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Pombal et ses pamphlets.-Les Pères de Mathos et Alexandre.—Le Père Malagrida étranglé et brûlé-Paroles de Voltaire sur cette atroce exécution. -Le Père Paciaudi. - Résumé des preuves qui établissent l'iniquité des accusations de Pombal.— Réhabilitation de ses victimes.-Leur aspect au sortir des prisons.-Jugement du maréchal de Belle-Isle, de Schall sur les procédures de Pombal.-Contradictions de M. de Saint-Priest à ce sujet.-Précautions de Pombal pour esquiver tout jugement à venir.-Il exile Jose de Scabra, un de ses scribes. — Les descendants de Pombal accueillent les Jésuites rétablis à Coimbre, de 1829 à 1832. —Le Père Delvaux sur la tombe de Pombal.

Il n'y avait pas de contrée au monde où la société des Jésuites eût plus de crédit, et fût entourée de plus de respect qu'en Portugal et dans les pays soumis à la cour de Lisbonne. « Les Jésuites lui avaient conquis des sujets nouveaux et utiles. A la Chine et aux Indes, ils avaient jeté sur le nom portugais l'éclat d'une prédication couronnée par le martyre (1). » Robertson, Buffon, Montesquieu, de Haller et bien d'autres écrivains, d'accord sur ce point avec Châteaubriand, quelles que fussent d'ailleurs leurs dispositions personnelles à l'égard du catholicisme, ont prodigué aux missions du Paraguay les témoignages d'une admiration profonde et désintéressée. Il est d'autres missions des Jésuites, beaucoup moins connues, et qu'un voyageur moderne a étudiées de préférence : ce sont les missions de la province de Chiquitos. Eclairé par les documents recueillis sur les lieux, et par le spectacle même du

(1) Alexis de Saint-Priest, Histoire de la chute des Jésuites. (Paris, Amyot, 1844, in-8o), page 5.

système religieux et administratif qui marche encore suivant les lois tracées primitivement par les Jésuites, le patient et habile voyageur a reconstitué d'une main sûre l'histoire et l'organisation des missions de Chiquitos. La comparaison qu'il fait des Jésuites avec les administrateurs subséquents, montre assez quelle perte ont faite les Indiens, en perdant leurs bienfaiteurs primitifs. Il serait impossible de ne pas admirer, avec le caractère personnel de ces Religieux, la sagesse du régime qu'ils avaient organisé. Le maintien de leurs règlements a suffi, malgré l'infériorité des hommes qui les appliquent actuellement, pour conserver la civilisation parmi les Indiens de Chiquitos, tandis que l'anéantissement de ces mêmes institutions replongea les Indiens du Paraguay dans toutes les misères de la vie sauvage (1).

Comment donc la première secousse qui ébranla ce superbe édifice de la compagnie de Jésus, vint-elle du Portugal? Un ministre ambitieux et sans principes, un roi faible, fainéant et sans mœurs, préparèrent et consommèrent cette catastrophe par des moyens bien étranges.

Sébastien Carvalho, plus tard comte d'Oeyras, ensuite

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(1) Alcide d'Orbigny, Voyage dans l'Amérique méridionale, tom. III, pag. 48 et suiv., tom. I, pag. 281. Paul Lamache Réponse à M. de Saint-Priest, pag. 60.

marquis de Pombal, avait été chargé des affaires de la cour de Lisbonne auprès de quelques cours d'Europe, et nommé ambassadeur à celle de Vienne, où il épousa en secondes noces une nièce du feld-maréchal Daun. Quand on le rappela en Portugal, ce fut pour lui donner une place dans le ministère. Carvalho était un des beaux hommes de son temps; il avait une taille avantageuse, un air noble et imposant, une force prodigieuse. Il s'était montré fort enclin au libertinage, et avait passé par tous les excès d'une jeunesse pétulante (1). Maintenant, il prenait le pouvoir avec une ardente ambition à contenter, des vengeances à assouvir contre la noblesse et des réformes violentes à introduire dans les affaires religieuses, plus encore peut-être que dans les affaires politiques. Pombal, d'ailleurs, avait appris, au foyer du protestantisme, à haïr les Ordres monastiques et les prérogatives de l'Eglise. Il serait aisé d'amasser de l'odieux sur Pombal, en réunissant ce qu'ont écrit de lui des historiens connus par leur gravité et leur modération ; mais, pour contrebalancer les éloges sans bornes qui ont été prodigués à l'énergie et à la justice de són administration, il nous suffira d'emprunter à un des panégyristes de ce héros sinistre quelques traits qui le caractérisent suffisamment.

