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LAPONIE, Grande contrée d'Europe, fituée dans la Scandinavie,

ES bornes de la Laponie font, à l'orient, la mer Blanche & la Ruffie; au midi, la Suede; à l'occident, la Norwege, & au feptentrion, la Norwege encore, avec la mer du nord continuée par la glaciale. En fa propre langue, cette contrée s'appelle Sameland & Samenolmai. Chez les anciens géographes, dont elle paroiffoit tout au plus apperçue, elle étoit défignée fous les noms de pays des Cynocephales, des Hymantopodes, des Troglodites, & des Pygmées. Son nom moderne, que l'on croit lui avoir été donné par les Suédois, premiers & principaux conquérans du pays, eft du douzieme fiecle. Il dérive, dit-on, de l'un ou de l'autre de ces trois mots Suédois; ou de Lapp, qui veut dire lambeau, torchon; ou de Lappa, qui veut dire chauve-fouris; ou de Läpa, qui fignifie courir. L'on peut fans abfurdité se décider pour laquelle de ces trois étymologies que l'on voudra. La vie errante & vagabonde des Lapons, ou même leur agilité, justifiera la derniere; leur laideur juftifiera la feconde, & leur habillement juftifiera la premiere : & fi, fans vouloir proprement fe déclarer panégyrifte de la figure de ces peuples, de leur vêtement, & de leur genre de vie, l'on trouve pourtant trop peu avantageufes les idées qu'en donnent ces trois étymologies, l'on obfervera, pour en excufer le fens, qu'elles ne préfentent que l'impreffion rapide que firent les Lapons la premiere fois qu'on les vit. Or fous la plume du favant, comme fous le pinceau de l'artiste, tout tableau commença par des traits groffiers.

Partagée entre les couronnes de Ruffie, de Suede, & de Danemarc, la Laponie fe divise en orientale ou ruffienne, en méridionale ou fuédoise, & en occidentale ou danoife. La danoife fait partie de la grande préfecture de Drontheim; la fuédoife du gouvernement de Weft-Bothnie, & la ruffienne de celui d'Archangel.

La portion du pays qui appartient à la Ruffie, compofe le cercle de Kola, Kolskoy Oftrog. Celle du Danemarc fe divife en trois diftricts ou fieges de miffionnaires, qui font Waranger, Porfanger, & Alten : & celle de la Suede, beaucoup plus étendue que les deux autres, comprend lept marches ou provinces, qui prennent avec leur nom commun de Laponie, ceux de Jemptland, d'Angermanie, d'Umea, de Pitea, de Lulea, de Fornea, & de Kiemi. Ce fut déjà dans le treizieme fiecle, & fous le roi Magnus Ladulas, que la domination fuédoife s'établit en Laponie. Celles de la Ruffie & du Danemarc font fort poftérieures. Chacune de cos trois puiffances perçoit dans fa portion certains revenus annuels, très-modiques, à la vérité, & qui fe levent en façon de tributs, plutôt qu'en façon d'impôts. Elles y entretiennent quelques magiftrats & quelques eccléfiaftiques; mais elles n'y emploient ni militaires ni financiers. L'on n'y commet

de leur part ni vexations ni outrages; & l'une des prérogatives de ce pauvre pays eft d'être au moins gouverné avec affez d'innocence.

Plus froide par fon climat, & plus ftérile par fon fol qu'aucune autre contrée de l'Europe, la Laponie, au premier coup-d'œil, eft un pays de mifere, de trifteffe, & de langueur. L'on n'y voit d'abord que montagnes dont les fommets font en toutes faifons chargés de neige; que marais glacés pendant la plus grande partie de l'année; & que rivieres & golfes dont la navigation & le cours ne donnent ni plaifirs ni richeffes; les douces & utiles faifons du printemps & de l'automne y font inconnues; des hivers de 9 à 10 mois n'y font place qu'à des étés de quelques femaines; & fi de province en province, & à des diftances péniblement éloignées, quelques campagnes applaties & defféchées fe découvrent, c'est pour étaler une mouffe rebutante bien plus que des herbages réjouiffans: de cette mouffe encore, & fur-tout de celle qui tapiffe le fond des forêts, s'élevent dans les longs jours de l'été des moucherons fans nombre, qui par leurs opaques effaims éclipfent, pour ainfi dire, le foleil, & par leurs incommodes piqûres deviennent le fléau de tous les vifages. Tel eft au premier coup-d'œil le tableau général de cette contrée. Au fecond coup-d'œil, & vue avec un certain loifir, la face en eft moins fombre, & les détails en font moins défolans : l'on voit en beau, l'on voit dans le vrai, nombre de chofes que d'abord on n'avoit vu qu'en laid. Ces moucherons que l'on ne pouvoit ni compter, ni chaffer, difparoiffent au moyen de quelques précautions aifées, & ne tourmentent réellement à un certain point que dans le centre des forêts. Ces plaines couvertes en apparence d'une mouffe fi fàcheufement épaiffe, produifent pourtant auffi des herbes & des arbrisfeaux, & leur pâture juftement appréciée, ne le céderoit peut-être pas à celle des prairies de Hollande, ni à celle des rochers de la Suiffe. Ces courts étés que le foleil n'abandonne pas, fuffifent pour l'ordinaire à faire mûrir les grains que peut fournir la contrée. Ces longs hivers éclairés par tant d'autres aftres que par celui du jour, font une faifon de repos & même d'agrémens pour les naturels du pays, qui par leur travail de l'été, ont fu fe pourvoir du néceffaire. Ces golfes & ces rivieres donnent du poisfon & des perles ces marais donnent du gibier; & ces montagnes ornent le pays par elles-mêmes, & l'enrichiffent par leurs vallons de tous les bois dont il a befoin. Il croît en Laponie des pins, des fapins, du bouleau, des faules, des frênes, des platanes, &c. Les monts en détournent les ouragans, & font en tout temps acceffibles aux pas du voyageur; ils abondent en cryftaux, en améthiffes, en topazes, en mercure, & en cinabre les forêts y font pleines de fauves, & il n'eft aucune espece de pelleterie, , que l'on ne puiffe tirer de ce pays-là. Nos animaux domeftiques n'y vivent pas, non plus que les bêtes féroces de l'Afrique & de l'Afie, non plus que le chameau, le dromadaire & l'élephant: mais il y a des ours, des loups, des renards, de toutes couleurs, des caftors, des loutres,

