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contre fa fierté & fes hauteurs: que c'étoit le plus perdu de tous les hommes par toute forte de vices, & qu'à peine fe trouveroit-il un feul homme dans tout le royaume qui ne convint de cette vérité, & qui ne se fit un plaifir de voir un fi méchant homme abaiffé & puni.

S'il m'eft permis de dire ce que je penfe de ces deux courtifans, & de rapporter le jugement qu'en ont fait les hiftoriens, je dirai qu'à la vérité Suflex étoit plus honnête-homme & plus brave; mais l'autre un courtifan plus poli, & meilleur politique. Le malheur eft qu'il fe fervoit de fes lumieres plus pour fes intérêts particuliers, que pour le bien de l'Etat.

Soit que le crédit de Leicester commençât à diminuer, ou que l'exemple de Suffex eût rendu fes ennemis plus entreprenans, foit enfin que ce miniftre ambitieux, étourdi de fa grandeur, ne gardât plus de mefures, & fit piece à tout le monde, il fe trouva des gens qui n'en garderent guere avec lui. Il y a peu de cours où il n'y ait de ces fortes de gens qui, Tous prétexte de boufonnerie, difent de temps en temps de groffes vérités. Il y en avoit un de cet ordre à la cour d'Elifabeth, connu fous le nom de Tarleton, comédien de profeffion. Cette princeffe ayant employé la plus grande partie de la journée aux affaires de l'Etat, ou à la lecture, & étant bien aife de fe délaffer le foir, prenoit plaifir, en foupant, d'entendre parler cet homme, qui étoit des plus facétieux, & faifoit un conte avec beaucoup de grace. Tarleton ayant fait une comédie, qu'il joua devant la reine, s'avifa d'apostropher le chevalier Rawleigh, & la matiere lui faifant plaifir, il fe donna la liberté de dauber le crédit & les richeffes immenfes de Leicefter. Le comédien fut tellement applaudi, que la reine jugea pour lors à propos de diffimuler fon reffentiment; mais quelques jours après elle défendit à Tarleton, & autres gens de fon efpece, d'approcher de sa table, foit qu'elle voulût encore faire ce plaifir à Leicester, ou qu'elle eût naturellement de l'averfion pour ces impertinens caufeurs qui fe font un plaifir de noircir la réputation d'autrui.

Leicester après avoir difputé le terrein durant plufieurs années, avec les partis qui s'élevoient fucceffivement contre lui, s'apperçut enfin que fon crédit commençoit à baiffer auprès de la reine, qui avoit trouvé fort mauvais qu'il eût époufé clandeftinement la comteffe d'Effex, du vivant même de fa premiere femme. Alarmé peut-être par les remords de fa confcience qui lui faifoit appréhender les coups de la juftice divine, ou craignant, pour mieux dire, un changement fatal, & le grand nombre d'ennemis redoutables qu'il s'étoit attirés, il réfolut de s'éloigner. Pour le faire avec bienféance il demanda & obtint, en 1585, le commandement de l'armée qu'Elifabeth avoit au fervice des Hollandois. Comme il n'entendoit point le métier de la guerre, non-feulement il ne fit rien de bon; mais il penfa même tout gâter. Ses foldats vécurent fans ordre & fans difcipline, & firent tant de défordres, que les Hollandois s'en plaignirent fortement à la reine. Comme elle av.it un intérêt particulier à foutenir les Hollandois, & que la guerre

