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>> cendons en ce lieu, & confon>> dons-y tellement leur langage, » qu'ils ne s'entendent plus les uns >> les autres. C'est ainsi, que le » Seigneur les dispersa de ce lieu » dans tous les païs du monde, » & qu'ils cessérent de bâtir cette » ville. C'est pour cette raison » que cette ville fut appellée Ba>> bel, parce que c'est-là que le >> Seigneur confondit le langage >> de toute la terre, & que de-là >> il dispersa les hommes dans tou> tes les régions. « On place cet événement, vers l'an du monde 1775, & 120 ans après le Déluge.

On croit que Nemrod, fils de Chus, fut le principal auteur de l'entreprise de la tour de Babel. Il vouloit, dit Josephe, bâtir une tour si élevée, qu'elle pût le garantir d'un nouveau déluge, & le mettre en état de venger même contre Dieu, la mort de ses ancêtres, caufée par le Déluge. Il est difficile de croire qu'il se soit mis une aussi folle imagination dans l'esprit. Quoiqu'il en soit, M. le président de Brosses, dans un Mémoire que l'on trouve parmi ceux de l'Académie des Inscriptions & Belles Lettres, remarque que la Bible ne regarde point la construction de cette tour, comme une entreprise condamnable, & qu'elle ne dit nulle part que Dien eût fait quelque défense à ce sujet. Ce font les Commentateurs, ajoûte M. le président de Brosses, qui ont mis depuis ce sentiment en vogue, faute d'avoir, à ce que croit Périzonius, bien entendu le sens du passage de la Génèse, qui

ne veut pas dire: faifons-nous un nom, avant que d'être épars fur la terre; mais faisons-nous un figne, de peur que nous ne soyons épars, Soit que cette tour dût servir d'un signal à ce peuple de bergers pour les empêcher de s'égarer en conduisant leurs troupeaux dans les vastes plaines de Sennaar; soit que les connoissances Astronomiques, à la perfection desquelles elle paroît avoir été destinée, duffent servir aux bergers à se retrouver au milieu de la nuit par le moyen des étoiles.

Nous ne sçavons pas jusqu'à quelle hauteur cette tour avoit été élevée. Tout ce que l'on en trouve dans les Auteurs, ne mérite aucune créance. Plusieurs ont cru que la tour de Bélus, dont parle Hérodote, & que l'on voyoit encore de son tems à Babylone, étoit la tour de Babel; ou du moins qu'elle avoit été bâtie fur les fondemens de l'ancienne. Ce dernier sentiment paroît d'autant plus vraisemblable, que cette tour étoit achevée & avoit toute fa hauteur. Elle étoit composée, selon Hérodote, ainsi que nous l'obfervons à l'article de Babylone, de huit tours placées l'une sur l'autre en diminuant toujours en grofseur depuis la première jusqu'à la dernière. Au-dessus de la huitième étoit le temple de Bélus. Hérodote ne dit pas quelle étoit la hauteur de tout l'édifice; mais seulement, que la première des huit tours, & celle qui servoit comme de base aux sept autres, avoit un stade, ou cent cinquante pas en hauteur & en largeur, ou en quarré; car, son texte n'est pas bien clair. Quelques Écrivains croyent que c'étoit la hauteur de tout l'édifice; & Strabon l'a entendu en ce fens. D'autres foûtiennent que chacune des huit tours avoit un ftade, & que tout l'édifice avoit huit stades, ou douze cens pas de hauteur; ce qui paroît impofsible. Cependant, S. Jérôme dit, sur le rapport des autres, qu'il avoit quatre mille pas de hauteur. D'autres lui en donnent encore davantage.

