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écriroit incessamment (3); je n'en reponds pas. Cette Maréchale seroit plus à plaindre qu'elle n'est, si elle avoit un autre caractère; mais les bagatelles l'occupent et l'amusent, de plus elle a une grande famille, elle donne à souper tous les Dimanches, et met de l'affectation à avoir beaucoup de monde: il y a communément dix-huit, ou vingt personnes, presque tous neveux et nièces, cousins et cousines. Je suis passablement bien avec elle. Quand on veut bien vivre avec les différens partis, on vit en paix, mais il en résulte un peu d'indifférence; j'excepte de cette règle la grand’maman avec qui je suis unie plus tendrement que jamais.

Sa belle-sœur a été assez incommodée tous ces jours-ci; elle se porte mieux présentement; je crois qu'elle vous plairoit, elle est extrêmement animée, elle cause à merveille, on est à son aise avec elle, et pendant le tems qu'on la voit on l'aime beaucoup. Ce que je vous dis est si vrai, que le grand'maman pense de même. Voila déjà un mois complet de leur séjour ici; leur projet est toujours de s'en retourner au mois d'Avril.

(3) This was an old debt, due to the Maréchal de Mirepoix from Mr. Taaffe, which Mr. Walpole recovered for her from his executors.

LETTRE CCXI.

Vendredi, 9 Février, à 7 heures du matin. Je ne commettrai pas la même faute qu'au départ des Fitzroy; je vous écris par vos parens, qui partiront dans trois ou quatre heures; cependant je n'ai rien à vous apprendre qu'ils ne puissent vous dire eux-mêmes, ils ont vu et entendu tout ce que je sais; tout est tranquille ici, on n'aperçoit aucunes intrigues formées; on affiche l'amour du bien public. Le Maurepas possède en paix le premier crédit; la seule personne (la Reine) qui pourroit le lui disputer et l'enlever, est occupée de bals, de coiffures, de plumes, etc. Le Turgot professe la vertu, il veut faire régner la liberté établir l'égalité, et pratiquer l'humanité. C'est le règne de la philosophie; on fait revivre en faveur des philosophes des charges qu'on avoit supprimées; d'Alembert, Condorcet, l'Abbé le Bossu, sont, dit-on, Directeurs de la navigation de terre, c'est-à-dire des canaux, avec chacun deux mille écus d'appointement, je ne doute pas que la Demoiselle d'Espinasse n'ait quelques petite paraguante; nous ne voyons encore que des augmentations de dépense, ce

qui ne produira pas de diminution d'impôts. Mais on paye bien jusqu'à présent les pensions et les rentes, peu m'importe le reste.

Je vois le départ de vos compatriotes avec le plus grand chagrin ; je suis convaincue qu'il n'y a point de plus honnêtes gens, et je n'en connois point de plus aimables. Votre cousin est la vertu et la bonté même; sa milady la plus douce, la plus obligeante, la plus noble et la plus polie; les deux jeunes dames sont charmantes. J'étois si contente de leur société, que j'aurai bien de la peine à m'en passer; je vais me croire toute seule, car personne ne me les remplacera; et puis, je l'avoue, je trouvois du plaisir d'être avec des gens qui vous aiment et que vous aimez. J'ai cependant eu un grand chagrin à leur occasion; je n'ai pu parvenir à leurs faire faire connoissance avec la grand'maman; elle n'a jamais voulu se relâcher du parti qu'elle, son mari et Mad. de Grammont ont pris, de ne recevoir aucun étranger; j'étois pourtant parvenue à lui faire consentir, il y a trois ou quatre jours, que je lui amènerois votre cousin et milady; je leur en fis la proposition, ils trouvèrent qu'elle arrivoit trop tard, ils ne voulurent pas en profiter, je n'ai pu les en blâmer. Je dis leurs

refus à la grand'maman, en lui disant que je ne les condamnois pas ; je lui fis naître des remords, elle craignit vous avoir manqué, elle me fit promettre que je l'excuserois le mieux qu'il me seroit possible; tout ce que je puis vous dire pour sa justification, c'est que sa déférence pour son marï est extrême; elle seroit au désespoir d'être mal avec vous, et si vous étiez ici, vous seriez certainement excepté de la règle générale; vous seriez de nos petits soupés, et sa porte vous seroit toujours

ouverte.

Mad. de la Vallière n'a point voulu faire connoissance avec vos parens; je les lui avois annoncés avant leur arrivée; elle me dit qu'elle ne vouloit plus faire de connoissances nouvelles, qu'elle ne voyoit que trop de monde; vous croyez bien que je n'insistai pas; pour le reste de mes amis, j'en ai été plus contente, tous se sont empressés pour eux. Enfin j'espère qu'ils sont satisfaits de leur séjour.

Je désire qu'ils vous disent du bien de moi, et d'être souvent le sujet de vos conversations.

LETTRE CCXII.

Dimanche, 12 Février, 1775.

Vous auriez long-tems de quoi allumer votre feu, surtout si vous joignez à ce que j'avois de Vous (1); ce que vous avez de moi, et rien ne seroit plus juste; mais je m'en rapporte à votre prudence, je ne suivrai pas l'exemple de méfiance que vous me donnez.

Il y eut hier un courrier; c'étoit le jour de l'échéance; il ne m'apporta rien: c'est peutêtre un effet du hasard, ainsi je ne vous en demande point la raison. Votre cousin et vos dames partirent Vendredi à deux heures après midi; le Milord (2) les accompagna; ils devoient coucher à Compiègne, et je ne doute pas qu'ils n'y aient passé la journée d'hier; le Milord reviendra à Paris, et ils iront coucher à St. Quentin. Je leur ai prédit qu'ils ne seroient point à Londres avant Samedi ou Dimanche; je les regrette beaucoup, ils sont d'une charmante société ; j'ai à me louer de

(1) Mad. du Deffand, at Mr. Walpole's earnest desire, had returned to him by General Conway all the letters which she had then received from Mr. Walpole. (2) Lord Stormont.

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