صور الصفحة
PDF
النشر الإلكتروني

ministre de l'instruction publique ni le doyen de la Faculté, mais ses soupçons planent sur des fonctionnaires haut placés dans l'Université, agissant dans l'intérêt d'une coterie. Serait-il donc vrai, grand Dieu! qu'une conspiration existât entre les X et les Y! M. Libri est à la piste. Au fait, M. Libri le sait, il y a peu de conspirations sans traîtres et sans révélateurs. »

Que signifie donc cette dernière ligne (1) ?

La Réforme se prenant derechef à M. Libri, lui reprochait son outrecuidance et son style de bravo, qu'il met habituellement au service des rancunes du pouvoir, et elle ajoutait : « Le second suppléant de M. Libri est donc comme nommé; il professera, il professe... peut-être; quant au citadin de la Faculté et du Collége de France, il va reposer son larynx fatigué, sans doute, de s'exercer dans le vide des amphithéâtres.

<< Bon voyage donc, M. Libri, et surtout bonné chance! mais pendant votre excursion, permettez-nous de dire à nos lecteurs qu'il nous semble que vous traitez le budget français avec trop de prédilection, comme vous avez traité votre Galilée. Permettez-nous de rappeler au pays qui vous a accueilli dans votre exil, combien vous avez su toujours être reconnaissant d'un service rendu.

« Nous ne parlerons pas de ces jeunes hommes d'Italie, issus de familles sans tache, qui donnèrent noblement leur amitié à M. Libri, et qui, plus tard... Prenons-le seulement à Paris. L'exil était un titre qui lui valut la protection de M. Arago; il est accueilli, poussé, porté à l'Institut; on sait combien de pages il

(1) Voir ce résumé dans l'Univers religieux du 28 nov. 1845.

a écrites et signées contre le secrétaire perpétuel de l'Académie des Sciences. A la suite d'une volte-face rapide, il obtient la place de professeur à la Faculté. Ses succès devant les banquettes l'encouragent; une chaire est vacante au Collége de France, il la sollicite Pour se rendre MM. Quinet et Michelet favorables, il devient leur auditeur assidu, et on le voit donner le signal des applaudissements. La présentation a lieu, et M. Libri est nommé, à l'exclusion de l'honnête et savant, du modeste Liouville! MM. Michelet et Quinet ont voté pour M. Libri. A d'autres, maintenant.

. Bientôt, M. de Salvandy demande qu'une censure atteigne les deux professeurs si fêtés par la jeunesse des écoles. Le Collége de France s'assemble, et trois confrères de MM. Michelet et Quinet votent contre leur enseignement. A MM. Lerminier et Michel Chevalier se joint M. Libri. La trinité est complète. »

Il résulte de l'article de la Réforme que MM. Michelet et Quinet, appelés à se donner un collégue, avaien préféré M. Libri à l'honnête et savant M. Liouville, parce que M. Libri, pour se les rendre favorables, se montrait leur auditeur assidu et donnait ostensiblement le signal des applaudissements. Cela prouve, après tout, que M. Libri sait juger les hommes, du moins les hommes qui font, comme lui, la guerre à l'Eglise. Le National termine ainsi un long article sur le même sujet :

.M. Libri enseigne l'italien aux filles de M, Guizot; il est devenu la bonne d'enfants de la maison; il a ses entrées libres dans le journal de tous les précepteurs (les Débats). Et voilà pourquoi M. Libri peut impunément forcer les mains à une administration, pour faire nommer le suppléant qui lui plaît; menacer de dénon.

cer un conseiller, si on lui refuse ce qu'il demande; réaliser sa menace, insinuer publiquement que ce conseiller sert d'autres intérêts que ceux de l'enseignement, l'accuser d'avoir un systême de tracasseries, écrire au ministre qu'il manque d'égards, et recueillir pour tout cela deux articles de M. de Salvandy! Quelle puissante administration! quelle haute idée elle donne du pouvoir, par la manière dont elle l'exerce !

• Cet abaissement du pouvoir est le seul côté grave de cette affaire, le seul aussi qui méritait d'être relevé. Et ce qu'il y a de plus déplorable, c'est de voir précisément devant quel homme le ministre a ainsi perdu la conscience de ses devoirs, de sa force et de sa dignité (1)! »

Tel est donc, suivant tous ces divers journaux, cet homme expulsé de sa patrie, et qui fait un crime aux Jésuites d'avoir été expulsés aussi (2); tel est cet honnête citoyen qui accuse le clergé français « d'enfreindre les lois fondamentales de l'Etat et de prêcher la discorde (3). Si l'expatriation forcée prouvait qu'on a foulé aux pieds les lois de la patrie, et qu'elle vous a

(1) Voir l'Univers du 29 nov. 1845.