Les nouveaux Voyageurs varient dans les descriptions, qu'ils nous donnent des restes de la tour de Babel. Fabricius dit qu'elle peut avoir environ un mille de tour. Guion dit la même chose. Benjamin, qui est beaucoup plus ancien, affure qu'elle avoit deux mille pas de long par les fondemens. Le sieur de la Boulaye le Gouz, gentil-homme Angevin, qui dit avoir fait un affez-long séjour à Babylone ou Bagdat, rapporte qu'il y a, environ à trois lieues de cette ville, une tour nommée Mégara, & fituée entre l'Euphrate & le Tigre, dans une rafe campagne. Cette tour est toute folide en dedans, & ressemble plutôt à une montagne, qu'à une tour. Elle a par le pied cinq cens pas de circuit; & comme la pluye & les vents l'ont beaucoup ruinée, elle ne peut avoir de hauteur qu'environ cent trente-huit pieds de roi. Elle est bâtie de briques, qui ont quatre doigts d'épaisseur. Après sept rangs de bri

(a) Plut. Tom. I. pag. 43, 287.

ques, il y a un rang de paille de trois doigts d'épaisseur, mêlée avec de la poix ou du bitume. Depuis le haut jusqu'en bas, on compte environ cinquante rangs.

en

Il y a apparence que tout ce que l'on raconte de cetie tour, excepté ce que l'on en trouve dans l'Écriture, eft eft fabuleux; & que les restes de quelques tours, que l'on montre dans la Babylonie, ne font rien moins que les restes de la tour de Babel.

BABIA, Babia, nom d'une idole, qui étoit révérée en Syrie & fur tout à Damas. On y donnoit le nom de Babia aux enfans; ce qui a fait conjecturer que la Babia étoit déesse de l'Enfance.

BABRIAS, Babrias, ou GABRIAS, poëte Grec, qui a mis les fables d'Esope en vers iambes. On ne sçait pas en quel tems il a vécu.

BABYCE, Babyce, Βαβύκα, (a) pont de Sparte. Il est fait mention de ce pont dans la vie de Lycurgue, écrite par Plutarque. >> Quand tu auras bâti, répondit >> l'oracle de Delphes à Lycur» gue, un temple à Jupiter Syl>> lanien & à Minerve Syllanien» ne, & que tu auras rangé le >> peuple par lignées & par tri>> bus, & établi un Sénat de tren>> te Sénateurs, y compris les >> deux chefs, tu tiendras de tems >> en tems le conseil entre le Ba>> byce & le Cnacion; tu confer>> veras le pouvoir de prolonger à >> ton gré, ou de congédier l'af

,, semblée, >> semblée, & tu laisseras au peu>> ple le droit de ratifier ou d'an>> nuller ce qu'on y aura propo» fé.

Le Babyce & le Cnacion, c'est l'Ononte. Ariftote écrit pourtant que le Cnacion est le fleuve, & que le Babyce est le pont; car, les Lacédémoniens tenoient leurs assemblées entre le pont & la rivière, dans un lieu où il n'y avoit ni falle enrichie de tableaux, ni place autrement ornée. Lycurgue estimoit que ces embellissemens, bien-loin de servir pour le bon conseil, lui nuisent au contraire, en remplissant de pensées, ou inutiles ou vaines, l'esprit des affiftans, qui, au lieu d'être attentifs aux affaires, dont il s'agit, s'amusent à regarder ou les statues, ou les tableaux, ou les riches lambris, comme on regarde les décorations d'une scéne.

M. Dacier, dans une de ses remarques, conclut, de ce que les Lacédémoniens tenoit leurs assemblées entre le Babyce & le Cnacion, que ce pont devoit être le pont de quelque torrent différent de cette rivière; car, ajoûte-t-il, entre une rivière & fon pont il n'y a pas d'espace pour tenir des afsemblées, à moins que cette rivière n'ait deux bras. Cette remarque me paroît fort judicieuse. Plutarque fait encore mention du Babyce dans la vie de Pélopidas. C'est au sujet d'un combat, qu'il dit avoir été le premier, qui apprit à tous les Grecs, que ce n'est ni l'Eurotas ni le lieu, qui est

entre le Babyce & le Cnacion, qui portent des hommes belliqueux & de hardis combattans; mais que les grands courages naissent par tout où les jeunes gens sçavent avoir de la honte pour tout ce qui est mauvais, & de l'assurance & de l'audace pour tout ce qui est bon, & où ils craignent plus le moindre affront que tout les périls ensemble.

