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de régner doit tirer de la bonté; & le VII, des moyens que ce même art doit prendre de la libéralité.

La derniere partie contient trois difcours. I. Des aides que l'art de régner tire du confeil. II. Des aides qu'il tire des finances. III. Des aides qu'il doit tirer des armes. L'auteur appuie prefque par-tout fes enfeignemens fur des exemples tirés ou de l'écriture, ou de l'hiftoire profane, tant ancienne que moderne:

Après avoir lu ce livre, on ne fait pas mieux ce qu'il faut faire pour gouverner les peuples qu'on le favoit auparavant. Trois défauts capitaux y regnent. Le premier, c'eft que tout y eft traité d'une maniere diffuse, avec une grande abondance de mots, & une plus grande difette de chofes. L'auteur traite les objets les plus importans avec une légèreté fuperficielle qui annonce fon peu de connoiffance. Son ftyle eft d'ailleurs celui d'un rétheur affecté plutôt que d'un moralifte réfléchi. Enfin il ramene à chaque page l'éloge du prince auquel fon ouvrage eft dédié, & cette baffe flatterie gâte le peu de bonnes inftructions qu'il donne. On ne peut mieux caractériser cet Art de régner qu'en difant qu'il peut fervir de pendant au P de Balzac.

LENTULUS, Auteur Politique.

CYRIAQUE DE LENTZ, dit en latin Lentulus, profeffeur à Herborn,

ville du comté de Naffau, a fait un très-ample commentaire fur toutes les Œuvres de Tacite, en 5 tomes in-8vo.

Le premier eft intitulé: Arcana regnorum & rerum publicarum. Le second a pour titre : Aula Tiberiana. Le troifieme: Princeps abfolutus. Le quatrieme : Janus referatus politicus & militaris. Le dernier : Germanica cum vitá Julii Agricola.

Le même Lentulus a fait un petit livre qui a pour titre : Augufte, dans lequel il enfeigne les moyens de former & de conferver un empire. Il n'y a prefque rien dans ce livre qui ne foit dans l'Arcana regnorum, dont il n'eft proprement que le projet & le préliminaire.

Il a fait auffi un traité intitulé: Imperator five de jure circa bella & pacem obfervando, lequel eft une espece de réfutation du livre De jure belli & pacis du grand Grotius, qui y eft fort maltraité.

Amelot de la Houffaye paroit faire un affez grand cas des ouvrages de notre Lentulus (a).

(a) Difcours critique qui eft à la tête de la traduction des fix premiers livres des ani nales de Tacite,

LÉPIDE, (Marc-Emile) Triumvir.

LEPIDE, étoit d'une famille illuftre qui avoit fourni à Rome des

pontifes, des magiftrats & des confuls. Quoiqu'il n'eut ni les vertus, ni les vices qui donnent de la célébrité dans les temps orageux, il joua le plus grand rôle pendant les troubles qui bouleverferent la république romaine après la mort de Jules-Céfar. Lépide, fans avoir les talens qui font les grands capitaines, avoit hérité du courage de fes ancêtres. Il fe mit à la tête d'une armée après la mort du dictateur. Quelques actions d'éclat le firent rechercher par Augufte & Antoine, & leurs forces réunies déciderent du fort de Rome & de l'univers dont ils partagerent l'empire & les dépouilles. Ils formerent enfemble cette ligue cruelle connue fous le nom de triumvirat qui fit couler des ruiffeaux de fang; & qui penfa changer Rome en un défert. Quoique Lépide fût d'un caractere doux & pareffeux, il imita la cruauté de fes collegues. Tous fes ennemis furent fes victimes, & il fut affez dénaturé pour abandonner fon frere à la cruauté des tyrans fes complices. Le jeune Pompée, qui fe faifoit appeller le fils de Neptune, dominoit fur les mers, & maître de la Sicile, il portoit la terreur dans le fein de l'Italie. Lépide étoit alors en Afrique dont il avoit le commandement ou plutôt la domination. Augufte follicita fon affiftance pour réprimer les pirateries de leur ennemi commun; ils réunirent leurs forces, & remporterent une victoire fignalée fur Pompée. Ce fuccès qui devoit affermir leur amitié, fut la femence de leurs divifions. Lépide qui s'attribuoit tout l'honneur de cette victoire, prétendit feul en recueillir tout le fruit. La guerre s'alluma entre ces deux hommes rivaux du pouvoir. Augufte plus adroit fans être auffi courageux, lui débaucha toute fon armée, & ne voyant en lui qu'un rival méprifable, il paffa avec affurance dans fon camp où il fut reconnu général par toutes les troupes. Lépide n'eut d'autre reffource que de s'abandonner à fa difcrétion, quoiqu'il eut tout à craindre d'un ennemi ambitieux qui avoit cimenté fa puiffance du fang des plus vertueux citoyens. Augufte ufa avec modération de la victoire, il fe fit un mérite de pardonner à un homme dont il n'avoit rien à craindre. Il fe contenta de le deftituer de fon gouvernement & de fes autres emplois. Il ne lui laiffa que la place de fouverain pontife qui ne lui donnoit aucune influence dans les affaires publiques. Lépide relégué dans une petite ville d'Italie, ne parut point y regretter fon ancienne grandeur. Sa pareffe ennemie de l'ambition lui fit fupporter fans ennui fon exil, & comme il n'avoit pas follicité les careffes de la fortune, il ne fe plaignit point de les revers. I vécut peu eftimé, & il laiffa, en mourant, la réputation d'avoir été le plus humain des triumvirs,

LE

LE ROY, (Louis) Auteur Politique.