(2) Lettres sur le Clergé, lettre II. M. Libri ne se contente pas de ramasser çà et là tout ce qu'il rencontre d'objections surannées; il donne aussi des leçons de français (pag. 34.) Or, voici un échantillon du beau langage que l'on peut souvent admirer dans les Lettres de M. Libri:

[ocr errors]

« Il y a quelques années, l'Eglise Saint-Simonienne a déjà offert le même spectacle. Ces remarques ont été faites par M. Lemoine, jeune et spirituel écrivain, qui, ayant raconté dans les Débats ce qu'il avait vu dans les églises de ces néo-chrétiens, violents ennemis des épicuriens et des sceptiques, s'attira dans l'Univers cette singulière réponse (pag. 41). »

(3) Ibid., Avertissement, pag. ix.

justement proscrit, ce ne serait pas à un réfugié qu'il appartiendrait jamais de le dire, de l'écrire, de l'imprimer, à moins qu'il ne lui plût de se flétrir lui

même.

Le journal l'Esprit public était en guerre avec M. Du- bois, ancien membre du Conseil royal de l'instruction publique, resté, comme tous ses collègues, membre du Conseil de l'Université. Je dois reproduire de ce débat les lignes suivantes, qui prouvent toute l'importance de M. Dubois, puisqu'elles contiennent l'énumération de ses places et d'intéressants détails sur la manière dont il les remplit :

« Nous avons dit que l'augmentation du traitement demandée par M. Dubois, à l'Ecole polytechnique, avait coïncidé malheureusement avec la suppression de la table des convalescents. Sur ce point, que nous répond M. Dubois? rien. Est-ce cette suppression que les professeurs ont cru demander, et les Chambres sanctionner? En ce moment, le ministre de l'instruction publique demande diverses allocations aux deux Chambres. En cas de refus, s'il les prenait sur les traitements de M. Dubois, que dirait M. Dubois ?

M. Dubois n'a qu'une leçon par semaine à l'Ecole polytechnique. C'est peu, du moins pour lui. Cependant, il s'est toujours fait suppléer par le répétiteur pour la correction des copies, qui est la partie la plus importante de ses fonctions.

« M. Dubois parle de ses nombreux élèves, comme d'un succès dont pourrait se vanter le professeur d'un cours libre et public. Il ose croire que son enseignement lui a valu quelque estime. Ignore-t-il donc ce qu'on a dit tout haut à l'Ecole polytechnique et partout? Est-ce un

cours véritable de littérature, ou un cours d'amplification oratoire, la répétition pure et simple de la rhétorique des Colléges? Faut-il encore rappeler un fait à M. Dubois? Il a l'habitude de terminer sa dernière leçon par une espèce de péroraison où il déploie toutes les ressources de l'éloquence antique pour solliciter de la manière la plus claire et la plus formelle quelques applaudissements. Est-ce à un sentiment d'estime qu'il les a dus jusqu'ici?

« Le règlement de l'Ecole normale porte que le directeur fera un cours quelconque. Tous les prédécesseurs de M. Dubois ont obéi à cette prescription (1). M. Dubois délégue ce cours obligé à un sous-directeur. 11 se dit accablé de travaux, empêché surtout par ses fonctions de député. Comment done se fait-il qu'il ait le temps d'être rétribué à l'Ecole polytechnique, et qu'il ne l'ait plus pour faire son devoir à l'Ecole normale?

<< M. Dubois veut bien nous donner le total de ses deux traitements. Il n'a, dit-il, que deux traitements. Nous lui en connaissons quatre, pour ses places de conseiller de l'Université, de directeur de l'Ecole normale, de professeur à l'Ecole polytechnique, pour la présidence des concours de l'agrégation. Nous passons sous silence différents avantages, comme le logement aux frais de l'Etat, etc. On lui prépare en ce moment, pour le mois d'avril, un immense appartement à la nouvelle Ecole normale d'Ulm.

<< Enfin, les deux traitements si modestes de M. Du

(1) Excepté M. Cousin, ce qui ne surprendra personne.

« السابقةمتابعة »