BABYLAS, Babylas, (a) évêque d'Antioche, vers le milieu du troisième fiécle de l'Églife. Selon S. Jean Chryfoftome, ce faint Prélat chassa de l'Églife, & mit en pénitence un Empereur, qui avoit fait mourir le fils d'un Roi, qu'on lui avoit donné en ôtage; ce que quelques-uns entendent de l'empereur Philippe, que l'on croit avoir été Chrétien, & de qui Eusèbe dit qu'un Évêque ne voulut pas le laisser entrer dans l'Églife, qu'il n'eût fait pénitence publique de ses crimes. S. Chryfoftome ne nomme point l'Empereur à qui cela est arrivé, ni Eusèbe, l'Évêque quien agit ainfi.

La conformité de l'Histoire & la concurrence du tems, font entendre ces deux relations d'un même fait, & fupposer que c'est l'empereur Philippe, que S. Babylas avoit chaffé de l'Églife, & mis en pénitence, parce qu'il avoit fait mourir le jeune Gordien. Mais, cette histoire en elle-même paroît suspecte. L'on a sujet de douter que l'empereur Philippe ait été Chrétien; & quand il l'auroit été, il n'y a pas d'apparence

(a) Crév. Hift. des Emp. Tom. V. p. 391, 403. Tom. VI.

B

qu'il en ait fait profession publique,
encore moins qu'il ait été mis en
pénitence.

Les reliques de S. Babylas
étoient en très-grande vénération
à Antioche, où il y avoit deux
Églifes bâties en fon honneur,
l'une ancienne, au de-là de la
rivière d'Oronte, dont il est fait
mention dans S. Chryfoftome; &
l'autre bâtie par Gallus, vis-à-vis
du temple de Daphné, où ce Prin-
ce fit tranfporter les reliques de S.
Babylas. On prétend qu'aussi-tôt
qu'elles y furent transportées, l'o-
racle d'Apollon cesta; & que
l'empereur Julien étant venu à
Antioche en 362, & ayant ré-
tabli le temple de Daphné, ne put
avoir aucune réponse de l'oracle,
jusqu'à ce qu'il eût fait reporter
les reliques de S. Babylas dans
son ancienne Églife. Quoiqu'il en
soit, le temple de Daphné fut
ruiné peu de tems après par un
tremblement de terre; ce que les
Chrétiens attribuérent à l'effet des
prieres de S. Babylas.

On croit que ce faint Évêque
mourut durant la perfécution de
l'empereur. Dece, vers l'an de
J. C. 250.

BABYLONE, Babylon, (a)

(a) Ptolem. L. V. c. 20. Strab. pag.
77, 78, 80, 81, 82, 84, 86, 90,
735. & feq. Pomp. Mel. pag. 66, 67.
Paul. pag. 275, 509. Plin. Tom. 1.
pag. 269, 331, 332. & feq. Tom. II.
pag. 122, 352. Plut. Tom. L. pag.
553, 937. Diod. Sicul. pag. 68. & feq.
Herod. L. I. c. 178, 179. & seq. L.
III. c. 158. & feq. Athen. pag. 651.
Xenoph. pag. 188. & feq. Juft. L. I.
C. 2, 7. L. XI. c. 12. L. XII. c. 10,
13. & feq. lib. Q. Curt. L. III. & seq.
Genef. c. 10. v. 10. Ifai. c. 45. V. 2.

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Βαβυλών, ville d'Afie dans la Ba-
bylonie, située sur l'Euphrate.
C'étoit une ville d'une très-grande
antiquité, puisque Moïse, le plus
ancien & le plus respectable des
Écrivains en place la fondation
dans les tems qui ont suivi immé-
diatement le Déluge. Il y en a
qui croyent que Nemrod en jetta
les fondemens. D'autres en attri-
buent l'honneur à Bélus; d'autres
à Sémiramis. Mais, il est visible,
dit M. Rollin, que les uns & les
autres se trompent, s'il est ques-
tion de celui qui bâtit le premier
Babylone; car, ajoûte-t-il, cette
ville ne doit fon commencement,
ni à Sémiramis, ni à Bélus, ni à
Nemrod, mais à la folle vanité
de ceux, dont l'Écriture dit qu'ils
voulurent bâtir une tour & une
ville, qui rendissent leur mémoire

immortelle.

