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d'ordinaire que ce qui favorife fon opinion & le parti qu'il a embrasfé; c'eft un copifte qui, avec toute la perfection de fon art, ne peut tromper les connoiffeurs. Les perfonnages qu'il introduit fur la fcene fe trouvent prefque toujours, & quelquefois fans qu'il s'en apperçoive lui-même, ajustés au goût régnant & à la langue qu'il a toujours parlée.

Dans cette hiftoire, trois caufes paroiffent avoir fait manquer le deffein où, s'il en faut croire l'auteur, la cour de Madrid étoit de faire paffer tous les Etats du roi catholique dans la branche d'Autriche Allemande. I. Le refus que fit ou l'impuiffance dans laquelle fe trouva l'empereur Léopold de foudoyer dix ou douze mille Allemands qu'il étoit tombé d'accord d'envoyer, & le roi Charles II de recevoir en Espagne, pour appuyer la réfolution que le roi vouloit prendre en faveur de la branche cadette de fa maison. II. La timidité naturelle du comte d'Harrach, fa crainte de manquer dans les plus petites chofes, fon exactitude à fe conformer à la lettre à fes inftructions, & la dextérité avec laquelle le marquis d'Harcourt, ambaffadeur du roi très-chrétien ( mort duc, pair, & maréchal de France) profita de la haine que les Efpagnols avoient pour les Allemands domeftiques & favoris de la reine Marie-Anne de Neubourg, femme de Charles II. III. La brouillerie furvenue entre cette princeffe & le cardinal Portocarrero, archevêque de Tolede, tous deux favorables à la maifon d'Autriche, brouillerie qui opéra le changement de cette princeffe & de ce prélat, lefquels en vinrent à favorifer tous deux la maifon de France par différentes voies & fans aucun concert entr'eux.

Que Portocarrero ait fervi la France, cela n'eft pas douteux; mais quelle apparence que la reine d'Espagne, femme de Charles II, ait jamais rendu aucuns bons offices à Philippe V qui, avant d'entrer à Madrid, la fit prier de fe retirer à Tolede, & qui même quelque temps après l'obligea de quitter entiérement l'Efpagne & de fixer fon féjour à Bayonne, d'où elle ne retourna en Espagne qu'en 1739 (a). L'on voit en effet dans un autre ouvrage (b), que jamais Marie-Anne de Neubourg ne fut favorable à la France.

Il eft affez vraisemblable que Charles II eût mieux aimé avoir pour fucceffeur un prince de fa maifon qu'un prince de la maifon de France, & perfonne n'ignore les deux puiffans motifs qui déterminerent ce monarque à faire un teftament favorable à la branche de la maifon de France fous la domination de laquelle les Espagnols vivent préfentement; le traité de partage de fes Etats, & la puiffance du roi très-chrétien qui en affuroit l'exécution, fi le roi catholique ne la prévenoit par une difpofition favo

rable à la maifon de France.

(4) Elle est morte à Guadalaxara le 16 de Juillet 1740.

(b) Dans les Mémoires du marquis de Villars qui, dans le temps des négociations, étoit envoyé de France à Vienne, & depuis mourut maréchal de France.

Je ne dirai rien de la confultation de Léonard Pépoli, fi ce n'eft qu'elle roule fur la politique autant & plus que fur le droit, & qu'elle n'est ni d'un bon jurifconfulte ni d'un habile politique, & c'eft ce que la Torre, partifan de la maifon d'Autriche, a infinué, en difant (a) qu'il ne fçait fi le fentiment de Pépoli étoit conforme à la grande renommée que l'auteur avoit par toute l'Italie (b).

(a) Page 266.

(b) Voyez l'article HARRACH, auquel celui-ci peut fervir de fupplément.

LA TOUR, (Raphaël de) Auteur Politique.

RAPHAEL DE LA TOUR, Génois, a fait un livre qui a pour titre : Aftrolabio di Stato di Rafaele della Torre. C'est une inftruction que l'auteur donne à fon fils pour lire utilement Tacite, & pour difcerner ses vrais fentimens d'avec ceux qui lui font attribués par fes adverfaires. Elle eft divifée en 21 chapitres. Les quatre premiers contiennent l'apologie de Tacite, & montrent que ce n'eft point un maître de tromperie, d'impiété & d'athéisme, comme l'ont dit quelques auteurs. Le cinquieme explique ce que c'eft que la raifon d'Etat, & en quoi elle differe de la politique. Le fixieme enfeigne l'ufage que l'on doit & que l'on peut faire de la raison d'Etat. Le feptieme contient diverses réflexions politiques fur le regne de Romulus. Le huitieme, fur le regne de Numa. Le neuvieme, fur celui de Tullus Hoftilius. Le dixieme, fur celui d'Ancus Martius. L'onzieme est deftiné à prouver que la fuperftition a grand pouvoir fur l'efprit des foldats, & qu'il faut les y entretenir au lieu de les en guérir. Le douzieme eft une espece d'éloge de Servius Tullius. Le treizieme traite de la tyrannie, & prouve, par quelques exemples, qu'elle a été fatale à fes auteurs. Le quatorzieme fait voir que le grand accroiffement de l'autorité des tribuns dans Rome altéra la forme de fon gouvernement, & caufa enfin la ruine de fa liberté. Le quinzieme eft un commentaire fur ce paffage de Tacite Dictature ad tempus fumebantur. Le feizieme explique pourquoi la puiffance des décemvirs ne dura que deux ans. Le dix-feptieme regarde les diffentions que caufa la création des tribuns militaires. Le dix-huitieme roule fur les divifions inteftines qui troublerent l'Etat fous la domination de Cinna de Marius & de Sylla. Le dix-neuvieme montre que la puiffance de Pompée fut auffi pernicieufe à la liberté de la république, que celle de Sylla lui avoit été utile. Le vingtieme eft une espece de differtation fur les conjurations. Le dernier contient le détail des moyens qui fervirent comme de degrés à Augufte pour monter à l'empire. L'auteur traitant

