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un journal fort hostile aux disciples de saint Ignace de Loyola :

« Comment se fait-il que M. Rossi, qui n'a que le titre de ministre, reçoive à Rome, contrairement aux règlements, le traitement entier d'un ambassadeur ?

• Comment se fait-il, en second lieu, que le ministre des affaires étrangères lui compte, chaque mois, en sus de ce traitement, 2,000 (soit 24,000 fr. par an), pour la location de l'hôtel et du mobilier de son ambassade?

« Comment se fait-il enfin que, lorsque M. Rossi conserve, à Rome, tous ses traitements universitaires pour des fonctions qu'il ne remplit plus, on ne lui applique pas la loi du cumul, en réduisant dans une égale proportion son traitement diplomatique ?

<< Comment se fait-il, pour nous résumer, que M. Rossi, ministre de second ordre, jouisse à Rome, tout compte fait, d'un traitement de 182,000 fr., lorsqu'un ambassadeur n'en recevrait que 120,000? Il nous importe peu en réalité que M. Rossi fasse fortune aux dépens du budget; mais M. Guizot a dit tout récemment que les négociations relatives aux Jésuites pourraient bien durer pas mal de temps. Il est clair que si l'on fait à M. Rossi une situation telle qu'il soit le premier intéressé à prolonger les négociations, il n'y aura plus de raison pour que cela finisse (1). »

Voilà, sans doute, pourquoi un autre journal appelle M. Rossi un triple Escobard (2).

(1) Le Siècle, 11 févier 1846.
(2) Le National, 2 août 1845.

Tour-à-tour Italien, Suisse, Français, M. Rossi nous devra rester.

Car, en moins de sept ans, il a obtenu successivement:

1° Des lettres de petite et grande naturalisation;

2. Une chaire de droit des gens à la Faculté de droit de Paris;

3° Une chaire de droit constitutionnel au Collège de France;

4° La pairie;

5° La croix d'officier ou de grand-officier de la Légion-d'Honneur;

6° Une place à l'Institut;

7° Une place au conseil royal de l'Université ;

8° Le titre de doyen de la Faculté de droit de Paris. Assurément, c'est une plaisante comédie que de voir à la tête d'une mission diplomatique chargée de poursuivre l'ambition des Jésuites, un tel accapareur de sinécures. Mais là ne s'arrête pas cette honteuse plaisanterie. Une chose remarquable, c'est que le fils du régicide Thuriot se trouva premier secrétaire de l'ambassade française à Rome, au moment de la négociation entamée en 1845 par M. Rossi, et que ce fut le même qui apporta en France la nouvelle des concessions faites par le P. Roothaan. Le fils d'un régicide mêlé à des négociations contre des Religieux que leurs ennemis ont accusés d'enseigner des doctrines meurtrières, suivant l'expression des Parlements voilà de ces contrastes dans lesquels la Providence se rit des hommes et se venge de leurs passions.

Mais M. Libri, courageux auteur des Lettres sur le Clergé, n'obtiendra-t-il pas de pardon, à ce titre ? L'ar

deur avec laquelle il jette de la boue sur la robe des prêtres d'un pays qui lui a donné une hospitalité si lucrative, ne lui fera-t-elle pas trouver grâce pour quelques peccadilles? Mon Dieu, non, et voici les attaques dès le moment de sa présentation pour l'Académie des Sciences :

« Le Constitutionnel connaît-il des hommes plus forts que M. Liouville en mathématiques? connaît-il des chimistes plus capables que MM. Pelouze et Régnault? Qui donc eût-on préféré à MM. Sturm et Liouville? M. Libri apparemment. Il n'y a que M. Libri qui puisse le penser et l'insinuer, sinon le dire. Aussi a-t-il pris la peine de s'en charger lui-même, car il est impossible d'attribuer à d'autres l'étrange factum dont le Constitutionnel a osé prendre la responsabilité.

