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et blessant là, célébrant qui les accepte et insultant qui les méprise c'est à ce double emploi qu'elles doivent leur faveur et leur sportule. J'entends par sportule la protestation banale et à la fois empressée, le pied d'égalité avec les meilleurs.....

L'épicuréisme, mais un épicuréisme ardent, passionné, inconséquent, telle est trop souvent la religion pratique des écrivains d'aujourd'hui, et presque chacun de nous, hélas! a sa part dans l'aveu. Comment, après cela, s'étonner que l'arbre porte ses fruits? Dante inscrivait à la fin de chaque livre de son poème sa devise immortelle, son vœu sublime : Stelle.... alle stelle! La devise de biens des nôtres serait en franc Gaulois Courte et bonne (1) ! »

A une date plus récente, d'autres juges s'adressant aux mêmes accusés, leur faisaient entendre, sans trop de précautions oratoires, des vérités aussi peu flatteuses; nous continuons à citer. Le monde parisien, le monde littéraire se connaît assurément lui-même :

« DES ROUÉS BETES..... Vous avez beau vous fâcher, c'est le mot. Nous sommes devenus cela, grâce aux progrès du temps, grâce aux conseils des philosophes. Ah! vous croyez qu'on supprime chez un peuple l'idée et l'image, et qu'il gardera le cœur et l'esprit! Vous vous trompez singulièrement. Les grands peuples vivent par les idées, les grandes choses par les images. En détruisant, comme vous avez fait, tous les symboles, vous avez nécessairement détruit toutes les grandes idées qu'ils représentaient (2).

(1) Revue des Deux-Mondes, 1843, tom. XII, pag. 12-16.

(2) La Presse, 6 avril 1845.-Et c'est un gérant de ce journal qu'on a vu figurer dans une scène de roués.

La Revue des Deux-Mondes déclare que nous sommes << dans un siècle où l'on s'efforce de vivre, au lieu de se laisser vivre, et où la vie est la plus grosse affaire; » que nous sommes rongés par l'égoïsme, qui cherche autour de lui, au-dessus de lui, dans le passé surtout, les points de comparaison avec lui-même et ses différences, pour s'accommoder le plus possible de ses découvertes. Tout cela est dit en vue du roman et de sa nature envahissante, puis on ajoute : « Quand un art qui ne se respecte plus, et un public qui s'est laissé insensiblement pervertir, en sont venus, l'un à résumer dans une œuvre (1) tous les précédents excès, l'autre à applaudir cette éclatante débauche du talent, suprême tour de force qu'on ne peut dépasser d'une ligne sans déshonneur, n'est-ce pas le signe funeste (2)? »

« L'histoire des lettres est en pleine régence aujourd'hui, et c'est le feuilleton qui l'a menée là par la main (3). « Le roman sert du poison, ou peu s'en faut, avec une fausse étiquette, c'est-à-dire que, pour dernière ressource, il est devenu licencieux avec des airs de moraliste. Dans sa dernière transformation, qui l'aurait cru? il n'a pas trouvé d'autre moyen de se renouveler que de ressusciter Mercier et Rétif de la Bretonne. Oui, Rétif et Mercier (4). ► A « Mercier et Rétif sont dépassés de mille stades; leur genre s'est grandement perfectionné; leurs peintures n'ont jamais eu,

(1) Les Mystères de Paris, par E. Sue.

-

(2) Revue des Deux-Mondes, 1844, tom. V, pag. 75-76.

(3) Revue, etc., ibid., pag. 79.

(4) Ibid.

comme les nôtres, ce parfum de bagne et cette odeur de bouge (1).»

Mais qui donc a pu commettre ce crime de lèsepudeur signalé par la Revue? - Le Journal des Débats, la même feuille qui se trouva prise d'une si grande rougeur, émue d'un si grand trouble, en lisant un Abrégé latin de Théologie. C'est dans les colonnes de ce journal que se sont étalées les débauches de talent stigmatisées par la Revue des Deux-Mondes.