des Pays-Bas faifoit la tranquillité de fon royaume, elle fut fi choquée de la méchante manœuvre de Leicester, qu'elle ne put jamais le lui pardonner. Ce fut alors que fe rappellant les remontrances de Suffex, l'ambition avec laquelle Leicefter avoit ufurpé le pouvoir de lieutenant-général des armées en Angleterre & en Irlande; affectation contre laquelle le lord Burleigh s'étoit fort récrié, &c. elle ne voulut jamais recevoir fes excuses, ni lui redonner fa bienveillance, pour apprendre aux autres, par un tel exemple, à préférer le bien public à leur intérêt particulier, & à n'aspirer pas à de trop grands honneurs qui expofent aux grandes chûtes. Sa difgrace le jeta dans une langueur qui ne finit qu'avec fa vie. Il fe retira à la campagne, réfolu de faire fa demeure à Killingnorth, lieu fort éloigné de la cour; & les uns difent qu'il fut attaqué en chemin d'une groffe fievre qui Pemporta; d'autres affurent qu'il mourut à Cornbury de poifon qu'il avoit préparé pour d'autres; car il paffoit pour habile homme en l'art d'empoifonner. Il avoit la politique de fon pere & de fon grand-père, à quoi il ajoutoit les extravagances de la magie & de l'aftrologie. Il aimoit le commerce des gens fages, & la fociété des prétendus devins ou magiciens. Il disoit fouvent qu'un miniftre d'Etat ne devoit rien ignorer.

Jamais homme ne fut mieux faire l'homme de bien que Leicester : fes lettres offrent des mouvemens de probité tout-à-fait beaux; cependant jamais homme ne s'eft fait moins de peine d'un crime,

La reine témoigna quelque douleur en apprenant la mort de fon favori. Elle fit néanmoins faifir fon bien en conféquence de ce qu'il devoit à la chambre des finances. Mais les créanciers de Leicester ne manquerent, ni de prétextes, ni de ftratagêmes pour le tirer du fifc & fe faire payer..

LEIPSICK, Ville confidérable d'Allemagne dans le cercle de la HauteSaxe, qui donne fon nom à un canton appellé le cercle de Leipfick,

LE

E cercle de Leipfick, y compris le grand chapitre de Wurzen (a), confine à ceux de Mifnie & de l'Erzgebürg; à une partie du duché d'Altenbourg; aux évêchés de Merfebourg & de Naumbourg-Zeitz; au cercle électoral & à celui de la Thuringe. Il contient 32 villes, un bourg & 1056 villages, que Hempel réduit à 947; & contient en outre 214 nobles immédiats & 150 médiats. Les bailliages, qui le compofent, font:

- I. Le bailliage circulaire de Leipfick, qui renferme 41 nobles immédiats, 25 médiats & 153 villages.

(a) Le grand-chapitre de Wurzen eft auffi nommé par les auteurs François évêché, quoique fans fondement. :

