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M. St. Paul; c'est ce qui me fait vous écrire dans ce moment, parce qu'ils pourront peutêtre me fournir une occasion de vous faire tenir cette lettre.

Notre Ministre de la Guerre a beaucoup de succès, cela ne vous fait pas grand'chose ni à moi non plus. Je m'étonne quelquefois de l'inutilité de ma vie, et du peu de différence qu'il y a entre moi, et Tonton (3). Je crois qu'il n'y a que M. Gudin qui soit dans l'enchantement de son existence; pour moi je suis bien éloignée d'y trouver du plaisir; je ne sais qu'en faire; cependant il n'est pas naturel, ou pour mieux dire il n'est pas raisonnable de ne pas savoir employer le tems surtout quand il en reste bien peu. Vous sazez en faire usage, vous avez des goûts en abondance qui vous tiennent lieu d'occupations.

Vendredi.

Nous fumes hier treize à souper. Les Grenville avoient reçu des lettres, et nous avons aujourd'hui notre gazette qui confirme ce que je ne croyois qu'un faux bruit. J'attends Dimanche avec impatience, j'espère que

(3) Her dog.

vous m'apprendrez ce que je dois croire et penser de tout ceci.

Samedi.

JE passai hier la soirée svec Mad. de Marchais. Vous aurez vos graines de lis au retour de Fontainebleau. Ne voudriez-vous point avoir son portrait, vêtue comme elle l'étoit hier, en Polonnoise, galonnée d'argent, toute prête à danser sur la corde? Oh! c'est une bonne femme, mais bien ridicule, et l'on en est amoureux, cela est ineffable! Je la mettrois sur un écran comme on y met l'Afrique et l'Amérique, et au bas de sa figure, esquisse du goût du règne de Louis XVI. Elle continue à me donner les plus belles poires et les plus beaux raisins; mais comme je n'y tâte pas, cela diminue mes scrupules du peu de goût que j'ai pour elle. Mais savez-vous ce que j'aime encore bien moins qu'elle; c'est Mad. de Scudéri (4), c'est une femme odieuse; je crois vous avoir déjà écrit qu'elle quêtoit de l'amitié comme une quêteuse de paroisse. Je me meurs de peur que mes lettres qui vous ont tant choqué ne ressemblent aux siennes; si cela est, brûlezles toutes et qu'il n'en reste aucun vestige.

(4) In a letter which, as otherwise uninteresting, does not appear. She says: "Ne sachant que lire j'ai repris les "lettres de Bussy.'

LETTRE CCXXXIII.

Vendredi, 10 Novembre, 1775.

COUTY (1) arriva hier à neuf heures du soir, et je reçus votre lettre du 28 en sortant de table.

Vous avec donc cru pendant quelques momens que j'avois négligé de vous écrire, mais après, vous vous êtes bien moqué de vousmême, et vous vous êtes bien dit que vous n'aviez pas telle chose à craindre avec moi, mais bien le contraire.

Notre gazette d'aujourd'hui parle de votre cousin Général Conway; il paroît en grande intelligence avec Milord Shelburn; il me semble qu'ils ne se conviennent guères; vous me ferez beaucoup de plaisir de m'informer de votre chose publique, et des choses particulières intéressantes pour vous et les vôtres. Notre ministère à nous autres est tout écloppé ; le Maurepas est revenu à Paris pour un rhumatisme goutteux. Le Turgot devoit y revenir. pour une franche goutte; mais on m'a dit ce matin qu'il resteroit à Fontainebleau jusqu'au départ du Roi; on prétend qu'il a trois grands projets auxquels il veut travailler sans relâche.

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(1) Brother to her Femme de Chambre.

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Samedi.

Je fus hier toute la journée dans mon lit; je

gens, mais pas fort agréables;

J'avois

vis peu de monde; Milady Henriette(2) qui ne parle point; les Grenville soupèrent chez moi; ce sont de bonnes le mari est pesant, la femme causeuse. les deux Maréchales, Mad. de Boisgelin et l'Evêque de Mirepoix. Je donnai votre sucre candi dont on vous remercie, ainsi que l'Evêque de son tricot.

Dimanche, à 2 heures.

Je ne vous questionnerai point, puisque vous me le défendez; mais trouvez le moyen de m'apprendre ce qui vous intéresse. Vous savez que le Maurepas et le Turgot ont la goutte; l'un est parti de Fontainebleau, l'autre en partira; ce qui fait dire à M. de Bièvre que nos ministres s'en vont goutte à goutte.

LETTRE CCXXXIV.

Dimanche, 19 Novembre, 1775.

FAITES attention à la date de mes lettres et vous verrez que je réponds sur-le-champ aux vôtres.

(2) Lady Harriet Stanhope, then at Paris with her father, the late Earl of Harrington.

Dans la lettre à laquelle vous avez répondu le 13 et que je reçois aujourd'hui, je vous avois parlé d'un rêve que je n'avois point fait, c'étoit pour vous faire entendre ce que je ne voulois pas vous dire plus clairement; mais vous avez la tête remplie de trop de choses pour que les unes n'effacent pas les autres.

Vous me faites grand'peur; mais je n'ai ouï dire à personne que nous protégerons l'Amérique, je ne le crois pas, mais je suis bien ignorante, ainsi cela ne prouve rien. Je ne puis vous mander que des nouvelles de société; il est bien vraisemblable qu'à Londres on ne se soucie guères de ce qui se passe à Paris, Quest-ce que cela vous fera de savoir que je soupai hier chez Mad. de Caraman qui est de retour de Roissy; que j'aurai ce soir Mad. de Grammont, les Beauvau, des diplomatiques, des Evêques, et une comédienne nommée Mad. Suin, que M. de Beauvau veut me faire entendre. Que demain je souperai chez Mad. de Mirepoix qui doit revenir de St. Assise, que j'y mourrai peut-être de froid.

Le Chevalier de Boufflers est ici; je trouve qu'il a pris de l'esprit de province; il fronde et a l'air de mépriser ce qu'il désireroit, auquel il ne parvient pas; il a plus de talent que de dis

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