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CHAPITRE III.

FRANCE.

II.

L'abbé Chauvelin.-Portrait de ce conseiller au parlement.-Sa conduite dans une affaire concernant l'autorité de l'Eglise. —11 dénonce au parlement les Constitutions des Jésuites (17 avril 1760.) - Exemplaire des Constitutions apporté au parlement par le P. de Montigny.-Ce même exemplaire revenu aujourd'hui aux mains des Jésuites.-Discours de Chauvelin contre les Constitutions. Déclaration du Parlement (2 août 1761) qui demande à chaque maison de Jésuites ses titres d'établissement.-Le procureur-général appelle comme d'abus des Bulles, Brefs, Lettres apostoliques.—Arrêt du 6 août 1761 condamnant au feu divers ouvrages des Jésuites, etc.-Livre des Pères Mcnoux et Griffet sur cet arrêt; examen de ce livre.-Lettre de d'Alembert sur les réquisitoires et procédures parlementaires. - Convocation des évêques français à Paris : ils sont consultés sur quatre points principaux.-Quarantecinq évêques, sur cinquante-un, se prononcent en faveur de la Compagnie.

-Leur Avis est publié ; examen de cet Avis.- Monseigneur de Fitz-James, évêque de Soissons, se déclare contre les Jésuites, en rendant hommage à l'irréprochable pureté de leurs mœurs.- Erreur de M. de Saint-Priest sur le nombre des prélats qui se déclarent pour les Jésuites. D'Alembert, à ce sujet.

Il y avait au Parlement de Paris un conseiller-clerc, appelé Chauvelin. C'était un petit homme laid, bossu, entêté, ardent, fougueux, plein de préjugés, implaplacable ennemi des Jésuites (1), et empressé de paraître. On n'eut donc pas de peine à le mettre en

avant.

Du reste, il avait déjà fait ses preuves. Ainsi, en 1753, Louis XV ayant ordonné au Parlement de Paris de suspendre des procédures qui attaquaient directement l'autorité de l'Eglise, ce fut l'abbé de Chauvelin bien connu pour être un des coryphées du parti janséniste, qui fit prendre par sa cour un arrêté portant qu'elle ne pouvait obtempérer, qu'elle ne pouvait renoncer à se mêler du refus de sacrement. Cette révolte se prolongea plusieurs années, et aboutit à l'assassinat du roi par Damiens, en 1757. Ce fut encore l'abbé de Chauvelin qui, dans le procès des Jésuites, osa le premier produire contre eux un prétendu édit de Henri IV, édit dont la supposition fut alors démontrée, et plaça quel

(1) Montjoie, Eloge historique du P. Berthier, pag. 105.

ques-uns de Messieurs du Parlement sur la ligne des faussaires en écritures publiques (1).

Le 17 avril 1760, l'abbé de Chauvelin, qui trouvait temps pour tout, même pour s'intéresser aux débuts de l'acteur Lekain (2), et au succès des tragédies de Voltaire, occupation fort édifiante dans un Janséniste, dénonça au Parlement de Paris les Constitutions de la Société : ce fut là le premier acte public d'hostilité contre les Jésuites. Il dénonça les Constitutions « comme renfermant plusieurs choses contraires au bon ordre, à la discipline de l'Eglise, et aux maximes du royaume. » Cette découverte méritait d'être accueillie, et le fut surle-champ par les magistrats qui ordonnèrent aux Jésuites de déposer dans trois jours, au greffe civil de la Cour, un exemplaire de leurs Constitutions, de l'édition de Prague faite en 1757. Dès le lendemain, samedi matin, 18 avril, les Jésuites obéirent, et l'exemplaire requis fut apporté par le P. Antoine de Montigny, procureur de la Province de France (3).

(1) Voir le n° 7 et le no 8 du tom. I des Documents sur la Compagnie de Jésus (publiés par M. de Saint-Victor), et le no 13 du tom. II, pag. 71.

(2) Journal le Droit, 15 mai 1845.

(3) Etrange destinée des livres ! Ce même volume est revenu aux mains de la Compagnie qui l'avait fourni. Le Père Cahour a écrit son livre des Jésuites en travaillant sur l'exemplaire déposé par le Père de Montigny. Il porte l'inscription suivante, non signée, il est

Le fameux abbé Terray, puis de l'Averdy, qu'on vit arriver en 1763 au contrôle général, où il trouva moyen de s'enrichir, mais d'où son impéritie le fit descendre pour trainer dans l'oubli une vie inutile, qui se termina à la guillotine en 1793 (1), avaient été nommés rapporteurs. Ce choix annonçait assez quel devait être le résultat de l'enquête.

Le 2 juin était le jour indiqué par l'arrêt du 17 avril pour entendre le rapport de messieurs les gens du roi ; mais le samedi matin, 30 mai, arriva un ordre de Louis XV, lequel portait que Sa Majesté « voulant prendre connaissance par elle-même des Constitutions de la Société des Jésuites, ordonnait au Parlement de lui envoyer à Marly, le lendemain dimanche, le premier président avec deux présidents et les gens du roi, qui lui apporteraient l'exemplaire desdites Constitutions remises au greffe par les Jésuites. »

vrai, mais dont l'écriture montre évidemment une plume du siècle dernier.

En ipsissimum exemplar quod, postulante Cauvellino, jubente parisiensis senatus janseniana factione, allatum ab optimo viro Patre de Montigny, S. I., et apud acta depositum, ansam præbuit, ficto Instituti crimine, Societatem eximiam PP. Jesuitarum in Gallia funditus disperdendi, stimulante R. pellice aliisque pessimis mul adulatoribus. Hodie mihi tanquam testamento nuncupatum et traditum ab eodem P. de Montigny, 120 kalendas maias 1762, Des Jésuites, 1re part., pag. 15.

(1) Georgel, Mémoires, tom. 1, pag. 50 et 59. Michaud, art. AVERDY (DE L')

Biogr. univ. de

Le 8 juillet, autre discours de l'abbé Chauvelin, pour dénoncer « les opinions pernicieuses, tant dans le dogme que dans la morale, de plusieurs théologiens jésuites, anciens et modernes ; » d'où le judicieux magistrat concluait que « tel était l'enseignement constant et non interrompu de la Société. » On ordonna encore des informations sur cette assertion de l'abbé.

Cependant, le roi avait fait dire au parlement qu'il comptait que l'on ne statuerait rien sans connaître ses intentions. Le 2 août 1761, il rendit une déclaration qui prescrivait à chaque maison de Jésuites de remettre au conseil les titres de son établissement, et qui enjoignait au Parlement de sursoir pendant un an à statuer sur l'Institut et les Constitutions de ces Religieux. Cette ordonnance n'empêcha pas que, quatre jours après, le procureur-général au parlement ne fût reçu, appelant comme d'abus....: généralement de toutes bulles, brefs, lettres apostoliques, concernant les prêtres et écoliers de la Société se disant de Jésus..., notamment en ce que son Institut serait attentatoire à l'autorité de l'Eglise, à celle des conciles généraux et particuliers, à celle du SaintSiége, de tous les supérieurs ecclésiastiques et du Souverain (1). On condamna au feu vingt-quatre ouvrages

(1) Procédure contre l'Institut et les Constitutions des Jésuites, etc., recueillie par un membre du Parlement, et publiée par M. Gilbert de Voisins, pag. 47 et 49. Paris, 1825.

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