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près avoir vu passer dans les chaloupes jusqu'au 1782.

dernier homme.

Pendant ce tems-là les batteries de Don Moreno & de Don Langara éprouvoient les mêmes horreurs on fut obligé de les abandonner aux flammes; les fept autres batteries avoient peu fouffert, & pouvoient être fauvées. Le Duc de Crillon envoya fon fils à Don Cordova, Général de l'Armée navale, qui, fur fa demande, fit partir toutes les chaloupes de fa flotte, pour fecourir les prames. Le Duc de Crillon alla luimême quelque tems après, trouver l'Amiral Cordova, & lui propofa d'envoyer des frégates pour remorquer les fept autres batteries flottantes; mais il le refufa, jugeant l'opération trop dangereufe. Sur ce refus, le Duc de Crillon y fit mettre le feu, de crainte qu'elles ne tombaffent entre les mains des Anglais. Le Capitaine Curtis s'étant apperçu par la clarté des flammes, de la détreffe des affiégeans, fortit avec fes chaloupes canonnieres, & fit un feu fort vif fur les batteries flottantes & fur les chaloupes qui venoient à leur fecours : cette manœuvre augmenta la confusion, on n'entendit plus alors que les cris lamentables des mourans & des bleffés la précipitation avec laquelle on mit le feu aux prames, mit le comble à ce défaftre. On n'eut pas le tems d'en tirer tout le monde;

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1782. plufieurs furent brûlés vifs, & d'autres périrént dans les flots, en voulant fe dérober aux flammes. Cette fcène fanglante & lugubre, finit par l'explofion de ces machines qui fautèrent l'une après l'autre avec un fracas effroyable, au point du jour & dans la matinée du lendemain, l'exception des trois dont on avoit noyé les poudres. L'aurore découvrit la fcène la plus pitoyable. On vit des infortunés, au milieu des flammes prêtes à les dévorer, & d'autres fur des pièces de bois, s'attendant à chaque inftant à être engloutis dans les flots, qui imploroient par leurs fignes & leurs cris, l'assistance de ceux qui les environnoient.

A la vue de ce fpectacle, les Anglais firent ceffer le feu de la fortereffe, & firent paroître autant d'humanité qu'ils avoient jufqu'ici montré de courage. Le Capitaine Curtis fit des efforts incroyables pour fauver fes ennemis; il penfa même perdre la vie dans ces efforts généreux; car, au moment où il venoit d'arracher du milieu des flammes nombre d'Espagnols qui alloient en devenir les victimes, une des batteries flottantes fauta; fes débris lui tuèrent & blefsèrent plufieurs hommes, & firent un trou à fa barque, qui auroit coulé à fond, fi les matelots ne l'avoient auffi-tôt bouché de leurs habits, ce qui donna le tems à d'autres chaloupes de venir

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à fon fecours. Les vainqueurs fauvèrent de cette 1782. manière, trois cens trente-cinq hommes d'une deftruction qui paroiffoit inévitable.

Cette journée coûta aux affiégeans un grand nombre d'hommes, cent quatre-vingt pièces de canon de vingt-quatre la plus belle artillerie d'Espagne une quantité prodigieufe de munitions, & des fommes immenfes qne l'on avoit dépensées, tant pour la conftruction de ces machines, que pour les travaux de terre.

Depuis le neuf Août jusqu'au dix-fept Octobre, les affiégés n'eurent que foixante - cinq hommes de tués & quatre cens de bleffés. Ainfi se termina le fiège de Gibraltar, dans lequel le Général Elliot, & la garnifon qu'il avoit

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à fes ordres s'acquirent une gloire immortelle. on di an

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Les confédérés n'eurent plus alors d'autre efpoir, que de réduire la garnifon par famine lag en conféquence gils placeèrent leur flotte dans la baie de Gibraltar, attendant avec impatience l'armée navale d'Angleterre qu'ils efpéroient vaincre avec beaucoup de facilité à caufe de leur grande fupériorité de forcé!!

~ Mylord Howe étoit parti de Portsmouth vers le milieu de Septembre avec une flotte de trente-quatre vaisseaux de ligne; mais il avoit été contrarié par les vents & le mauvais tems, Tome IV.

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1782. & avoit eu un paffage fort long. Il apprit fur la côte de Portugal, la défaite des Espagnols; &

que

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la flotte combinée, au lieu de l'attendre à la hauteur du Cap Sainte-Marie, étoit dans la baie de Gibraltar. Le dix Octobre il y eut un coup de vent, qui caufa beaucoup de dommage à la flotte combinée, & en jetta plusieurs navires fur la côte, Le Saint-Michel de foixantedouze canons, fut pouffé fous les ouvrages de la fortereffe, & pris par la garnifon. Le lendemain, l'armée navale Anglaise arriva, passa le détroit, en formant une ligne de bataille en avant, & entra dans la Méditerranée avec fon convoi. L'amiral Don Cordova mit alors le fignal d'ape pareiller, & donna chaffe pendant plusieurs jours à la flotte Anglaife; mais il paroît que les vaiffeaux Anglais étoient meilleurs voiliers. Ils ne perdirent que deux ou trois tranfports, envoyèrent le reste à Gibraltar, & repafsèrent le détroit. Les Confédérés les pourfuivirent; mais il n'y eut qu'un combat partiel entre l'avant-garde, aux ordres de M. de Lamotte- Piquet, & l'arrière-garde Anglaife. La flotte combinée retourna enfuite à Cadix, & Mylord Howe en Angleterre, après avoir détaché huit de fes vaiffeaux pour les Lades Occidentales, & fix pour croifer fur les côtes d'Irlande. Le fecours qu'il avoit porté à cette fortereffe, dans des circonstances fi critiques »

& en préfence d'ennemis fi fupérieurs, lui fit 1782. beaucoup d'honneur, & donna à toute l'Europe une haute idée de fon habileté.

Après la deftruction des batteries flottantes les Espagnols tournèrent le fiège de Gibraltar en blocus, & s'occupèrent d'une expédition pour les Indes Occidentales. On raffembla à Cadix un grand nombre de troupes & une flotte formidable, qui devoient ferréunir aux années de France & d'Espagne, qui étoient déjà dans cette partie du monde. Le Roi d'Efpagne pria Sa Majefté Très-Chrétienne de lui envoyer le Comte d'Estaing pour le mettre à la tête de toutes ces forces, & ce Général fe rendit en conféquence à Cadix, afin d'en prendre le commandement; mais les négociations que l'on entama peu de tems après à Verfailles, firent fufpendre les préparatifs, & la conclufion du traité de paix, comme on le verra par la fuite, empêcha que cette expédition n'eut lieu.

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M. John - Adams, qui avoit été envoyé en Hollande après la prife du Préfident Laurens négocioit cependant un traité avec les Etats-Généraux. Ce Miniftre plénipotentiaire, qui s'étoit déjà diftingué par fon zèle pour la caufe de la liberté, par fa connoiffance des Loix & par fes talens littéraires, parvint enfin à perfuader à la

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