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Leipfick, nommé anciennement Lipzk, en latin Lipfia, une des plus belles & des plus célebres villes de l'Allemagne. Elle eft fituée dans une plaine auffi agréable que fertile, au 5 degré 22 minutes de latitude. La riviere de Pleiffe la traverfe; celles de Barde, d'Elfter & de Luppe n'en font point éloignées. Son enceinte n'a que 8954 pas, mais fans y comprendre les fauxbourgs, qui font beaux, & bien bâtis, & fans y comprendre non plus les jardins, qui s'y trouvent. Les fauxbourgs font féparés de la ville par une belle allée de tilleuls plantée en 1702, & continuée depuis tout autour de la ville. Les foffés font garnis de mûriers depuis la porte de Grimma jufqu'à celle de Saint Pierre. Le château, appellé Pleiffenbourg, en eft pareillement entouré. Les rues y font éclairées par plus de 700 lanternes depuis 1701. La propreté y eft entretenue par le moyen des éclufes, qui y font pratiquées. Ces rues font larges & bordées de belles maisons, dont une partie approche de la magnificence des palais. Cette ville eft immédiate & la premiere de celles, qui dépendent du petit comité; elle eft le chef-lieu du bailliage du cercle, & a le directoire non-feulement dans fon enceinte, mais même à l'affemblée des Etats fur toutes les autres villes en général. Les tribunaux, qui y font établis, font: la cour fupérieure de juftice, celui des échevins, ceux du commerce & de la librairie, le confiftoire, dont la jurifdiction s'étend fur 23 furintendances, y compris celle de la ville même, qui exerce fon autorité sur ¥2 églifes de villes & fur 47 autres tant mere-églifes que fuccurfales de campagne, & dont le diftrict auffi eft divifé en ceux de Taucha, de Ratha, de Delitzfch-Zerbig, & d'Arnftein, enclavé dans le pays de Mansfeld. L'univerfité y eft également floriffante & fameufe: elle fut fondée & inaugurée en 1409, pour quatre nations différentes, favoir : celles de Saxe de Mifnie, de Baviere ou de Franconie & de Pologne. Il y a en outre 6 colleges, 2 écoles latines, l'une de St. Nicolas & l'autre de St. Thomas, une fociété littéraire Allemande, & une autre des beaux-arts. Elle eft une des quatre villes de l'empire, appellées Lege-Stædte. Nulle ville de l'Allemagne n'a un commerce plus général, ni plus étendu. Sa banque eft confidérable & les trois célébres foires, qui s'y tiennent trois femaines après Pâques, à la St. Michel & au nouvel an, lui procurent un débit immenfe tant des marchandifes du pays, que de celles des pays étrangers. Le droit d'étape, en Allemand Stapel-Gerechtigkeit, dont cette ville jouit, s'étend à quinze milles à la ronde. Ce droit confifte à faire entrepofer dans la ville, au moins pendant trois jours, toutes les marchandifes, qui font voiturées dans la diftance, qui vient d'être défignée; pendant lequel temps les marchands de la ville ont le pouvoir de s'en approvifionner, fans que, ce qui peur en refter, puifle être déchargé nulle autre part dans l'étendue de cette même diflance. Le Pleiffenbourg eft un château fortifié, fitué fur la Pleiffe hors la porte de St. Pierre. Il y a été établie une monnoie en 1752, qui a peu fubfifté. Ceux des bourgeois &

habitans, qui profeffent la religion catholique, y ont une chapelle pour exercer leur culte. Au milieu de la ville eft une belle place, fur laquelle se tient le marché. L'hôtel-de-ville la borde d'un côté. Celle où fe tient le marché aux pots de terre, eft le lieu, où eft fituée la bourfe; le bâtiment en eft beau; on vante particuliérement la peinture du plafond de la falle. Un autre bâtiment digne de remarque eft le Gewandhaus, dans lequel fe trouve la belle bibliotheque publique de la ville, dont la falle a été bâtie à neuf en 1742. Les colleges illuftres, dont eft composée l'univerfité, font celui de St. Paul, dans lequel eft placée la bibliotheque de cette même univerfité, l'amphithéâtre d'anatomie, près duquel eft un jardin botanique; le grand college du prince; le petit college du prince; eelui de Notre Dame; celui, appellé le college rouge, & celui enfin des jurifconfultes. Les réformés y jouiffent d'un libre exercice de leur religion: ils s'affemblent à cet effet publiquement dans une grande chambre de la maison du trésor, qui leur a été accordée en 1707: on n'y faifoit ci-devant le fervice qu'en langue Françoife, mais il fe fait également en langue Allemande depuis 1758. Il a été fait mention plus haut de la chapelle, dans laquelle les catholiques ont coutume de pratiquer le culte de leur religion. L'exercice de la luthérienne, qui eft la dominante, fe fait dans plufieurs églises, qui font celle de St. Nicolas, de St. Thomas, le temple-neuf, l'églife de St. Pierre, à laquelle est attaché un féminaire, celle de l'univerfité établie dans le college de St. Paul, celle de la maison de force & des orphelins, celle de St. Jean', celle de l'hôpital, lefquelles deux dernieres font fituées hors de la porte de Grimma, & celle enfin de la ladrerie, qui fe trouve hors de la porte de Ranftadt.