Au moins le libertinage du xvIIe siècle, poursuit la Revue, était plein de franchise. La littérature sensuelle de ce temps-là disait son vrai nom, elle tenait boutique et mettait enseigne; Crébillon fils et Diderot ne vous prenaient pas en traîtres, et lorsque vous entriez dans leur cabaret, vous saviez d'avance quel vin on allait vous servir. Les choses se passent aujourd'hui d'une autre façon; c'est à la faveur d'un déguisement que la corruption se glisse partout, et l'on ne sait si elle s'est frottée de philanthropie, comme on prend un passe-port pour circuler plus librement, ou si c'est par un de ces raffinements qui ne sont possibles qu'avec des régences et des directoires, et qui sont un assaisonnement piquant, un attrait de plus.

« L'époque est engouée de philanthropie, vous êtes philanthrope; les monts-de-piété, les caisses d'épargne, les bagnes et les prisons sont les sujets en apparence favoris de vos veilles laborieuses. Vous avez les plus tendres sympathies pour les classes populaires, et vous n'êtes certes pas court de projets pour améliorer leur moralité et leur bien-être. Il est vrai que, en cette ma

(1) Revue des Deux-Mondes, ibid., pag. 81.

tière, vos innovations sont de la veille, et que pour la plupart ce sont les enfants légitimes de pères bien connus; mais le public n'est pas dans le secret de ces généalogies, et vous avez tout le mérite de l'invention (1).

. Enfin l'argot est venu la langue des bagnes et des lieux infâmes, la langue des voleurs, des assassins, des filles de joie, cette langue éloquemment infernale, qui offre, avec un cachet de vérité effroyable, ce qu'il y a de plus profondément triste en ce monde, je veux dire le vice et le crime arrivés à leur dernière expression, à la raillerie; l'argot a été intronisé dans le roman (2). C'est pourtant un illustre poète (3) qui, le premier, osa porter la main sur cet horrible vocabulaire, et qui crut faire ce jour-là une heureuse trouvaille, ne se doutant pas que, en obéissant à sa passion du pittoresque et de l'antithèse, il démantelait les frontières et livrait passage à l'invasion. L'invasion est arrivée, une véritable invasion de barbares dans le royaume de l'art, autrefois si bien gardé. Leur langue ayant pénétré par les brèches ouvertes, les courtisanes de bas-étage, les escrocs et les assassins ont rompu leur banc, et ont pris brutalement possession de ce pays qu'habitaient naguère Corinne et René (4). »

Enfin, la Revue ajoute que les Mystères de Paris, qui lui ont donné l'occasion de dire tant d'utiles et incontestables vérités, " regorgent de vices et de crimes;

(1) Revue, ctc., ibid., pag. 81-82.

(2) Revue, etc., ibid., pag. 82.

(3) Victor Hugo, dans le Dernier jour d'un condamné. (4) Revue, ect., ibid., pag. 83.

que c'est un Botany-Bay infect où quelques honnêtes gens s'égarent et servent d'attrape pour les sots et de sel pour les délicats (1). »

Maintenant, c'est à ceux qui ont ouvert cet infect Botany-Bay, c'est aux Débats à s'arranger avec la Revue des Deux-Mondes.

«

L'austère écrivain par qui ont été révélés ces honteux Mystères que la Revue flétrit avec énergie, s'est vanté de remplir cependant une grande mission, en dépassant encore ce dernier ouvrage. Après un hymne chanté à la gloire des hardis et consciencieux travaux de MM. Libri, Quinet, Michelet, Génin, etc., ces œuvres de haute (tout est haut chez nous) et impartiale intelligence,» il déclarait, en 1814 (2), qu'il « s'estimerait heureux d'avoir pu apporter sa pierre à la digue puissante et, espérons-le, durable, que ces nobles esprits ont élevée contre un flot impur et toujours mena

cant. >>

Nous venons de voir quelle pureté distingue le flot du romancier. Si la valeur de la pierre qu'il a voulu apporter à la digue n'était pas assez connue, il suffirait de rappeler que saint Paul et Bossuet sont ignoblement baffoués dans cet écrivain qui s'annonce avec des prétentions de moraliste; qu'à son gré, le « livre terrible · et désolant qu'on a eu l'audace d'appeler l'Imitation de Jésus-Christ, ne contient que des pensées de vengeance, de mépris, de mort et de désespoir (3); que ce livre par conséquent, le plus beau qui soit sorti de la main

(1) Revue, etc., ibid., pag. 93.

(2) Le Constitutionnel, 17 juillet 1845. (3) Ibid., 25 juin 1845.

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