fur

fur la fin la queftion de favoir lequel eft le meilleur gouvernement, celui d'un feul ou de plufieurs, conclut en bon républicain en faveur du fecond.

JEAN

LAUNO Y. (Jean de)

EAN DE LAUNOY, docteur en théologie de la maifon de Navarre, né le 21 Décembre 1603, non pas à Valogne, comme quelques auteurs l'ont dit, mais à Valdefic, village auprès de Coutances (a), mourut le ro de Mars 1678, dans la réputation d'un des plus grands critiques de fon fiecle. Ménage difoit de Launoy, qu'il étoit un grand dénicheur de faints, parce que ce docteur a prétendu prouver que le peuple reconnoiffoit des faints qui ne le font pas en effet, & qu'on avoit fouvent multiplié le même faint en l'honorant fous divers noms. Notre Launoy a été un des plus grands défenfeurs des droits du roi & de l'églife de France; mais en rejetant avec tous les François judicieux l'opinion de l'infaillibilité de la perfonne du pape, il tomba dans l'erreur d'attribuer cette infaillibilité au pape, lorsque le fiege apoftolique ou l'église romaine a reçu fes décifions, fans qu'il faille, felon lui, attendre le confentement de toute l'églife. Quant aux autres fentimens que l'église de France défend, notre Launoy y demeura toujours conftamment attaché; & il paffa fa vie à combattre les vaines prétentions des Ultramontains.

Parmi quatre-vingt-fix volumes que Launoy a compofés (b) on trouve Joannis Launoii regia in matrimonium poteftas, vel tractatus de jure fæcularium principum chriftianorum in fanciendis impedimentis matrimonium dirimentibus. Parifiis, 1674, in-4to.

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La matiere de l'empêchement dirimant des mariages eft traitée ici en entier fous deux queftions, l'une de droit & l'autre de fait. La question de droit eft fi les princes féculiers ont véritablement le pouvoir d'établir des loix & de faire des édits fur cette matiere. La queftion de fait eft s'ils l'ont véritablement exercé.

Sur la queftion de droit, notre Launoy a raffemblé les fentimens des plus célébres théologiens de l'Europe & des plus fameufes univerfités. Il appuie ces fentimens de plufieurs raifons; & pour prévenir tout ce que l'on pourroit dire contre le fien, il rapporte tout ce qui fe paffa dans la feffion vingt-quatre du concile de Trente, & ce qui y fut décidé avec le fentiment d'onze papes différens, dont les uns reconnoiffent ce pouvoir des

(a) Voyez le Dictionnaire de Bayle au mot Launoy; & le trente-deuxieme volume des Mémoires de Nicéron, au mot Launoy.

(b)-Voyez-en la lifte dans le trente-deuxieme vol, des Mémoires de Nicéron.
Tome XXIII.
B

princes, les autres le confirment de leur autorité & par leur approbation; & les autres les prient d'en bien ufer pour la gloire de leurs Etats & pour le bonheur de leurs fujets.

Sur la queftion de fait, l'auteur a raffemblé plufieurs événemens parmi lefquels on trouve des traits d'hiftoire heureusement démêlés.

:

Čet ouvrage fut réfuté par un autre in-4to. imprimé à Rome en 1677, fous ce titre Ecclefiaftica in matrimonium poteftas Dominici Galefii (a) Apologema contra Joannis Launoii doctrinam. Celui-ci ne demeura pas fans réponse. Launoy le réfuta par un ouvrage imprimé à Paris, in-4to. en 1677 fous ce titre Joannis Launoii contentorum in Libro Galefii erratorum index locupletiffimus. Ce fecond ouvrage où Launoy convainc en effet Galéfius de beaucoup d'erreurs & de beaucoup de falfifications, eft fort eftimé auflibien que le premier.

Quelques auteurs François ayant pris parti dans cette querelle, Launoy fit d'autres ouvrages fur cette matiere. I. De la puiffance des empêchemens du mariage. II. Obfervations fur l'acte des Vefpéries de M. Leullier, licentié en théologie, qui a été foutenu dans les écoles de Sorbonne l'an 1676, le 8 de juin. III. Défenfes des fentimens de M. de Launoy touchant les empêchemens du mariage. IV. Cinq lettres fur la queftion touchant le pouvoir fouverain à l'égard du mariage (b). Dès que Launoy fut mort, quelques docteurs écrivirent contre lui fur le fujet qui attire ici notre attention; mais un auteur anonyme juftifia folidement les fentimens de Launoy (c).

