de vie, pour souffler sur la vaste plaine où gisait la Pologne égorgée, et voir, comme le prophète, les membres morts se ranimer et se rejoindre !

M. Quinet, partisan du libre examen et de l'indépendance religieuse, se réfugie dans une étrange théorie, quand il s'agit de l'Église. L'écrivain que l'on voit s'indigner de l'obéissance dictée par saint Ignace, est-il bien le même qu'on entend dénoncer les évêques qui se retournent l'un après l'autre contre l'autorité qui les choisit (2)? » Parce qu'ils auront été choisis par le pouvoir, les évêques seront donc condamnés à n'être plus devant lui que des instruments de servage et des machines! Est-ce bien l'esprit de vie qui signale comme une erreur dans le catholicisme de s'obstiner à montrer que sa profession de foi est, non-seulement diffé

(1) Lerminier, Revue des Deux-Mondes, oct. 1843, pag. 184. (2) Des Jésuites, pag. 109.

rente, mais ennemie de la profession de foi de l'État (1)?» comme si la conscience devait être rivée à l'athéisme de l'Etat, s'il plaît à celui-ci d'être athée ! Est-ce en vertu de la liberté religieuse que M. Quinet tient pour vrais schismatiques, pour vrais hérétiques ceux qui «osent dire: Hors de mon Eglise, il n'y a point de salut, tandis que l'Etat dit précisément le contraire (2)?» Assurément, M. Quinet ne comprend rien à cette Eglise qui nie toute autre Eglise, de même que la vérité nie l'erreur, et que la rotondité du cercle exclut la quadrature. On peut lui pardonner, comme à tant d'autres esprits distingués, cette ignorance des premières exigences de toute foi religieuse, cette confusion de la tolérance et de l'amour du prochain avec la tolérance de l'erreur et le droit de cité donné au mensonge; mais que dire de ce culte, de cette adoration de l'Etat ?

Je ne comprends pas que M. Quinet, dans cette guerre commune, se soit arrangé des fastueuses menaces de son compagnon d'armes. Et, en effet, celui-ci se vante d'être du nombre des gens qui, pour chasser les Jésuites, ont chassé hier une dynastie, et qui en chasseraient dix, s'il le fallait encore (3). » Dix, c'est assurément beaucoup, lorsqu'il est question surtout de dynasties; mais comment, après cela, M. Quinet ose-t-il imputer aux Jésuites la doctrine du régicide (4), en face de M. Michelet, qui congédie ainsi les dynasties, et, sans doute, s'arrogerait le droit de les décapiter, si

(1) Des Jésuites, pag. 114.

(2) Ibid., pag. 114-115.

(3) Ibid., pag. 33.

(4) Ibid. pag. 228.

besoin était, car ce dernier droit touche à l'autre et doit reposer sur le même principe, celui de la souveraineté populaire ?

Nous retrouverons M. Quinet à propos de quelques autres questions; il nous reste à le voir « se retournant, suivant son langage, contre l'autorité qui l'avait choisi,» et cette fois n'affichant plus le même respect pour cette idole qu'il avait encensée sous le nom d'Etat. Pour un simple mot rayé dans son programme du Collège de France, adieu la Césarolatrie de M. Quinet. Parce que le ministre de l'instruction publique, ce représentant de l'Etat au nom duquel il s'était glorifié d'enseigner, lui a biffé ses institutions comparées, qui lui avaient permit de faire un cours sur le christianisme et la révolution française, là où il s'agissait de professer les littératures méridionales, M. Quinet s'est retiré dans sa tente, comme ce guerrier d'Homère, et a mieux aimé abdiquer la liberté de son enseignement que de la maintenir digne et ferme en montant au moins une fois dans sa chaire. Ainsi déchu de son piédestal et résigné à son sort, voici comment il a été accueilli par des journaux de l'Etat :

« L'enseignement de M. Quinet a été ouvertement reconnu comme ayant des tendances anti-catholiques et anti-monarchiques (1). Sous ce double rapport, il était en contradiction avec les deux grandes institutions, sur lesquelles repose chez nous l'ordre moral et politique. Du reste, si le professeur a renoncé à son cours, ce n'est qu'un faible hommage; il ne paraît pas avoir le

(1) En ce qui regarde le catholicisme, ce n'est pas être fort difficile, on l'avouera, que de se borner à signaler des tendances.

moins du monde renoncé à son emploi et surtout à son traitement. Il pourra, tout en se posant en victime, et en se drapant dans son manteau de réformateur méconnu, continuer à toucher les 6 à 8000 francs par an, qui sont attachés à ses fonctions. C'est une considération qui doit diminuer de beaucoup la compassion que peut d'ailleurs exciter une aussi grande infortune (1).

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Un autre journal ministériel fait mieux; il s'est efforcé de montrer que le gouvernement, un gouvernement si éclairé, a donné une chaire de littérature méridionale à un professeur qui n'ignore rien tant que ce qu'il est chargé d'enseigner au Collège de France.

« Le National a plus peur encore que le Siècle de voir M. Edgard Quinet remonter dans sa chaire; mais sa peur n'est pas plus réelle que celle du Siècle. Le National est trop éclairé pour ne pas comprendre que ce congé de M. Quinet doit durer long-temps. D'un côté, M. Quinet ne pourra reprendre sa place au milieu de la studieuse jeunesse du Collège de France avant d'avoir appris, au moins d'une manière passable, les littératures et les langues du midi. D'un autre côté, le même M. Quinet se gardera bien de ne pas continuer à rejeter sur son utile amour des institutions comparées sa parfaite ignorance du véritable et du seul objet des leçons qu'il ne pourra donner, tant qu'il aura besoin de les prendre (2). »

M. Cuvillier-Fleury s'est fait remarquer, dans le Journal des Débats, par son ardeur à poursuivre les Jésuites et leurs très-perverses doctrines. Ce genre de

(1) Courrier de Lyon, 7 déc. 1845.

(2) L'Epoque, 8 avril 1846.

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