des martres, des élans, des rennes apprivoifées & fauvages, des goulus, des écureuils, des lievres, des faucons, &c. Mais le roi des animaux, l'homme, dans la Laponie eft d'une efpece petite, timide, avare, ignorante, pareffeuse, fuperftitieufe & peu nombreuse. L'origine en eft encore inconnue quant à fa date; mais on fe fait moins fcrupule de la confondre avec celle des Finnois, que de la tirer, fuivant l'opinion de quelques-uns, des dix tribus d'Ifraël révoltées fous Roboam. Certains rapports de la langue laponne avec l'hébraïque, joints à la célébration du famedi, facrée chez les Lapons comme chez les Juifs, ont donné lieu à cette derniere conjecture. Quant aux mœurs particulieres de ces peuples, quelque différentes qu'elles puffent avoir été jadis de celles des trois nations qui les ont fubjugués, elles s'en rapprochent aujourd'hui de façon à rendre presque fufpectes les anciennes relations que l'on en a les Lapons modernes exercent des métiers avec affiduité, & trafiquent avec intérêt : ils aiment les liqueurs fortes, le tabac & l'argent; mais ils ont un éloignement fingulier pour la profeffion de foldat, & pour le travail des mines. Ils aiment encore, par préférence à tout autre, leur habillement peliffé, leur ufage prefqu'univerfel de la renne, & le culte idolâtre de leur bon dieu Jubmel, de leur méchant dieu Perkel, & du dieu bon & méchant tour-à-tour, qu'ils appellent tantôt Thor & tantôt Ajicke. L'on prétend qu'ils affocient toujours tacitement leurs prieres à ces faux dieux, avec celles que les miffionnaires leur apprennent à adreffer au vrai Dieu. Enfin les Lapons n'ayant chez eux aucune ville, ni village au moins d'une certaine étendue, leurs habitations pour la plupart n'étant pas même fixes, il en résulte pour eux une fimplicité d'ufages & de coutumes, fort étrangere aux pays où l'on trouve villes & palais, villages & châteaux,

C'EST

LA QUAIS, f. m.

'EST un homme gagé à l'année pour fervir. Ses fonctions font de fe tenir dans l'antichambre, d'annoncer ceux qui entrent, de porter la robe de fa maîtreffe, de fuivre le carroffe de fon maître, de faire les commiffions, de fervir à table, où il fe tient derriere la chaife; d'exécuter dans la maifon la plupart des chofes qui fervent à l'arrangement & à la propreté, d'éclairer ceux qui montent & defcendent, de fuivre à pied dans la rue, la nuit avec un flambeau, &c. mais fur-tout d'annoncer l'état par la livrée & par l'infolence. Le luxe les a multipliés fans nombre. Nos antichambres fe rempliffent, & nos campagnes fe dépeuplent; les fils de nos laboureurs quittent la maifon de leurs peres, & vont prendre dans les grandes villes un habit de livrée. Ils y font conduits par l'indigence & la crainte de la milice, & retenus par la débauche & la fainéantife. Ils fe marient;

ils font des enfans qui foutiennent la race des Laquais; les peres meurent dans la mifere, à moins qu'ils n'ayent été attachés à quelques maîtres bienfaifans qui leur ayent laiffé, en mourant, un morceau de pain coupé bien court. On avoit penfé à mettre un impôt fur la livrée : il en eût réfulté deux avantages au moins; 1°. Le renvoi d'un grand nombre de Laquais; 2°. un obftacle pour ceux qui auroient été tentés de quitter la campagne pour prendre le même état : mais cet impôt étoit trop fage pour

avoir lieu.