LOUIS LE ROY, profeffeur royal de philofophie à Paris, né à

Coutances vers le commencement du feizieme fiecle, & mort à Paris le 2 Juillet 1579, floriffoit fous le regne de Charles IX. Il eft le premier qui ait appris à Platon & à Ariftote à s'exprimer en François. Il confacra tous fes talens à l'ornement & à la perfection de notre langue. Il à enrichi les livres de Platon & d'Ariftote d'une doctrine abondante & d'un grand nombre d'exemples, & il a d'ailleurs fait divers traités qui ont rapport à la fcience du gouvernement. De Thou nous apprend que le caractere de ce génie élevé, incapable des foins vils que demandent les befoins ordinaires, lui ayant fait négliger fes affaires domeftiques, cet homme, qui jufqu'alors n'avoit vu perfonne au-deffus de lui, fut obligé de vivre aux dépens d'autrui dans fa vieilleffe. C'étoit naturellement un homme de mauvaise humeur, & fa mifere ne l'avoit pas rendu plus complaifant.

I. Sa traduction de la république de Platon avec fes notes, parut imprimée à Paris chez Sébastien Nivelle 1553, & en 1555 in-4to.

II. Sa traduction des politiques d'Ariftote avec fes notes, fut aussi imprimée à Paris, chez Michel Vanofan en 1576 in-folio.

Ces deux traductions d'abord imprimées à part, l'ont été conjointement, & compofent ensemble un jufte volume in-folio, à Paris, 1575. Elles font bonnes pour le temps où elles ont été faites; l'auteur étoit fort verfé dans l'intelligence de la langue Grecque, & on le regarde comme un interprete exact & fidele. Quant à fon ftyle, il s'étoit appliqué à polir notre langue;" & on trouve, chez lui, des tours de phrafe heureux, & une forte de pureté; mais c'eft toujours un ftyle du milieu du feizieme fiecle.

III. Projet ou deffein du royaume de France pour en représenter l'état entier fur le bon plaifir du roi. Paris, Frédéric Morel, 1669, in-8vo. Ce n'est qu'une brochure de dix pages qui n'eft proprement que la table des titres de dix livres que l'auteur préparoit; mais il dit dans fa préface qu'on avoit trouvé qu'il n'étoit pas bon de tant communiquer les affaires du royaume aux étrangers. Le premier livre devoit contenir une description de la France; le fecond, le commencement, le progrès & l'accroiffement & durée du royaume; le troifieme, la police du royaume; le quatrieme, de l'Etat eccléfiaftique; le cinquieme, de la cour; le fixieme, du trépas, funérailles, facre & couronnement du roi, le feptieme, de fon revenu; le huitieme, de fes forces; le neuvieme, des jurifdictions; & le dixieme, des dignités du royaume.

IV. La traduction des Enfeignemens d'Ifocrate & de Xénophon pour bien régner, qu'il dédia à Charles IX, imprimés à Paris, chez Vincent Serteras, 1560, in-8vo. Nous n'avons plus que vingt-un difcours d'Ifocrate. Notre Tome XXIII.

R

Le Roy en a traduit trois. 1°. L'exhortation à Démonique, fils d'Hipponique, illuftre Athénien & frere de Callias. 2°. L'oraifon du regne ou de la maniere de bien régner, adreffée à Nicoclès. 3°. Et le Symmachique ou de la paix. Notre Le Roy a interprété le titre de ce dernier difcours du devoir du prince, quoique ce foit une exhortation à faire la paix avec ceux de Chio, de Rhodes & de Byfance.

V. Il est l'auteur d'une Exhortation aux François pour vivre en concorde & jouir du bien de la paix. Paris Jacques Dupuy 1970 in-8°. Cet ouvrage roule fur les malheurs des guerres civiles.

VI. Nous avons auffi les » Monarchiques de Louis Le Roy, de la mo» narchie, des chofes requifes à fon établiffement & confervation » avec la conférence des royaumes & empires les plus célébres du >> monde, anciens & modernes, en leurs commencemens, progrès, ac>> croiffemens, étendues, revenus, forces par mer & par terre, diverfité » de guerroyer, trains & cours des princes, confeils fouverains, polices » judicatures, loix, magiftrats, durées, décadences, & ruines. « A Paris chez Jacques Dupuy & chez Frédéric Morel 1570. Ce n'eft qu'un projet de 89 pages communiqué au public, pour en avoir fon avis, & qui eft demeuré fans exécution. Ce ne font que les fommaires d'un ouvrage qui devoit contenir vingt-deux livres dont on lit ici le fujet ; plus des trois quarts de ce fujet étoient purement hiftoriques, & auroient pu être retranchés da projet, fi l'on avoit voulu le borner aux matieres de gouvernement.