ABRÉGÉ CHRONOLOGIQUE

de l'histoire des Babyloniens.
Babylone fut d'abord la capita-
le d'un État décrit dans la Génése.
Mais, cet État demeura affez long-
tems fans s'accroître. Plusieurs fié-
cles après, Assur, fondateur de
Ninive, les rois de Sennaar, de
la Mésopotamie, du païs d'Aram

Roll. Hift. Anc. Tom. I. pag. 328.
& suiv. Tom. III. pag. 668. Mém.
de l'Acad. des Infcript. & Bell. Lett.
Tom. III. pag. 343, 344. & fuiv.
Tom. IV. pag. 392, 393. Tom. V.
pag. 324, 332. & fuiv. Tom. VI. p.
412. & fuiv. Tom. VII. pag. 132.
Suiv. Tom. X. pag. 26. Tom. XII.
pag. 128. & fuiv. Tom. XIII. pag.
27. Tom. XVI. pag. 72, 73, 205.
& fuiv. Tom. XIX. pag. 528.
fuiv. Tom. XXI. pag. 2, 3. & suiv.

ou de Syrie, & de la terre de Chanaan, semblent avoir été foumis à un Chodorlahomor, roi d'Élam; c'est-à-dire, de l'Élymaïde, de la Sufiane & peut-être de la Perse. Nous apprenons par l'histoire d'Abraham, que ce Patriarche ayant joint ses vassaux ou ses domeftiques, au nombre de 318 avec ceux de trois princes Chananéens ses alliés, furprit une partie de l'armée de Chodorlahomor, la tailla en pieces, & par cet heureux succès encouragea les peuples voisins à secouer le joug des Élamites, qui leur avoient, imposé un tribut. Depuis ce temslà, il n'est plus fait mention dans l'Écriture de la monarchie des Élamites. On peut même conclure, de la facilité avec laquelle Jacob & ses nombreux troupeaux passent de Mésopotamie en Syrie, & de la liberté qu'il avoit de les conduire de toutes parts, dans un païs où il ne possédoit pas un pouce de terre, que ces provinces étoient dans un état d'Autonomie ou de pleine liberté, assez semblable à celui des peuples de l'Amérique septentrionale.

Il est vrai cependant que suivant Alexandre Polyhistor & Jule Africain, il y avoit déjà deux cens ans que les Arabes s'étoient emparés de la Babylonie, & que ces Princes étrangers en jouissoient paisiblement, lorsque Bélus, 322 ans avant la prise de Troye, entra dans cette province avec une puissante armée. Il défit Nabonnadus, qui y regnoit alors ; & par cette victoire, il demeura maître de ce royaume, sur lequel il avoit des

prétentions légitimes. Les Babyloniens depuis demeurérent foumis aux rois d'Assyrie. Ceux-ci y envoyoient des Satrapes, qui gouvernoient le païs.

Les choses étoient encore en cet état, lorsqu'Arbace, gouverneur de Médie, soûtenu de Bélésis, gouverneur de la Babylonie, secoua le joug de Sardanapale, l'an 916 avant J. C., selon M. Fréret, ou 808 seulement, selon M. le président de Brosses. Bélésis, pour récompense d'un service si important, fut maintenu dans. la possession de la Satrapie de Babylone. On prétend qu'Arbace ayant changé la forme du gouvernement Allyrien, les Gouverneurs des provinces ne reconnurent plus l'autorité des rois Aflyriens; mais que le pouvoir devint héréditaire dans leur famille, & qu'ils ne purent être destitués que par une espèce de diete ou d'afsemblée générale de tous les Princes confédérés.

Cependant, il arriva une révolution à Babylone, l'an 747 avant l'Ére Chrétienne. Le Royaume des Babyloniens prit une nouvelle forme. Nabonaflar, qui regnoit fur ce païs, ayant fait des établisfemens considérables par rapport aux Sciences & à l'Astronomie; le commencement de fon regne devint une époque, que les Astronomes anciens employérent longtems après la destruction de cette ville. La suite des successeurs de Nabonassar, & les années de leur regne, sont ce qu'il y a de plus afsuré dans toute l'ancienne Chronologie, parce qu'elles font déter

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