Esprit de Rivarol

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Impr. H. Perronneau, 1808 - 258 ãä ÇáÕÝÍÇÊ
 

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ÇáÕÝÍÉ 77 - Mais, en supposant que l'Espagne eût conservé sa prépondérance politique, il n'est pas démontré que sa langue fût devenue la langue usuelle de l'Europe. La majesté de sa prononciation invite à l'enflure, et la simplicité de la pensée se perd dans la longueur des mots et sous la plénitude des désinences. On est tenté de croire qu'en espagnol la conversation n'a plus de familiarité, l'amitié plus d'épanchement, le commerce de la vie plus de liberté, et que l'amour y est toujours un...þ
ÇáÕÝÍÉ 76 - ... il s'est fait une langue à part, qui, outre la hardiesse des inversions, a une marche plus rapide et plus ferme. Mais la prose, composée de mots dont toutes les lettres se prononcent, et roulant toujours sur des sons pleins, se traîne avec trop de lenteur ; son éclat est monotone ; l'oreille se lasse de sa douceur, et la langue de sa...þ
ÇáÕÝÍÉ 96 - Dante parlait à des esprits religieux, pour qui ses paroles étaient des paroles de vie, et qui l'entendaient à demi-mot; mais il semble qu'aujourd'hui, on ne puisse plus traiter les grands sujets mystiques d'une manière sérieuse.þ
ÇáÕÝÍÉ 18 - On peut dire que Locke et Condillac, l'un plus occupé à combattre des erreurs et l'autre à établir des vérités, manquaient également tous deux du secret de l'expression, de cet heureux pouvoir des mots qui sillonne si profondément l'attention des hommes en ébranlant leur imagination.þ
ÇáÕÝÍÉ 96 - Dante inspirerait une autre espèce d'intérêt: son poëme s'élèverait comme un grand monument au milieu des ruines des littératures et des religions: il serait plus facile à cette postérité reculée, de s'accommoder des peintures sérieuses du poète, et de se pénétrer de la véritable terreur de son Enfer: on se ferait chrétien avec le Dante, comme on se fait payen avec Homère...þ
ÇáÕÝÍÉ 188 - ... bustes outragés par le temps et consacrés par l'envie, qui les oppose sans cesse aux grands hommes naissants, et les représente toujours isolés, comme si la nature n'avait pas fait croître autour d'Euripide, de Sophocle et d'Homère, princes de la tragédie et de l'épopée, une foule de petits poètes, qui vivaient frugalement de la charade et du madrigal; ainsi qu'elle fait monter la mousse et le lierre autour des chênes et des ormeaux, ou, comme dans...þ
ÇáÕÝÍÉ 131 - Dryades ^ et s'épanouissant en bontons et en fleurs, ira toujours décorer l'empire» de Flore et de Zéphir. Eh ! pourquoi prononcer entre le goût et la science , entre le Jugement et l'Imagination, un. divorce que ne connaît pas la nature ? N'at-elle pas marié le cal•cul et le mécanisme à la fraîcheur et au coloris des surfaces , et ne cache-t-elle pas le squelette humain, sous la molesse élastique des chairs et sous le duvet et l'éclat du teint?þ
ÇáÕÝÍÉ 231 - Sur d'inébranlables pivots, Pour qui tout livre est lettre close, Et qui de tous les miens ne lirez pas deux mots; Qui, loin de distinguer les vers d'avec la prose, Ne vous informez pas si les biens ou les maux Ont l'encre et le papier pour cause; S'il est d'autres lauriers ou bien d'autres pavots Que ceux qu'un jardinier arrose; Et qui ne soupçonnez de plumes qu'aux oiseaux; Vous qui m'offrez souvent l'aide de vos ciseaux Dans les difficultés que l'étude m'oppose, Ou quelques bouts de fil pour...þ
ÇáÕÝÍÉ 246 - Dans sa loge lui-même il tombe embarrassé. Excusez ma longueur ; cette scène cruelle Sera pour moi d'ennuis une source éternelle. J'ai vu, messieurs, j'ai vu ce maître si chéri Traîné par un exempt que sa main a nourri.þ
ÇáÕÝÍÉ 93 - Il faut surtout varier ses inversions : le Dante d'essine quelquefois l'attitude de ses personnages par la coupe de ses phrases ; il a des brusqueries de style qui produisent de grands effets ; et souvent dans la peinture de ses supplices il emploie une fatigue de mots qui rend merveilleusement celle des tourmentés.þ

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