Les manufactures font très-nombreuses à Leipfick, & d'efpeces différentes on y met en œuvre l'or, l'argent, la foie, la laine & de fil de lin. On y teint parfaitement en foie, & on y imprime des toiles & des étoffes de toutes fortes. Il s'y fait des toiles cirées, des peaux, du bleu de Berlin & plufieurs autres marchandifes de cette nature. Les orphelins raffemblés dans une maifon particuliere s'y occupent principalement à élever des vers à foie, & à donner à leur production les préparatifs néceffaires pour pouvoir être mise en œuvre. Il y a au delà de 20 libraires dans cette ville 13 imprimeries, près de 50 négocians tant François, qu'Italiens, environ 150 marchands en gros & plus de 250 marchands détailleurs, nombre dans lequel ne font point compris les marchands drapiers, qui y eft confidérable. Il eft à préfumer, que c'eft aux Venedes Sorbes que cette ville doit la naiffance. La chronique de Dithmar la qualifie de ville dès l'année 1015. Elle appartient, felon la commune opinion, à l'évêché de Merfebourg, duquel elle paffa à titre d'échange en 1134 à Conrad, marggrave de Mifnie. Luther, & un nommé Eck, y eurent une difcuffion théologique en 1519, qui fut renouvellée en 1631 entre des théologiens luthésiens Saxons & d'autres théologiens calviniftes des pays de Brandebourg

&

& de Caffel. L'électeur Jean Frédéric affiégea cette ville en 1547: elle le fut une feconde fois en 1637 par Banner, général de l'armée Suédoise mais toujours inutilement. Les troupes impériales s'en rendirent maîtres en 1631 & 32, & les Suédois en 1642. Les Pruffiens en prirent poffeffion en 1745 & 1756, & la forcerent à leur payer de fortes fommes d'argent. Ils en furent chaffés par les troupes impériales & celles des cercles, mais ce ne fut que pour très-peu de temps: ils s'en emparerent une feconde fois & y extorquerent des contributions immenfes, ajoutant de nouvelles fortifications aux anciennes, & quittant la ville de plein gré pour en reprendre poffeffion peu de temps après. Les alouettes, dont la chaffe eft abondante dans les environs de cette ville, font fort recherchées.

II. Le bailliage de Delitzsch contient 19 nobles immédiats & 121 villages. Il appartenoit autrefois à la branche collatérale de Saxe-Merfebourg. III. Le bailliage de Zarbig contient 13 villages & fix nobles immédiats. La famille de Merfebourg, branche collatérale de la maison électorale de Saxe, la pofféda depuis 1656 jufqu'en 1738.

IV. Le bailliage de Duben contient 10 villages, 4 nobles immédiats & 7 médiats.

V. Le village d'Eilenbourg contient 23 villages, 14 nobles immédiats & 8 médiats.

VI. Le bailliage héréditaire de Grimma contient 95 villages, 24 nobles immédiats & 14 médiats.

VII. Le bailliage de Grimma, appartenant à l'école princiere établie à

Grimma.

VIII. Le bailliage de Mutfchen contient 18 villages, 2 nobles immédiats & médiat.

IX. Le bailliage de Leifsnig & de Dabeln contient 119 villages, 22 nobles immédiats & 16 médiats.

X. Le bailliage de Rochlitz eft compofé de 130 villages, & contient 15 nobles immédiats & 11 médiats.

XI. Le bailliage de Colditz contient 69 villages, 6 nobles immédiats & 16 médiats.

XII. Le bailliage de Borna contient 125 villages, 27 nobles immédiats & 27 médiats.

XIII. Le bailliage de Pegau contient 67 villages, 17 nobles immédiats & 6 médiats. Ce bailliage faifoit partie de l'apanage de la branche collatérale de Zeitz, qui, après l'extinction de cette même branche, eft retourné à la maifon électorale de Saxe.

XIV. Le bailliage du chapitre de Wurzen comprend 76 villages & 22 nobles immédiats. S'étant élevé une conteftation en 1718 entre les Etats du cercle de Vogtland & ceux du chapitre de Wurzen au fujet de la préféance aux affemblées du grand comité, les premiers foutinrent, que l'ordre établi parmi les cercles devoit être permanent, & qu'il ne pouvoit être trouTome XXIII.

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