J

LARTIGUE, (Jean de) Auteur Politique.

EAN DE LARTIGUE, feigneur de Caplife, prêtre, docteur de Sorbonne, auteur de différens écrits (a) & d'un livre intitulé: la Politique des Conquérans. Paris, Guillaume de Luyne, 1662, in-4to 133 pages, & en 1667, chez Pierre Crabouillet, fans l'épitre au roi qui en contient cinq, & la table & privilege qui en contiennent deux. Il nous apprend qu'il s'étoit nourri de la lecture des ouvrages d'Ariftote; & fon objet, en compofant ce livre, a été à ce qu'il dit » de tirer l'efprit de la >> doctrine de ce philofophe du milieu des ténebres & de l'obscurité où >> fon auteur écrivoit à Alexandre qu'il l'avoit à deffein enfevelie; & com» me fi c'étoit Ariftote lui-même qui la donnât au public par un raison»nement fuccin&t, & en réduifant toute la politique à une vue générale » & à une maxime qui puiffe régler toutes les fonctions du conquérant, » qui foit toujours préfente à fon efprit, & ne l'empêche pas de l'action » où eft fa principale gloire (b) «. Le titre de cet ouvrage n'en donne pas une idée jufte. Ce font des réflexions politiques qui font à l'ufage du prince en général, & non du conquérant feul. C'est une differtation ingénieuse fur le gouvernement.

(a) Voyez le Morery de l'édition 1759.

(b) Page 3.

LASCIF, LASCIVE, adj.

LASCIVE TÉ, f. f.

LA Lafciveté eft une espece de molleffe, fille de l'oifiveté, de l'aisance

& du luxe; delà vient que l'auteur de l'Andrienne (Térence) appelle les plaisirs des grands, lafcivia nobilium.

La Lafciveté eft, à proprement parler, un vice qui bleffe la pureté des mœurs. Le Brame infpiré va nous tracer d'une main légere fon caractere & fes effets.

Couchée mollement, dit-il, fous un berceau de fleurs, elle mendie les regards des enfans des hommes; elle leur tend des pieges & des amo:ces dangereufes.

Son air eft délicat, fa complexion foible; fa parure eft un négligé touchant; la volupté eft dans fes yeux, & la féduction dans fon ame.

Fuis fes charmes, ferme l'oreille à l'enchantement de fes difcours; fi tes yeux rencontrent la langueur des fiens; fi fa voix douce paffe jufqu'à ton cœur; fi, dans ce moment, elle jette fes bras autour de ton cou, te voilà fon efclave; elle l'enchaîne à jamais.

La honte, la maladie, la mifere & le repentir marchent à sa suite. Affoibli par la débauche, endormi par la molleffe, énervé par l'inaction, tu tomberas dans la langueur; le cercle de tes jours fera étroit, celui de tes peinés étendu; le premier fera fans gloire; l'autre n'excitera ni larmes, ni pitié.

LA TORRE ET PEPOLI, Auteurs Politiques.

LA TORRE, qui avoit été employé en quelques négociations, a publié un livre qui a pour titre Mémoires & Négociations fecrétes de Ferdinand Bonaventure, comte d'Harrach, ambaffadeur plénipotentiaire de S. M. Impériale à la cour de Madrid, 2 vol. in-12. La Haye, Pierre Huffon, 1720.

Ce n'eft point ici un Recueil de Négociations du comte d'Harrach, comme le titre femble l'indiquer. C'est une hiftoire que la Torre, partifan de la maifon d'Autriche, fait des négociations de ce miniftre à Madrid, fur la fin du regne de Charles II, dont la mort devoit faire donner pour maître à l'Espagne, un prince François, un prince Bavarois, ou un prince Autrichien. L'hiftorien a coufu quelques lettres & quelques fragmens de Lettres du comte d'Harrach, au récit qu'il fait de ce qui s'eft paffé jufqu'au premier traité de partage conclu entre les François, les Anglois, & les Hollandois, à la Haye l'onzieme d'octobre 1698, & il a rapporté à la fin de fon livre une confultation fur cette grande queftion de la fucceffion d'Efpagne. Elle est datée de Bologne du 30 de novembre 1698. Elle occupe les 40 dernieres pages du livre qui en contient 307. Elle eft de Léonard Pépoli, & la Torre nous apprend que l'auteur de cette confultation paffoit pour le plus grand jurifconfulte & pour le plus grand politique d'Italie. Cet ouvrage n'eft pas trop mal fait; mais le lecteur qui cherche à s'inftruire & qui fe défie d'un écrivain dont la partialité fe manifefte, voudroit voir les négociations mêmes. L'hiftorien d'une négociation ne rapporte

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