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Le miel du mont Hybla, les figues de Corinthe,
Et l'amphore de vin crétois.

Et joyeux de ces dons, aux frais de l'auditoire,
Ils adoptaient pour chaire un roc du promontoire;
Tous leurs biens se bornaient à ces humbles profits;
L'âge seul éteignait leurs éloquentes flammes,
Et ces chastes rhéteurs mouraient vierges de femmes,
Et ne laissaient rien à leurs fils.

Quand l'archonte venait dresser leur inventaire,
Il trouvait pour tout bien la robe héréditaire,
Une tasse hydraulique et le noueux bâton;

O Cousin, avec l'or que ton ame dévore,
On eût nourri cent ans Socrate et Pythagore
Et ton divin maître Platon.'

Voilà les vrais progrès de la philosophie !

Oh! que tu nages bien dans ta sphère élargie!

Déjà ton œil rusé lorgne un septième emploi;

Poursuis, rhéteur doré; dans nos jours de souffrance,

Il faudrait seulement, pour affamer la France,

Dix philosophes comme toi!

Ah! que le Siècle ne réimprime-t-il la première Némésis, pour absoudre Mgr de Chartres, et faire admirer de plus belle les évolutions poétiques de M. Barthélemy:

Si ce n'est pas assez des jugements sur la valeur philosophique et oratoire de M. Cousin, en voici d'autres sur sa valeur morale:

« Les philosophes officiels, couronnés à l'Académie et patentés pour moraliser le peuple-français, aiment mieux donner à Sganarelle des conseils que de l'argent. C'est moins coûteux; d'ailleurs, on a sur ce sujet une théorie toute prête: donnez de l'argent à l'ouvrier,

il peut en faire un mauvais usage, boire, se livrer à des orgies. Si vous lui donnez de bons conseils, il est impossible qu'il en abuse; ce qu'il pourra faire de pis, c'est de ne pas les suivre.

• Cet ingénieux raisonnement appartient à M. Cousin, auteur de plusieurs beaux ouvrages, entre autres, d'une édition de M. Jouffroy, soigneusement revue et corrigée. Nous convenons avec lui que les bons conseils sont un remède anodin, qu'on peut administrer sans inconvénient, comme le docteur Sangrado administrait à ses malades de l'eau claire; mais ce régime est peu nutritif, et si des aliments substantiels peuvent donner des indigestions, du moins ils nourrissent.

« Je conseille à Sganarelle de renoncer à la bouteille, de ne plus vendre aucune pièce de son mobilier, d'alimenter sa femme et ses enfants. Je lui saurai gré des efforts qu'il pourra faire pour suivre mes avis; mais sans effort pénible, Sganarelle deviendrait tempérant, le bonheur de sa femme et celui de ses enfants seraient assurés, si les conditious sociales étaient améliorées.

Le bûcheron qui s'exténue à faire des fagots toute la journée dans la solitude des forêts, est vivement tenté de charmer ses ennuis, en prenant pour compagnon une bouteille. S'il était récréé par la conversation, s'il travaillait au sein d'un groupe d'amis, s'il variait ses occupations plusieurs fois dans la journée, Bacchus ne lui serait plus nécessaire.

« Faites élever les enfants du fagotier aux frais de la commune organisée; que ces enfants soient initiés de bonne heure à des travaux faciles, attrayants, de manière à couvrir promptement leur dépense; que l'association simplifie le travail de Martine; qu'elle puisse,

remettant parfois à d'autres le soin des enfants et du pot au feu, se livrer à des travaux lucratifs, dont le produit ne passe point par les mains de son mari, et tous les germes de discorde sont supprimés dans cette famille. Chacun fait son propre bonheur et celui d'autrui sans user ses forces à lutter contre la tentation. MM. Charles Dupin et Cousin peuvent remettre en poche, l'un son apologie des caisses d'épargne, l'autre ses sentences sur le rude sentier qui conduit à la vertu et à la pairie (1)..

