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que vingt-huit vaiffeaux de ligne, aux ordres 1781. des Amiraux Darby, Digby & du Chevalier Lockhart Rofs. Don Louis de Cordova étoit dans le port de Cadix avec trente vaiffeaux de ligne, pour s'opposer à ce secours. Vers le milieu de Mars la flotte Anglaise fit voile de Saint-Helen, prenant fous fon escorte les convois des Indes Orientales & Occidentales. Elle fut obligée de s'arrêter fur les côtes d'Irlande pour y prendre des provisions.

Les convois des Indes, au nombre de trois cens voiles, ayant quitté l'Armée navale Anglaise à une certaine latitude, elle dirigea fa course vers Gibraltar avec quatre-vingt-dix-fept vaiffeaux de provifions, & arriva à la hauteur de Cadix au milieu d'Avril. Elle trouva que la flotte Efpar gnole étoit rentrée dans le port, & ne penfoit point à en fortir. Inftruit de fa fituation, l'Amiral Darby envoya le convoi à Gibraltar & à Minorque, fous l'efcorte de quelques vaiffeaux de guerre, & croifa avec le refte de la flotte à l'embouchure du détroit. Quelque tems avant cette époque, les Efpagnols avoient conftruit à Algefiras un grand nombre de chaloupes canonnières, qui, à caufe de leur petiteffe, n'étoient point dans le cas d'être aifément détruites par feu de la Place. Ces chaloupes contenoient vingt rameurs, & un canon de vingt - fix livres de

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le

1781. balles en proue. Elles s'approchoient tous les foirs de la Place, & donnoient de continuelles alarmes à la garnifon. Les Efpagnols firent un grand nombre de bombardes fur la même conftruction. Pendant que le convoi refta dans la baie, ces chaloupes s'en approchoient tous les matins à la faveur des calmes, fous la conduite de Don Moreno, le canonnoient & le bombardoient, & lorfque le vent commençoit à fouffler, elles fe retiroient à Algefiras.

de ces

Ces attaques devinrent à la fin fi dangereufes, que l'Amiral Anglais fur forcé de détacher le Chevalier Lockhart Rofs avec toute fa divifion pour le protéger. Comme on ne voyoit que la proue petits bateaux, il n'étoit guère poffible de les toucher quand ils venoient même à portée du canon, & on ne put jamais les intercepter dans leur retraite. Les Espagnols ne réuffirent cependant pas à détruire le convoi par la vigilance des chaloupes armées du Chevalier Lockhart. Le ravitaillement de Gibraltar devoit être d'autant plus humiliant pour l'Efpagne, que depuis long-tems toutes les forces & toutes les reffources de cette Nation étoient dirigées de ce coté-là. Les Troupes de terre avoient élevé des ouvrages immenfes qui étoient par-tout munis de l'artillerie la plus formidable qu'on eut encore vu dans aucun fiège, & leur grande armée navale paroiffoit n'avoir eu

d'autre deftination

cette Place.

que de coopérer à la prife de 1781.

Voyant qu'il n'étoit plus poffible de réduire Gibraltar par famine, les Efpagnols ouvrirent alors leurs batteries, & deux cens trente bouches. à feu vomirent à la fois la deftruction & la mort fur cette roche escarpée. Ce bombardement furieux & cette canonnade terrible continuèrent pendant un tems confidérable, nuit & jour fans intermiffion. Les Anglais cependant ne perdirent, depuis le 12 Avril jusqu'à la fin de Juin, qu'un feul Officier & cinquante-deux Soldats, & n'eurent que deux cens foixante-trois hommes de bleffés. Mais cette furieufe canonnade détruifit la ville, & tua un grand nombre de fes habitans. Ceux qui ne furent pas enfêvelis fous les ruines de leurs maifons, la première nuit de l'attaque, fe réfugièrent à la hâte fut la partie du rocher la plus éloignée.

Les richeffes de Saint-Eustache n'étoient point deftinées à refter entre les mains des Anglais. La France, fachant que l'on attendoit en Angle terre un convoi chargé du butin de cette Isle, ainfi qu'une grande flotte marchande de la Jamaïque, réfolut de profiter de l'abfence de l'Amiral Darby pour tâcher de les intercepter. En conféquence elle équippa à la hâte fept à huit vaiffeaux de ligne, dont elle donna le comman

1781. dement à M. de Lamotte - Piquet. Ce Chefd'efcadre rencontra le convoi de Saint-Eustache, fous l'efcorte de quatre vaiffeaux de ligne, aux ordres du Commodore Hotham, en prit quinze navires, & obligea le refte à fe réfugier dans quelques ports d'Irlande. M. Darby fut inftruit de cet accident en revenant de Gibraltar, & détacha une forte Efcadre pour poursuivre M. de Lamotte - Piquet; mais il avoit déjà gagné les côtes de France avec fes prifes. Les richeffes de ce convoi étoient fi confidérables, que ces vaiffeaux étoient affurés à Londres pour feize millions huit cens mille livres tournois.

CHAPITRE XLIV.

DEPUIS long-tems l'Angleterre avoit en vue 1781. de fe venger des pertes qu'elle avoit effuyées du côté de la Floride Occidentale, & d'attaquer les Espagnols au centre de leur vafte empire dans le Nouveau-Monde On préparoit, avec le plus profond fecret, une expédition, qui étoit destinée pour le Pérou, afin d'affifter les infurgens de ce Royaume, & d'allumer encore davantage le feu de la difcorde & de la diffention. Les Miniftres de la Grande-Bretagne étoient informés qu'un grand nombre d'Indiens avoient réfolu de recouvrer la liberté, & avoient mis à leur tête un de leurs anciens Princes. Ce projet flattoit d'autant plus la Cour de Londres, que c'étoit en quelque forte fe venger des fecours que la Maifon de Bourbon accordoit aux Républicains de l'Amérique. Une Efcadre, compofée de cinq vaiffeaux de ligne, dont trois de cinquante, de plufieurs frégates, d'une galiote à bombes, d'un brûlot, de quelques floupes, outre trente tranfport's, aux ordres du Commodore Johnstone, étoit prête à faire voile, ayant à bord le Général Meadows, avec un corps de troupes, lorsque la guerre avec la Hollande fit changer d'objet.

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