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M. de Lamartine a fait un résumé complet et fidèle du système : tant pis pour M. Thiers si son nom tient une si grande place dans cette triste histoire. Quand on a joué la comédie de 1840 et rappelé notre flotte pour laisser bombarder Beyrout, on ne saurait avoir sincèrement la prétention de montrer son ministère comme faisant exception à la marche régulière qui a été suivie depuis quinze ans (1). »

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«M. Thiers et M. Guizot sont les fils du même sang, et les commis du même système (2). »

-On parle beaucoup de l'esprit de M. Thiers, et il faut bien lui en supposer, puisque tout le monde lui en accorde; mais convenons que cet esprit est de la pire espèce. Qu'est-ce donc qu'une intelligence qui, incapable d'embrasser une grande entreprise et de la mener à bonne fin, s'en va, toujours guidée par l'intérêt personnel, se perdre dans les détours d'une ambition impuissante et vaniteuse? Singulier personnage, en effet, pour en faire un grand homme d'Etat! Est-ce donc que, étant ministre, il n'a pas mis la profusion et le mauvais goût dans tous les arts de la paix dont il s'est mêlé? et qu'a-t-il alors retiré autre chose que la honte et le mépris de toutes ses velléités guerrières ? Qu'on voie seulement cet homme, qui porte une tête difforme sur le corps d'un nain; qu'on écoute cette verbeuse et inféconde parole débitée avec l'accent félé d'une voix de vieille femme; qu'on pénètre les motifs cachés de sa tortueuse conduite, et l'on sera tout stupéfait de l'importance exagérée qu'il se donne à lui

(1) National, 8 mai 1815.

(2) Ibid., 20 janv. 1816.

même, et que des gens trop naïfs lui accordent leur confiance. En vérité, il faut toute la sotte admiration que notre époque concède à cette espèce de feu follet qu'on appelle esprit, pour qu'un pareil homme ait pu prendre de l'ascendant sur elle.

«M. Thiers est une erreur de la nature qui l'a fait naitre après son temps; il aurait dû venir au monde pendant le moyen-âge. Les gens crédules d'alors l'auraient regardé comme un des génies malfaisants qui rôdaient la nuit dans de pauvres maisons pour troubler le sommeil des animaux domestiques et mettre en désordre les ustensiles de ménage. Notre crédulité, à nous, est de l'avoir pris sérieusement pour un grand personnage, et notre folie de lui avoir, à deux fois, mis entre les mains l'honneur de la France qu'il a laissé outrager, et ses finances qu'il a scandaleusement dilapidées.

• Jusqu'à quand, enfin, M. Barrot, vous fierez-vous à la fortune de cet homme, et compterez-vous sur la bonne foi d'un partenaire qui joue avec des dés pipés? Ne voyez-vous pas qu'il ne se passionne jamais qu'à froid, et qu'il met de la duplicité jusque dans ses emportements? Avez-vous donc oublié les lois de septembre? Ne vous souvenez-vous plus de la loi sur les fortifications, de la loi sur la régence, et de plusieurs autres encore qu'il avait préparées de concert avec vos ennemis, et qu'il a fait voter par vous, contrairement à vos propres principes? A lui et aux siens les fortifi cations sont restées, la loi de régence leur profitera; mais vous attendrez long-temps, soyez-en sûr, les réformes qui vous ont été promises (1). »

(1) Revue indépendante, tom. XIV, pag. 584.

«M. le maréchal Soult n'a pas écrit, il est vrai, une Histoire du Consulat et de l'Empire; il a mieux fait, il a pris part lui-même à ces évènements dont l'immensité vous écrase (1). Nous ne parlons pas de l'autorité de son nom; mais vous seriez trop heureux d'avoir un coup-d'œil politique si juste et si sûr, et souvent, dans les discusions de la Chambre, un mot du maréchal Soult a plus pesé dans la balance bue toutes vos phrases (2). »

« Notoirement hostile à une certaine partie du christianisme, à celle précisément qui a dans ce pays les plus vieilles et les plus profondes racines; hostile au catholicisme; en un mot, plein d'indifférence à l'égard de toutes les autres sectes et à l'égard de la philosophie elle-même, M. Thiers n'est pas éloigné de croire que tout cela se peut parfaitement règlementer par un petit nombre d'arrêtés et d'ordonnances qui, tout en repoussant, tout en contristant les uns, ne donneraient aux autres, en définitive, aucune espèce de satisfaction.

