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DES TROUBLES

DE

9676.

L'AMÉRIQUE ANGLAISE,

Écrite fur les Mémoires les plus authentiques;

DÉDIÉE

'A SA MAJESTÉ TRÈS-CHRETIENNE;

Par FRANÇOIS SOULÉ S.
TOME QUATRIE ME.

Avec des Cartes.

Tros Tyriufque mihi nullo difcrimine agetur.

VIRG. Æneid. Lib. I.

A PARIS,

Chez BUISSON, Libraire, Hôtel de Mefgrigny
rue des Poitevins, No. 13.

1787.

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HISTOIRE

DES TROUBLES

DE

L'AMÉRIQUE ANGLAISE.

CHAPITRE XLIII.

APPRÈS PPRÈS avoir vu ce qui fe paffoit dans le 1781. nouvel hémisphère, il faut tourner nos regards vers l'Europe. Le nombre d'objets que nous avons à traiter, le nombre d'évènemens qui arrivent à-peu-près dans le même tems, & qui demandent à être détaillés, tant pour en expliquer les caufes que pour en faire voir les conféquences, nous forcent quelquefois à faire des mouvemens rétrogrades, afin de raffembler ces matériaux que la néceffité nous avoit obligé de laiffer en arrière. Vers la fin de l'année 1780, le Baron de Rullecourt projetta une feconde expédition contre l'ifle de Jersey; il avoit à fes ordres un Corps de troupes de deux mille hommes, compofé des Volontaires de Luxembourg & de différens autres Tome IV A

1781. détachemens. Ayant assemblé un nombre fuffifant de bateaux de tranfport à Granville, fur la côte de Normandie, & quelques Corfaires pour les escorter, fon impatience fut fi grande, qu'en dépit du mauvais tems il embarqua fes Troupes & mit en mer. En conféquence de cette précipitation, fa flottille fut difperfée dans une tempête, & la moitié de fes forces pouflées fur les côtes de France: il gagna néanmoins un abri, avec le reste, dans les Ifles de Chaufey. Dès que la tempête fut diffipée, il fit voile pour Jersey, & arriva pendant la nuit dans la baie de Grouville. Il débarqua le S Janvier à Violet-bank, à environ trois milles de Saint-Hélier, capitale de l'Ifle. La côte étoit cependant fi dangereufe, qu'il perdit un Corfaire & quatre petits vaiffeaux, avec deux cens hommes à bord. Les Français, après avoir furpris un parti de Milice qui gardoit une redoute, & y avoir laiffé cent vingt hommes marchèrent vers Saint-Hélier, où ils furprirent la garde, s'emparèrent des avenues de la ville & du marché, fans rencontrer la moindre réfistance. Au point du jour les habitans fe trouvèrent au milieu des ennemis. Le Major Corbet, DéputéGouverneur, & les Magiftrats, furent amenés prifonniers à l'Hôtel-de-Ville, & le Commandant des Troupes Françaifes dreffa des articles de capitulation, qu'il proposa au premier de figner.

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Par ces articles, l'Ile devoit être cédée aux Français, 1781. & la garnifon tranfportée en Angleterre. Pour accélérer la capitulation, il exagéra le nombre de fes Troupes, dit qu'elles étoient dans différentes parties de l'Ile au nombre de cinq mille, & menaça de détruire la ville & les habitans en cas de refus. En un mot, il força le foible Corbet à figner la capitulation.

Le Baron fomma enfuite le château de fe rendre fuivant ces articles; mais les Capitaines Aylward & Mulcafter, qui y commandoient, n'eurent aucun égard à cette fommation. M. de Rullecourt plaça alors le pauvre Major Corbet à la tête des Français, & continua de s'avancer avec lui vers la porte ; mais on le reçut avec un feu fi vif, qu'il fut obligé de retourner dans la ville. L'Ifle ayant pris l'allarme, les Troupes les plus à portée & la Milice, fe formèrent fur les hauteurs fous le commandement du Major Pierfon. Le Baron de Rullecourt envoya dire au Major de fe conformer à la capitulation; mais celui-ci fit réponse que, fi dans vingt minutes les Troupes Françaises ne mettoient point bas les armes, il feroit forcé de les attaquer. Ce tems étant expiré, il difpofa fes forces de manière à entourer la ville, ce qui obligea les partis Français à fe replier vers la place du marché où étoit leur principale force. Il y eut dans cet endroit une attaque

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