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178 2. même-tems diriger le leur fur tout le front d'attaque, & concourir avec celui de terre, pour accabler l'ennemi dans cette partie, & favorifer l'emboffement des batteries flottantes. Voilà quel étoit l'ensemble du plan convenu; mais il mand'exécution dans tous fes points.

qua

Le treize à cinq heures du matin, Don Moreno, qui commandoit la Paftora, fit fignal d'appareiller: il mit fous voile une demi-heure après, & fut auffi-tôt suivi par la Talla-Piedra aux ordres du Prince de Naffau: elle avoit à bord, un détachement de troupes Françaises deftinéés au fervice de l'artillerie, & commandé par M. O'Conel, Lieutenant-Colonel de RoyalSuédois, qui devoit, en cas d'affaut, defcendre à la tête de fes troupes. Ces deux prames, portant chacune vingt-quatre canons, coururentplufieurs bordées dans la baie, pour donner aux autres le tems d'appareiller. A huit heures & demie, elles parurent toutes en mouvement: ce fut alors que Don Moreno, impatient, fans doute, de commencer le combat, & voulant fe fignaler, porta droit fur la Place, n'étant accompagné que de la feule batterie du Prince de Naffau. A neuf heures & demie, ces deux batteries s'embofsèrent à un peu plus de deux cens toifes des murailles, ayant déjà touché de l'arrière : cette démarche précipitée, & contraire

aux principes de la veille, les mit pendant plus 1782. de deux heures, en bute à tout le feu de la Place, qu'elles foutinrent avec une valeur & une fermeté qui furent même admirées de leurs ennemis.

La Paola-Premiera, aux ordres de Don Langara, qui reçut dix bleffures dans le cours du combat, vint de bonne heure à leur fecours, & fe montra digne de partager leur gloire : elles fouffrirent confidérablement : d'autres arrivèrent fucceffivement, dont quelques-unes prirent leur poste dans la ligne; mais prefque toutes celles de la gauche, ayant touché fur le banc, restèrent fort en arrière, & ne purent fe mettre à la place qui leur étoit deftinée. Don Moreno s'étoit jetté trop au Sud, ce qui fut caufe que ni lui, ni le Prince de Naffau, ni aucun des autres, ne fe trouvèrent placés dans les points convenus, & cette fausse manœuvre priva la droite de la protection effentielle des batteries de terre: de plus, les vaiffeaux de guerre n'appareillèrent point, & les chaloupes canonnières ne purent fortir, la mer étant trop groffe, de forte que tous les acceffoires ayant manqué, les Anglais dirigèrent tous leurs feux contre le petit nombre de prames qui y étoient emboffées; ainfi leur perte devint inévitable. Une retraite momentanée pouvoit tout réparer; mais il n'y eut aucune mefure de

1782. prife pour feménager cette reffource. M. d'Arçon avoit toujours infifté fur la néceffité de placer en arrière des corps morts, fur lefquels les prames pourroient fe touer en cas de befoin, hors de portée du feu de la Place: cette précaution fut négligée.

Cependant les prames de Don Moreno, du Prince de Naffau & de Don Langara, avoient souffert confidérablement : les boulets. de rouges qua rante-deux & de trente fix, les bombes, les obus & les grenades, y portèrent le ravage, & mirent le feu en plufieurs endroits à bord du Prince de Naffau; mais le courage intrépide des troupes, qui fe jettoient à l'envi en-dehors pour l'éteindre, arrêta long-tems fes progrès elles fouffrirent néanmoins beaucoup dans ce fervice; mais cela ne rallentit point leur ardeur; elles ripoftèrent avec tant de vivacité au feu des ennemis, qu'à quatre heures après midi, on avoit tiré plus de foixante coups par canon. A cette époque, le feu fe manifefta dans l'épaiffeur de la carène avec tant de violence, & gagnoit le logement des poudres avec tant de rapidité, que le Prince de Naffau envoya M. O'Conel pour examiner l'état des chofes.. D'après le rapport de cet Officier, & fur la repréfentation de M. d'Arçon, le Prince prit le parti indifpenfable & preffant de noyer fes poudres, pour éviter de fauter. On réferva ce

pendant quelques coups par pièces, avec lef- 1782. quels on fournit encore quelque tems un feu foible & languiffant. On ne peut affez admirer, en cette occafion, la valeur & le fang-froid du Prince de Naffau: il donna fes ordres avec une préfence d'efprit, qui lui mérita l'eftime des troupes qui en furent témoins.

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Cependant on travailloir toujours avec la plus grande activité à l'extinction du feu de fept pompes qu'on avoit embarquées, fix étoient brifées à coup de canon: on y fubftitua des fceaux, qu'une double file de foldats paffoient de main en main, tandis que les plus vigoureux, placés en-dehors, coupoient à coup de hache & de fabre, les bordages, pour tâcher de parvenir au foyer de l'embrafement. I périt dans ce travail nombre de ces braves gens, qui étoient dignes d'un meilleur fort. Le feu de la Place étoit devenu alors extrêmement meurtrier, & fi bien dirigé, que prefque tous les coups entroient par les fabords: les obus & les grenades venoient éclater au milieu de la batterie. Des huit Officiers Français qui compofoient le détachement, trois furent tués, & un bleffé, & M. O'Conel qui le commandoit, reçut deux bleffures à la tête, outre plufieurs contufions: le nombre de foldats bleffés devint fi confidérable, qu'on ne favoit plus où les mettre. A cinq heures du foir,"

1782. le Prince de Naffau ayant perdu tout efpoir de pouvoir éteindre le feu, envoya le Lieutenant Colonel O'Conel, pour informer le Général de fa fituation, & demander le fecours le plus prompt de chaloupes, afin de fauver les débris des troupes & de l'équipage, qui étoient menacés de périr dans les flammes. Cet Officier paffa à travers une grêle de boulets rouges & de grenades, que la garnifon dirigea pendant un quartd'heure fur fa chaloupe, & fut de retour à bord avant fept heures. Il trouva alors tout le côté de la prame embrafé: une bombe de treize pouces vint dans ce moment crever le Blindage, que l'on croyoit impénétrable, & éclata au milieu de la batterie ; fes éclats eftropièrent plufieurs perfonnes, & firent un ravage affreux : plufieurs chaloupes qui venoient au fecours des prames, furent fubmergées par le feu de la Place, ce qui empêcha les autres d'en approcher. Vers minuit, tout étant à la dernière extrémité, le Prince de Naffau céda enfin aux inftances les plus preffantes de tous les Officiers, & s'embarqua fur une chaloupe, pour aller lui-même chercher du fecours, accompagné de plufieurs Officiers. Ils revinrent à la rame, & fauvèrent tous les foldats, les matelots, & même les bleffés. M. d'Armfeldt, Capitaine au Régiment de Royal-Suédois, ne fortit de la prame qu'a

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