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douloureux que lui ont causé les attaques dont il s'est vu l'objet, lui qui se croyait des droits à la reconnaissance de l'Eglise..... Assailli pour la première fois, il s'est emporté, il s'est mis à exercer contre ses adversaires des représailles extrêmes. Il a combattu avec une animation tout-à-fait extraordinaire. Il poursuit à outrance les Jésuites non-seulement dans les positions qu'ils ont prises aujourd'hui, mais dans tout leur passé; il les montre toujours et partout corrompant la jeunesse, s'emparant des femmes, représentant sous toutes les formes l'esprit de délation et de police, l'esprit de mort. Ce n'est encore que la moitié du mal : nonseulement nous avons à nous défendre des Jésuites, mais M. Michelet nous signale des Jésuitesses; voilà qui est effrayant. La vivacité des exclamations de M. Michelet, la franchise de ses exagérations, tout jusqu'au désordre de son style, montre combien il est sincère et convaincu ; mais, qu'il nous permette de le lui dire, ni la nature de son esprit, ni le genre de son talent ne le destinent à la polémique....

• M. Michelet dit qu'il enseigne. Faut-il souscrire à cette prétention? alors, la critique historique serait obligée d'être plus sévère, car elle aurait à demander compte à l'écrivain de ses jugements si incomplets et si passionnés. M. Michelet se fait illusion à lui-même. Dans les six leçons qu'il a publiées, ce n'est pas l'histoire, c'est la polémique qui est présente, polémique dont le retentissement et l'âpreté placent désormais M. Michelet dans les rangs des plus ardents adversaires du Catholicisme (1).

(1) Revue des Deux-Mondes, oct. 1843, tom. XXXVI, pag. 182, article de M. Lerminier.

M. Michelet n'a fait depuis que descendre la pente; son livre du Prêtre, de la Femme et de la Famille a été son premier manifeste contre l'Eglise, et ce triste ouvrage n'offrait, pour le fond, qu'une réfutation de l'auteur lui-même, qui avait glorifié à deux reprises le célibat ecclésiastique, maintenant calomnié par lui. Quelles sont donc les inexplicables vicissitudes qui peuvent amener un écrivain à publier une honteuse diatribe contre une institution dont il a dit : « L'Eglise, amollie et prosaisée par le mariage, se fût matérialisée; le sel de la terre se fût évanouï; dès lors, plus de force intérieure, ni d'élan au ciel (1). » N'est-ce pas la vérité qui se venge de ses ennemis en les faisant passer par ces contradictions pitoyables?

Cette fois encore, les sages de la Revue des DeuxMondes gourmandèrent l'impétuosité compromettante de M. Michelet; il se fâcha, car c'était d'un de ses disciples que lui venait la leçon, et il est vraiment trop dur de s'en voir remontrer par ceux qu'on eut autrefois à son école. Le disciple, ou bien quelque officieux ami, riposta d'une manière assez vive:

« M. Michelet se répand dans les journaux en plaintes amères sur un article de la Revue des Deux-Mondes rempli de témoignages de sympathie pour son talent, de respect pour son caractère, mais où on a l'inconcevable hardiesse de soumettre ses opinions sur le christianisme à une critique sérieuse. M. Michelet se tient pour indignement calomnié, parce qu'on dit de son livre que ce n'est point seulement un manifeste contre le célibat ecclésiastique et la confession, mais une atta

(1) Histoire de France, tom. II, pag. 163. — Il., pag. 168.

