pêcher, s'il étoit poffible, le fiege de cett place, ce qu'il ne pût obtenir : mais la Ville ayant été rendue par compofition d'Aramon obtint que tous les Chevaliers feroient renvoyez à Malthe. Marmat prétend que ce fut en vertu de la capitulation, & fait entendre que d'Aramon n'agit que pour les Chevaliers François, & leur Gouverneur qui étoit de la même Nation; quoiqu'il en foit, voici l'explication du quatrain. La gent cruelle & fiere (les Turcs) fubjuguera la barbe noire & crefpe par engin (Tripoly habitée par les Afriquains, dont la barbe eft noire, & frifée naturellement, crines genio flexi, dit Petrone. ) Le grand Chiren, ( le grand Henry I. ôtera du Longin) fera venir de loin ( è longinquo) tous les Captifs par Seline banniere,.... tous les Captifs faits fous la banniere des Ottomans. Je n'ai encore pû déterrer la bataille de Pavie, ni le fiege de Mets; mais la bataille de Ravenne, le jour qu'elle fut donnée, & la mort du vainqueur le peufe vent reconnoître facilement dans le foixante-douzième quatrain de la huitiéme Centurie. Cham Perufin, ô! l'énorme défaite, Paffage Paffage facré lorsqu'on fera la fête, Vainqueur, vaincu, Cheval manger l'avenne Premier & deuxième vers, grande défaite auprès de Ravenne, troifiéme vers lorfqu'on celebrera le faint jour de Pâques, ce fut le même jour que cette bataille fe donna en 1512. Pâques, hale, tranfitus, pallage, c'eft la même chofe. Vainqueur, vaincu, marque la mort de Gafton de Foix. Cheval, manger l'avenne qui finit le quatrain, & champ Perufin qui le commence ne font mis que pour détourner l'attention du Lec teur. Si vous vous rappellez l'état fâcheux où fe trouva le Royaume fous la minorité du Roi Charles IX. qui commença de regner au mois de Decembre 1560. par les guerres civiles que l'ambition des Princes, & les idées de réformation introduites par les Calviniftes, cauferent en France au grand mépris de l'autorité Royale ; fi vous n'avez pas perdu l'idée des airs infultans que ces Sectaires fe donnerent à Paris pendant l'année 1561. & l'inquiétude que caufoient à cette Ville les mouvemens des Chefs de parti, tant Catholiques que Huguenots, vous entrerez bien-tôt dans le fens du vingt-troifiéme quatrain de la fixiéme Centurie. Dépit Dépit de regne, numifmes décriez, Peuples feront émeus contre leur Roi, 1. Dépit de regne, Majeftas Regi defpicietur..... Numifmes décriez,.... 0: décriera la vieille monnoye. 2. Peuples feront émeus contre leu Roi,.... s'entend tout feul. 3. Paix fait nouveau.... Paix de Cateau Cambrefis, fignée en 1559...... Sainte Loix empirées par les dogmes de Calvin. 4. Rapis, ... c'est le nom de Paris renverfé, le refte eft facile à comprendre. Le quatrain 55. de la dixième Centurie n'est pas difficile à entendre, lorf qu'on aura expliqué deux mots qui paroiffent inexplicables, & qui cependant ne le font point. Les malheureufes nôces fe celebreront En grande joye, mais la fin malheureuse, Le Phybe mort, & nore plus piteufe. Ce font les mariages de l'infortunée Marie Stuart qui époufa en premieres nôces François II. Roi de France, en fecondes nôces Henry Stuart Milord d'Har Harley, fon coufin. Ces fecondes nôces le peuvent appeller malheureuses par ce qui les fuivit. Le mari fut emporté par une mine, la Veuve fe laiffa féduire par le Comte de Bothuel, meurtrier d'Henry Stuart, l'époufa & en eut une fille qui eft morte Religieufe en France. Les Ecoffois indignez contre leur Reine, prirent les armes, & la forcerent de fe retirer en Angleterre; tous ces faits étoient à la connoiffance de Noftradamus; c'est ce qu'il indique par les deux premiers vers. Les deux derniers regardent le premier mariage, & font entendre que Nore ( en Latin Nurus) ne fut pas fort confiderée de fon premier mari & de fa belle-mere Catherine de Medi cis, ... & Phybe mort, Nore plus piteufe. ...La veuve fut plus à plaindre après la mort de Phybe. Si on vouloit écrire le nom du Roi François II. en Grec, on l'écriroit paraoxos, le o eft la premiere lettre de ce mot Grec: Be ou Beta en Grec eft nota binarii numeri ; ainfi B. ne fignifie autre chofe que le fecond ou le fecond Roi de France, dont le nom commence par . Pendant les années 1558. & 1559. l'Empire Ottoman fut agité par la guerre que fe firent deux freres, enfans de Sultan Soliman. Selin l'aîné étoit foutenu par par fon fon pere Bajazet, le cadet fe foutint à l'aide de fes amis. Mais enfin il fut obligé de ceder & de fe retirer en Perse, où il ne mit pas fa vie en feureté, car le Sophi confentit à ce que ce malheureux Prince fut étranglé. On ne peut pas douter que le quatre-vingt-dix-huitiéme quatrain de la troifiéme Centurie n'ait rapport à ce démêlé des deux freres. Deux royals freres fi fort guerroyeront, Qu'entre eux fera la guerre fi mortelle, Qu'un chacun places fortes occuperont, De reghe & vie fera leur grand querelle. Ce quatrain eft des plus faciles. Le der nier vers vous marque qu'il ne s'agiffoit entre ces freres de rien moins que de regner & de conferver fa vie. La maxime des Princes Ottomans étoit en ce temps là de facrifier la vie des freres à la feureté du Prince. Je crois, Monfieur, après que vous aurez confideré l'explication que je donne à ces quatrains, que vous vous rendrez fans peine à l'idée que j'ai de leur Auteur, & vous ne le regarderez déformais que comme un faifeur d'Almanachs, & un très-obscur Hiftorien feulement. Cependant comme il fe peut faire que vous trouverez encore quelques gens préve |