Nous joindrons à Launoy, Leullier, le Merre, Gerbais & Boileau qui ont traité la même matiere.

JACQUES LEULLIER, doyen de la faculté de théologie, fénieur de la maifon de Sorbonne, & ancien curé de la paroiffe de faint Louis en I'lle Notre-Dame de Paris, né près d'Amiens en 1647, & mort à Paris le 30 de juin 1733, a fait: Obfervationes in Librum Joannis Launoii cui titulus: Tractatus de regia in matrimonium poteflate, in-4to. 1678. L'impreffion de cet ouvrage n'a pas été permife en France, parce qu'il n'eft pas tout-à-fait favorable à l'autorité des princes fur les empêchemens du mariage.

(a) Dominique Galéfius, évêque de Rubo en Italie, confulteur de la congrégation de rIndice, & profeffeur en droit canonique dans le college de la Sapience.

(b) Ces quatre derniers ouvrages fe trouvent dans l'édition générale des Œuvres de Launoy. Geneve, dix vol. in-folio, dont Granet eft l'Editeur. Jufques-là ils n'avoient pas été imprimés.

(c) Traité des empêchemens du mariage où l'on fait voir que le droit qu'ont les rois & les princes d'en établir à l'égard de leurs fujets, n'a pu leur être ôté par violence ou par piété, par un profeffeur en théologie. Cologne, chez Engelbert Gymnicus, au Pelican', 1691, in-410.

LE MERRE, avocat au parlement de Paris, & profeffeur de droit-françois au college royal, a fait un traité intitulé: Juftification des ufages de France fur les mariages des enfans de famille faits fans le confentement de leurs parens, in-12. Paris 1687. C'eft un petit traité fort eftimé qui expli que les empêchemens, que les princes peuvent mettre aux mariages.

JEAN GERBAIS, docteur en théologie de la faculté de Paris, & proFeffeur en éloquence, né à Rupoir, village du diocefe de Kheims, en 1629, & mort le 14 d'Avril 1699, a fait un ouvrage fous ce titre: » Traité » pacifique du pouvoir de l'église & des princes fur les empêchemens du ma

riage, avec la pratique des empêchemens qui fubfiftent aujourd'hui «. Paris, in-4°, 1690. Ce traité attaque également le fentiment de Launoy qui donne aux feuls rois le pouvoir de mettre ces empêchemens, & l'opinion de Galefius qui le réserve à l'églife, Gerbais l'accorde aux princes & à l'églife; mais les favans n'ont pas approuvé fes tempéramens, & il lui arriva ce qui arrive ordinairement aux conciliateurs; il mécontenta les partifans des deux opinions qu'il avoit voulu concilier. Voyez les articles de Launoy, de Leullier & de le Merre qui précédent cet article, & celui de Boileau qui le fuit. Plufieurs années avant fon Traité pacifique, Gerbais avoit fait un autre ouvrage qui a pour titre : Differtatio de caufis majoribus ad caput concordatorum de caufis, cum appendice quatuor monumentorum, in quibus Ecclefie Gallicana libertas, in retinenda antiquâ judiciorum forma, confirmatur. Paris, 1679, in-4°. Lugduni, 1685, in-4°. Paris, 1691, in-4°. L'auteur fit cet ouvrage par l'ordre de l'affemblée du clergé de 1665, & il le préfenta manufcrit à l'affemblée de 1670. On ne jugea pas à propos de le publier alors, & il fut confervé dans les archives du clergé jufqu'en 1679, qu'il en fortit pour voir le jour. L'auteur s'attache principalement à faire voir 1°. Que les évêques ont droit de décider des matieres de foi & de difcipline, & d'oppofer l'autorité qu'ils ont reçue immédiatement de JefusChrist, aux nouveautés qui fe pourroient élever dans leurs diocefes & dans leurs provinces. 2°. Que felon la difcipline du concile de Sardique, dont les conciles & les anciens papes ont fi fouvent recommandé l'exécution & dont l'églife Gallicane ne s'eft pas éloignée, les évêques doivent être jugés en premiere inftance par leurs confreres dans leur province. Ces deux points font inconteftables, & je les ai établis dans mon traité du droit eccléfiaftique.

Les auteurs du Journal des Savans firent un grand éloge de cet ouvrage. » Si nous ne nous étions pas (dirent-ils) impofés la loi de ne louer au» cun auteur, nous pourrions dire, fans flatter celui-ci, qu'il n'a pas feu»lement rendu confidérable cet ouvrage par fon favoir & par fon zele pour la confervation des privileges de l'églife Gallicane, mais encore par la méthode & l'arrangement des matieres, & par la clarté & la » pureté du ftyle, qui peuvent faire paffer ce livre pour un modele de la

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