Que reste-t-il? Devons-nous rappeler cette heureuse mutilation des écrits posthumes de Jouffroy, si vertement poursuivie par M. Pierre Leroux, par le National et par d'autres feuilles publiques? N'est-ce pas un spectacle digne de risée et de pitié, que de voir un philosophe faire ainsi main-basse sur la pensée d'un mort, et, dans un tendre amour-propre, faire parler de son expérience, à soi, là même où le défaut rudoyait votre inexpérience? Voilà l'homme qui s'est tant de fois posé en redresseur de torts et en Socrate condamné à la ciguë! Voilà ce que disent de sa philosophie et de sa tolérance, non pas les Jésuites contre lesquels il a chargé ses meilleures armes, mais les Revues qui distribuent la renommée, mais des philosophes comme lui, mais des journaux qui l'ont pratiqué et qui le savent par cœur. Faut-il s'affliger d'avoir de tels ennemis, ou s'en glorifier?

M. Villemain échappe-t-il, plus que MM. Thiers, Guizot et Cousin, à l'implacable colère de la presse? La manifestation de ses antipathies contre les Jésuites le sauvera-t-elle du moins de ce choc meurtrier ?

(1) Démocratie pacifique du 21 juillet 1845.

Voici le National du 16 mai 1844 qui éprouve quelque embarras à classer M. Villemain, et qui, unissant la finesse du bon goût à la plus exquise amabilité, va terminer un article par ce docte conseil : « Qu'il se livre à la culture des fleurs, et l'on saura, du moins, dire alors qu'il rentre dans l'horticulture. »>

Si un catholique s'avisait de réléguer ainsi M. le Grand-Maître dans le règne des choux et des raves, comme les radicaux du National feraient les braves et les plaisants!

Ce n'est pas tout. A propos de l'Ecole polytechnique et de sa réorganisation, le National du 10 septembre 1844 disait : La politique a eu ses verdets, mais la science n'a pas encore eu ses convulsionnaires; M. le maréchal Soult voudrait-il, par hasard, s'élever à la hauteur d'un Pâris? qui sait? M. Villemain est homme à tenir le goupillon de la croisade. »

Allons toujours. Le 17 novembre 1844, le même National disait encore : « Qu'attendre de M. Villemain, ce ministre sans idées et sans cœur, et que n'aurions-nous pas à dire si nous voulions rappeler, même en peu de mots, tout ce qu'il a commis d'actes indignes et lâches, depuis qu'il est au pouvoir ?... Tous ces actes portent l'empreinte de ce caractère sans élévation, sans force et sans dignité. »

Le 22 juillet 1844, le National disait de ce mème homme, par forme d'agréable persifflage, qu'il possède sans doute la bolle de l'empereur Alexandre. Comme c'est joli et heureux! Un journal de Lyon, le Censeur, habituel du National, disait, le 24 août 1844 M. Villemain n'est pas un homme fort passionné; mais de peur d'être insignifiant et mal dans le Conseil, il se rangera

toujours à l'avis de ceux qui veulent faire de la force, et comme il tient à la réputation d'homme habile et spirituel, il ne refuse pas son assentiment à des actes de finesse.»

Dernièrement, un rimeur apostat, qui a chanté tourà-tour le sacre de Charles X, la République et l'Em-. pereur, la révolution de 1830, la Syphilis et l'art de fumer, reprenant une Némésis interrompue devant l'émeute, flagellait M. Villemain,

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Ce rhéteur qui, d'une épaule oblique,
Supporte mal le poids de la chose publique.

C'était dans le Siècle, journal universitaire, qu'on disait cela, en ajoutant un mois plus tard que M. Villemain n'est pas l'Apollon du Belvédère. M. Barthélemy, dans sa première Némésis, avait déjà chanté :

Et le beau Salvandy, femme changée en homme;
Et le laid Villemain, professeur aux longs cours,
Qui vendit sa jeunesse et son premier discours,
Le jour qu'à l'Institut, lauréat néophyte,

Il brossa de baisers la botte moscovite;

Qui depuis, sous les yeux des colléges souffrants,
Dans l'Université broute vingt mille francs.

Voilà au physique et au moral, d'après les défenseurs de son projet de loi, si habilement disposé pourtant contre les Jésuites, quel est M. Villemain, un homme sans idées et sans cœur.

Et M. Rossi, l'habile négociateur envoyé à Rome pour y plaider la suppression des Jésuites français ? Nous nous en tenons pour lui aux questions posées par

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