(1) Voyage du ci-devant duc du Châtelet en Portugal, tom. 1, pag. 118.

« Sa cruauté, sa jalousie, son avarice, dit M. de SaintPriest lui-même, projettent des ombres trop épaisses sur son courage.... Il poussa jusqu'au bout l'arbitraire et lui demanda tout ce qu'il pouvait donner (1). »

Pombal ne fut pas un grand homme (2), » mais il eut du moins, de commun avec Cromwel, une hypocrisie consommée, et, par une dissimulation profonde, entretint la confiance chez les Jésuites jusqu'au moment même où il se déclara leur adversaire (3). Ce ministre, « qui rompit avec Rome (4), » et qui prédestinait les Religieux à l'exil, à la spoliation, aux bûchers, savait comment on parvient à tromper un peuple dévot. Il se faisait gloire d'être attaché au tiers-ordre de Jésus, et d'en observer scrupuleusement les pratiques (5). »

Le même écrivain accumulant avec habileté les images de ruine autour du nom de Jésuite, et espérant, par des rapprochements calculés, faire passer l'esprit du lecteur de l'idée de concomitance à celle de solidarité, observe que l'établissement de la Compagnie de Jésus coïncidait avec le déclin de la monarchie portugaise (6). Mais cette décadence, elle ne fit que s'accélé

(1) Histoire de la chute des Jésuites, pag. 19 et 14.

(2) Ibid. page. 10.

(3) Ibid. pag. 17.

(4) Ibid. pag. 25.

(5) Ibid., pag. 25. Il n'y eut jamais de tiers-ordre de Jésus. (6) Ibid. pag. 5. Le Portugal est bien débarrassé des Jésuites. Sa

rer après l'expulsion des Jésuites, et ce fut par la criminelle connivence du ministre Pombal, persécuteur de la Société, que l'Angleterre acheva de ruiner ce qui restait d'activité commerciale et maritime au peuple portugais.

« Opposé à l'Angleterre en paroles, Pombal lui était toujours soumis de fait. Tandis qu'il proclamait hautement la liberté du Portugal, il soulevait la ville de Porto pour l'établissement de la compagnie qui livrait aux Anglais le monopole des vins. Il est même de tradition dans le monde politique, à Lisbonne, que ces rodomontades du marquis étaient parfois concertées

prospérité lui est-elle revenue? Voici ce que nous lisons dans un journal: «On écrit de Lisbonne : - Un rapport publié tout récemment sur l'état actuel des forces maritimes du Portugal, fait la plus triste description de cette puissance navale autrefois si formidable. Le vaste arsenal de Lisbonne, la grande corderie existent toujours ; mais il ne reste au dedans aucun vestige de la marine portugaise. Les magasins qui renfermaient tout ce qui était nécessaire à l'équipement des flottes de l'Inde et du Brésil sont encore là; mais où sont les vaisseaux? Tout ce qui reste de la marine des rois de Portugal, des marchés de la Guinée, des souverains des mers, se réduit à deux vaisseaux de ligne, trois frégates, trois corvettes, trois bricks et quelques schooners, et encore ces bâtiments tombent-ils en ruine... Gazette de France, 10 avril 1845.

Une feuille radicale disait naguère :

Le système constitutionnel est aujourd'hui une vraie dérision, une déception en Portugal. On est réduit à regretter les temps de 'absolutisme, qui avait plus de respect pour les lois et les droits acquis que nos dictateurs actuels, qui n'ont de respect pour rien. ». National, 20 juillet 1845.

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