<«< M. Thiers ne veut pas comprendre que s'il est absurde d'ériger une croyance en religion de l'Etat, il est plus illogique peut-être, plus intolérable encore que l'on conserve envers cette croyance l'esprit de haine et de prévention, depuis qu'elle a perdu, si l'on peut ainsi parler, sa position officielle. Il ne veut pas comprendre que c'est compliquer de gaîté de cœur un pro

(1) Ce n'est pas ce que disait le même Journal (5 août 1845), par l'organe de M. Saint-Marc Girardin; ni le 10 février 1846, dans un article de M. Victor Leclerc.

(2) Journal des Débats, 13 nov. 1845.

blème déjà si difficile à résoudre, que d'insister sur des querelles qui, depuis long-temps, n'ont déjà plus évidemment qu'une importance factice. Il ne veut pas comprendre que l'esprit de 1830 est surtout un esprit de tolérance et de conciliation, qui, sans désarmer l'Etat contre tout excès préjudiciable à la morale publique et à la paix du royaume, doit un jour investir le citoyen du droit de former, selon les inspirations de sa conscience, l'intelligence et le cœur de ses enfants (1). »

Au mois de mars 1846, le parti de M. Thiers proposa à la Chambre de décréter certaines incompatibilités avec des emplois publics, et ces mesures devaient atteindre notamment les gens de la maison du Roi. C'est à ce sujet qu'un journal dynastique s'exprimait de la manière suivante :

« Il est évident que cet amendement a été concerté avec M. de Rémusat et avec M. Thiers. Ainsi, M. Thiers et ses amis insultent le Roi des Français, parce qu'il n'y a pas de danger; mais M. Thiers et ses amis n'osent pas souscrire pour la Pologne, parce que ce serait fâcher l'empereur de Russie et le roi de Prusse, ce qui pourrait bien empêcher M. Thiers de redevenir ministre (2).

- Avec M. Thiers, la Chambre a ri beaucoup. Elle n'avait aucun motif de garder son sérieux en face de M. Thiers; car, en matière de paradoxes et en fait de palinodies, il n'y a pas d'homme plus divertissant à la Chambre que l'ex-ministre du 1er mars (3). »

(1) Le Courrier français, 24 février 1846.

(2) L'Epoque, 16 mars 1846.

(3) Le Rhône, 20 mars 1846.

--Le Constitutionnel et le Siècle sont d'étonnants comédiens, mais il faut avouer qu'ils traitent un peu trop le public en Géronte. Ils répandent toutes les colères de leur indignation sur le discours de M. Guizot, sur sa sécheresse, sur son insensibilité envers la Pologne expirante, et oublient qu'à côté d'eux, ou plutôt à leur tète, ils ont leur héros, leur grand homme, leur divinité infaillible et admirée, qui n'a pas même daigné apporter à la Pologne l'hommage de sa souscription (1). Ils trouvent mauvais que M. Guizot ne se compromette pas envers les puissances, mais ils trouvent bon que M. Thiers se ménage auprès d'elles. Nous ne cesserons de signaler au public la justice distributive de ces feuilles. Pourquoi tant d'imprécations contre M. Guizot, et tant de complaisances pour M. Thiers (2)? »

Nous en sommes à nous demander qui a pu dicter à M. Thiers tant d'attaques, de si vives et parfois de si odieuses attaques non-seulement contre la royauté, ce qui serait déjà blâmable, mais encore contre le Roi. Les choses ont été si outrées, que l'écrivain le plus éminent et le plus vif du parti républicain a pu s'écrier au milieu de vingt confrères: Je ne suis jamais allé plus loin que cela. Nous ne trouvons à ces attaques qu'une seule explication tant soit peu plausible: c'est une inconcevable légèreté (3). »

Le National du même jour, tout en reconnaissant

(1) Le même homme qui n'a pas su trouver un mot pour la malheureuse se Pologne, avait loué en pleine Chambre des Députés les corpsfrancs insurgés contre Lucerne.

(2) L'Esprit public, 15 mars 1846.

(3) L'Epoque, 18 mars 1846.

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