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avec le cabinet de Londres pour servir de voile à des complaisances (1). »

Pombal était à Joseph ler ce que Richelieu avait été à Louis XIII. Ce parallèle flattait Pombal; il s'en faisait l'application dans ses épanchements intimes, et en public il se comparait à Sully. Joseph Ier était dépourvu même de ces grâces qui ennoblissent le désordre sans le justifier. Il abandonnait les affaires à son ministre, heureux de conduire sur le Tage une barque royalement pavoisée, remplie de femmes et de musiciens. Pombal résolut d'être l'égal ou l'oppresseur des grands, le maître de son roi. Assidu auprès de Joseph, il ne l'entourait point d'une adulation obséquieuse, mais il se servit avec habileté d'un moyen dont le caractère même du monarque lui conseillait l'emploi...,' IL LE FAISAIT TREMBLER POUR SES Jours (2).

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<< Jeune encore, Pombal avait enlevé une fille de sang bleu il l'avait épousée sous les yeux de la noblesse indignée. Souple et hardi à la fois, vainement s'était-il efforcé de calmer les fidalgues et de se faire adopter par eux; tous ses efforts avaient échoué, et c'est de ce jour qu'au fond de l'ame il jura la ruine de ceux qu'il n'avait pu s'assimiler (3)....

(1) Saint-Priest, pag. 34.

(2) Ibid. pag. 12-13.

(3) Ibid. pag. 11.

« Deux familles puissantes, les Mascarenhas et les Tavora, se trouvaient alors à la tête de l'aristocratie portugaise; Pombal n'avait point de parti pris contre elles. Il s'était fait introduire par sa femme dans la société de dona Eléonor, épouse du marquis de Tavora, ancien gouverneur de l'Inde, et, à tous égards, la plus grande dame du Portugal... Il avait osé briguer pour son fils cette noble et inaccessible alliance. Hélas! dit-il un jour à un Religieux du sang des Tavora, le roi a beau me combler de grâces; mon bonheur ne serait complet que si l'héritier de ma fortune devenait le gendre de l'illustre dona Eléonor.-Votre Excellence, répondit le moine, lève les yeux bien haut. Un refroidissement subit s'éleva dès lors entre le ministre et la marquise; elle avait sollicité le titre de duc pour son mari; Pombal fit échouer ses demandes; enfin, de l'indifférence à la haine, il n'y eut qu'un pas... Joseph de Mascarenhas, duc d'Aveiro, accabla le ministre de ses mépris..... Dès ce moment, l'échafaud des grands fut dressé dans l'esprit de Pombal (1). »

« Pombal en voulait aux Jésuites encore plus qu'à l'aristocratie (2), » et ce ministre, résolu d'être le maître de son roi, résolu d'être l'oppresseur des grands

(1) Saint-Priest, pag. 18 et 19.

(2) Ibid. pag. 23.

qui l'avaient refusé pour égal, trouvait un nouveau sujet de haine contre les Jésuites dans l'influence qu'ils pouvaient exercer à la cour, et dans les égards respectueux que la noblesse se plaisait à leur prodiguer. Ce fut donc lui qui donna à l'Europe le signal de la persécution contre les Jésuites, cette milice avancée du Christianisme. Il les avait autorisés, lorsqu'il avait cru leur influence utile à sa fortune; s'était gagné leur estime par des dehors pieux, et avait même revêtu de l'habit de la Compagnie le second de ses fils, encore enfant (1).

Les Jésuites cultivaient dans le grand Para et dans le Maragnon les missions qu'ils y avaient fondées, et, d'après les règlements de la cour de Lisbonne, les gouvernaient au temporel comme au spirituel, lorsqu'il plut à Pombal de leur ôter l'administration temporelle. Par un traité conclu entre le roi d'Espagne et celui de Portugal, il y eut un échange de Reducciones ou Provinces; on stipula que les habitants abandonneraient les territoires cédés, et qu'ils changeraient de patrie pour ne pas changer de province (2).

Dans le temps même qu'on donnait ainsi un nouveau gouvernement aux peuplades indiennes, la grande trans

(1) Crétineau-Joly. Histoire de la Compagnie de Jésus, tom. V, pag. 151.

(2) Saint-Priest, pag. 8.

migration de la ville de Para au fleuve Noir se lit en exécution du traité d'échange arrêté entre les deux monarchies péninsulaires. Les Jésuites du Maragnon devaient naturellement ressentir quelque joie de ce traité, car les intérêts de leur souverain, ceux de leur nation, les leurs propres, tout s'y trouvait. Il ajoutait à leur province sept Réductions des plus florissantes. Pombal ne les accusa pas moins d'en avoir empêché l'exécution. La vérité, c'est qu'ils mirent tous leurs soins à l'exécution de l'arrangement convenu, et que là où il se trouvait des Jésuites, il n'y eut pas ombre de révolte ou d'émeute. Que si, pendant un voyage de six cents lieues qu'il fallut faire tout entier en remontant le fleuve des Amazones, il déserta beaucoup de rameurs indiens qui étaient excédés de fatigue; si, à la vue d'un grand convoi portugais, les Indiens disparurent de leurs peuplades pour s'enfoncer dans les forêts, ce fut parce que tout homme fuit naturellement le travail, et surtout un travail sans récompense. Les violents manifestes de Pombal alléguèrent en vain que c'était à l'instigation des Jésuites. Ne dirait-on pas que les soldats, nulle part, ne désertent jamais, et que, à la vue de l'ennemi, les poltrons attendent qu'on les exhorte à fuir?

Ce fut bien autre chose au fleuve Noir. Non-seulement les Indiens, mais encore les Portugais eux-mêmes,

au nombre de cent vingt-deux, après avoir enfoncé la caisse militaire et pillé les magasins, se retirèrent sur les terres d'Espagne. Mais, le long du rivage de ce fleuve, il n'y avait point de Jésuites les missions étaient confiées aux Pères Carmes.

Le soulèvement des Indiens dans les sept Réductions du Paraguay fit beaucoup plus d'éclat. Ces infortunés, qui avaient en horreur le nom seul des Portugais, n'apprirent pas plus tôt qu'ils devaient passer sous leur domination, qu'ils coururent tumultueusement aux armes. Dans leur opinion, personne n'avait le droit de les contraindre à changer de maître, puisque d'euxmêmes et de leur plein gré ils s'étaient donnés à l'Espagne, et se trouvaient heureux sous ce régime.

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Voilà donc cette guerre qui avait rempli l'univers d'horreur et de scandale, suivant les manifestes de Lisbonne. On ne pouvait légitimement l'appeler une révolte contre le roi de Portugal, puisque ces Indiens étaient encore sujets du roi d'Espagne. En tout cas, il ne se trouvait point là de Jésuites portugais; il n'y avait que des Jésuites espagnols. Si ces derniers eurent quelque part au soulèvement, ce qui n'est pas, c'était à la cour de Madrid et non pas à celle de Lisbonne de les en punir.

Malgré ces raisons, Pombal irrité au dernier point de ce soulèvement, à la tête duquel il s'obstina à

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