Nous avons encore de notre profeffeur un livre » de l'excellence du gou» vernement royal, avec exhortation aux François de perfévérer en ice» lui, fans chercher mutations pernicieuses, étant le roi préfent digne de » cet honneur, non-feulement par droit de légitime fucceffion, mais auffi » par le mérite de fa propre vertu, & le royaume réglé d'ancienneté par » meilleur ordre que nul autre que l'on fache, étant plus utile qu'il foit » héréditaire qu'électif, & adminiftré par l'autorité du roi & de fon confeil ordinaire, que par l'avis du peuple, ni entendu, ni expérimenté aux » affaires d'Etat, « imprimé à Paris chez le même Frédéric Morel en 1575. C'est une differtation de 80 pages in-8vo. que l'auteur écrit en faveur de la monarchie, à l'occafion des guerres civiles. Le titre feul fuffit pour faire connoître la nature de cet ouvrage.

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Nous avons enfin de ce laborieux écrivain des prolegomenes politiques imprimés chez le même imprimeur, & en l'année 1575. Ils font divifés en dix articles. I. Du commencement & du progrès de la politique. II. Contre ceux qui prétendent que la religion doit la naiffance à la politique. III. Quelle est la méthode d'Ariftote, en expliquant la politique? IV. Sur le titre de fon livre. V. Quel en eft le précis? VI. Quel eft l'emploi & la fin de la politique? VII. Définition d'une ville. VIII. Efpeces & parties de la ville. IX. Si les hommes ont formé des fociétés civiles pour vivre plus commodément ou pour vivre plus furement? X. Que la fociété civile eft la plus avantageufe de toutes les fociétés.

LESCHASSIER, (Jacques) Jurifconfulte & Politique.

LESCH

ESCHASSIER, né à Paris en 1550 & mort en 162;, avocat au parlement de Paris, fe diftingua dans la plaidoierie, fuivit Pibrac dans fon ambaffade de Pologne, comme ami & compagnie, fut un des fubftituts du procureur-général du roi au parlement de Paris, dans un temps où ces charges n'étoient pas encore vénales, & compofa plufieurs ouvrages fur le droit, qui firent éclater fa profonde érudition dans la fcience des loix Romaines. Il a fait quelques petits traités fur des matieres politiques, qui ont éte imprimés féparément fur la fin du feizieme fiecle & dans le commencement du dix-feptieme. Les héritiers de cet auteur raffemblerent fes œuvres, & les firent imprimer ensemble à Paris, en 1649, in-4to. Il en fut fait une feconde édition en 1652.

On y trouve ces quatre traités, qui ont d'ailleurs été imprimés dans le recueil des preuves des libertés de l'église Gallicane. 1o. Du droit de nature. 2o. De la loi Salique. 3°. Des régences de France. 4°. De la liberté ancienne & canonique de l'églife Gallicane aux cours fouveraines de France, contre ceux qui difent que les juges de ce royaume doivent dire & coter quelles & combien font les libertés de l'églife Gallicane.

Ces petits traités furent fort eftimés dans le temps.

Le principe de cet auteur, c'eft qu'il faut toujours diftinguer deux jurifprudences du droit canonique de France, l'ancienne & la nouvelle. L'ancienne a d'abord été fondée fur les canons de Nicée, fur différens canons des conciles de France, & fur quelques-uns de ceux qui avoient été faits dans les conciles des provinces de ce royaume. C'eft ainfi que, du temps de Charlemagne, nous adoptâmes pour notre ufage la collection de Denis-le-Petit, & que nous rejetâmes les nouveautés introduites par les fauffes décrétales. La nouvelle eft établie fur les ordonnances de nos rois, fur les concordats, & fur les arrêts des cours fupérieures. Cette feconde liberté, dit Lefchaffier, a été introduite par néceffité, & comme fubfidiaire à la premiere, pour délivrer l'églife du royaume de la fervitude qui la menaçoit. Or les conciles modernes qui ont établi la fervitude de l'église, doivent céder aux anciens qui en ont établi la liberté.

On trouve encore parmi les œuvres de Lefchaffier & dans le recueil des traités & des libertés de l'églife Gallicane, une confultation du premier de décembre 1606, qui parut dans le différend de la feigneurie de Venise avec Paul V. Cette république ayant confulté notre jurifconfulte, il fit cette confultation fous ce titre: Confultatio Parifii cujufdam de controverfid inter fanditatem Pauli quinti & fereniffimam republicam Venetam; & il l'adreffa ad virum clariffimum Venetum. L'avocat confulté fait voir que, fuivant les anciens canons, les eccléfiaftiques ne peuvent con

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