que contre le catholicisme, contre le christianisme, et en général contre toute religion révélée. Or, dire cela, c'est tout simplement constater un fait bien facile à vérifier. M. Michelet ne consacre-t-il pas un chapitre de son livre à établir que le principe du christianisme et des religions révélées en général, c'est la destruction. de la volonté et de la liberté morale au profit de la grâce? En caractérisant de la sorte et en niant le christianisme, M. Michelet use de son droit de philosophe et d'historien; M. Saisset use du sien en le réfutant. Il n'y a là ni dénonciation, ni attaque personnelle, ni procès de tendance, il y a un dissentiment sur un point essentiel d'histoire et de philosophie. Où en serait la liberté de la discussion, s'il n'était point permis de soutenir, même contre un philosophe aussi grave que M. Michelet, que le christianisme n'est pas l'ennemi de la liberté morale, que Bossuet n'est pas plus quiétiste et fataliste en pratique qu'en théorie, et que le voltairianisme, au XIXe siècle, peut paraître à beaucoup de libres esprits une résurrection malheureuse? M. Michelet s'écrie qu'on veut le faire passer pour un athée, pour un ennemi de l'ordre public. Il n'y a pas le moindre prétexte à ces récriminations insensées. On n'est point athée pour nier la révélation: tout écrivain sérieux est parfaitement libre de discuter le christianisme; ce qu'on reproche à M. Michelet, c'est de le défigurer. Que faut-il conclure de ces violences d'esprit suivies de ces violences contre les personnes? Ou que M. Michelet n'a pas connu la portée de son livre, ce qui fait peu d'honneur à sa gravité; ou qu'ayant attaqué le christianisme, il n'en veut pas convenir, ce qui fait peu d'honneur à sa hardiesse et à son courage. Qu e

M. Michelet continue de traiter les personnes comme il traite les choses! Injurier, n'est pas répondre (1). »

Mais bientôt l'orthodoxie ambiguë de ceux qui avaient voulu réprimander M. Michelet, fut battue en brèche par un adversaire plein de rudesse (2). On disait donc de l'agresseur :

Son article est-il catholique? Non, puisqu'il fait bon marché de la confession auriculaire et du célibat des prêtres, dont il proclame aussi l'abus et le danger. << Chrétien? encore moins; car il ne balance pas à rejeter, comme fausse, la distinction établie par M. Cousin avec autant de soin que de prudence entre les vérités naturelles et les surnaturelles. » Il n'y a pas de vérités surnaturelles, s'écrie M. Saisset; il n'y a d'autre source de vérité, parmi les hommes, que la rai

son.

« La première moitié de cette phrase anéantit la révélation et tous les mystères du christianisme; et la seconde, qui établit la raison, source unique de la vérité, non-seulement confirme l'arrêt de la première contre le christianisme, mais encore supprime d'avance toute autre religion qu'une religion philosophique, ayant son point de départ et son point d'arrivée sur la terre. En sorte que nous sommes ramenés directement à la loi naturelle, à cette loi naturelle que M. Saisset envisage avec tant de violence et de haine dans le livre de M. Michelet, non pas qu'elle y soit, mais elle en doit être la conséquence; elle sera le der

(1) Revue de Paris, citée par l'Univers du 5 février 1845. (2) Revue indépendante, février 1845, article de M. Génin.

nier mot de M. Michelet, et le dernier mot de M. Michelet est le premier mot de M. de Saisset! Etait-ce la peine d'entrer, contre M. Michelet, dans une si grande fureur et d'en boursouffler un si gros article?

« Vous n'êtes ni chrétien, ni catholique, ni mahométan, ni juif, ni d'aucune religion révélée; bien ! vous repoussez avec indignation la théophilanthropie, le catéchisme philosophique et la loi naturelle; bon ! Mais alors, qu'êtes-vous? que demandez-vous? que voulez-vous? pour qui ou pour quoi vous échauffezvous? à quel propos ces déclamations, ces hyperboles et tout ce faste de colère?

<< M. Saisset proclame « le besoin religieux un besoin impérieux, universel, salutaire. » Et, pour satisfaire à ce besoin, il économise les frais d'une religion toute neuve, il prend le catholicisme, qui est là sous sa main, in promptu. Or, le christianisme s'appuie sur la révélation; ses vérités fondamentales sont des vérités surnaturelles, qui choquent notre faible raison par quantité de points essentiels. Donc, par une déduction rigoureuse et immédiate des principes de M. Saisset, le christianisme serait une religion fausse. Mais, attendu qu'il est « en harmonie avec les besoins et les idées d'une prodigieuse foule d'intelligences, » M. Saisset l'adopte, le défend, et se battra pour lui comme un lion, comme un diable, ou plutôt comme un saint; car il est de l'avis du dix-huitième siècle : il faut une religion pour le peuple, et de tous les instruments essayés, M. Saisset estime que le catholicisme est encore le meilleur.

« Si M. Saisset habitait les bords du Gange, il vou

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