L'article alors s'explique tout seul. L'aigreur d'un candidat malheureux, d'un savant rudement battu à l'Institut par M. Liouville, la rancune qui perce de toutes parts contre l'influence de M. Arago, tout dénote l'auteur, et, avec l'auteur, les faits mal présentés, les accusations injustes (1). »

Voilà donc M. Libri accusé de s'être louangé lui-même et d'avoir déprimé de doctes concurrents. Nous ne pourrions avoir une plus noble idée de sa modestie et de son désintéressement.

En portant son jugement sur une comédie jouée au Collége de France, à propos de MM. Michelet et Quinet, qu'il s'agissait de rappeler à l'ordre, sur la proposition de M. Salvandy, ministre de l'instruction publique, un journal fouriériste énumérait ainsi les méfaits de l'un

(1) Le National, 22 août 1844.

des juges; de M. Libri, qui, dépassant, dans le Journal des Débats, la ligne des deux professeurs (MM. Michelet et Quinet), répandit tant de fiel contre les disciples de Loyola, et même contre tous les représentants du ca tholicisme. Puis, la feuille ajoutait: MM. Libri et Lerminier se sont faits auxiliaires du pouvoir, dans cette campagne, contre l'indépendance de la pensée (1). »

« M. Libri, disait une autre feuille, a été chargé de rédiger un manifeste contre ses collègues, et le Journal des Débats lui a offert une généreuse hospitalité. L'habileté des Escobar et des Sanchez brille à un haut degré dans cette pièce étrange (2). »

Au mois de novembre 1845, M. Libri était en guerre avec M. le ministre de l'instruction publique. La Réforme résumait ainsi les causes de ce débat :

« M. Libri, deux fois professeur, est décidé à ne tousser cette année ni son cours du Collège de France, ni celui de la Faculté des sciences. Mais il ne paraît pas moins décidé à émarger la double feuille d'appointements. Il apprend aujourd'hui aux lecteurs du Journal des Débats, qui n'auront cependant jamais le mauvais goût d'aller l'entendre en chaire, qu'il n'y montera pas, à cause de sa santé chancelante. A le voir si gros, si gras, on le supposerait cependant assez bien portant. »

La Réforme ajoutait que M. de Salvandy ne s'étant pas soumis assez vite aux exigences de M. Libri, ce dernier avait tout de suite attaqué son chef. Le trait n'a rien qui doive surprendre. Quelques lignes encore du Courrier français et du Siècle prouveront de quel degré de con

(1) Démocratie pacifique, 16 juillet 1845. (2) Courrier français, 11 juillet 1845.

sidération M. Libri, libéral, universitaire et grand ennemi des ultramontains, jouit auprès des journaux de son propre parti.

Le Courrier français.

• On accuse souvent l'opposition d'attaquer le Ministère, coûte que coûte, à propos de tout. On a tort, M. Libri, profondément alarmé de voir retarder d'un jour le cours de son suppléant, se révolte contre M. de Salvandy, dans le Journal des Débats; il ne peut concevoir qu'une dépêche ait été retardée d'un jour. Nous ne partageons pas l'indignation de ce professeur, car nous ne pouvons pas assurer que l'opposition de M. Libri soit sincère et désintéressée, et qu'elle ne parte pas de quelque rancune cachée à propos de services mal recon

nus. »

Le Siècle :

« M. le ministre de l'instruction publique et M. Libri viennent d'échanger, dans le Journal des Débats et le Messager, une correspondance curieuse, en se renvoyant les plus aigres démentis au sujet d'une autorisation que M. Libri a demandée pour se faire suppléer, cette année, dans sa chaire du calcul des probabilités à la Sorbonne. Si notre mémoire nous sert bien, il y a quelques mois à peine, quand les mesures de rigueur furent provoquées au Collège de France à l'égard de MM. Michelet et Quinet, M. Libri a prêté un concours actif et dévoué au projet de M. de Salvandy; comment se fait-il donc que ce touchant accord ait si promptement disparu? »

Nous ajouterons une nouvelle citation de la Réforme : Dans sa curieuse lettre, M. Libri suppose qu'il y a une conspiration ourdie contre lui. Il n'accuse ni lę

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