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1782. fils du feu Marquis de Granby, & frère du Duc de Rutland. A l'entrée de la nuit l'Amiral Rodney raffembla fa flotte, afin d'examiner le dommage de fes vaiffeaux. Les débris de l'armée Française fe laifsèrent tomber fous le vent dans le plus grand défordre, & firent force de voiles afin d'éviter d'être pris: quelques-uns de leurs vaiffeaux fe retirèrent à Curaçoa, mais la plus grande partie fit voile pour le Cap - Français, fous la conduite de MM. de Vaudreuil & de Bougainville.

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Le lendemain Rodney voulut poursuivre l'armée navale de France; mais il fut retenu pendant trois jours fous la Guadeloupe par des calmes; il détacha enfuite le Chevalier Hood avec fa division, qui avoit le moins fouffert, vers la partie Occidentale de Saint-Domingue. Le Chevalier eut le bonheur de prendre, le 15 Avril, le Jason & le Caton dans le paffage de la Mona, après un petit combat. Les Français perdirent donc dans cette action fept vaiffeaux de ligne, dont un fauta, & fix restèrent entre les mains des Anglais. Ces derniers n'en ramenèrent cependant qu'un en Angleterre, car les autres avoient été tellement défemparés, qu'ils coulèrent tous à fond dans une tempête en revenant en Europe. Rodney, après cette victoire, entra à la Jamaïque avec toute fa flotte & fes prifes, où il fut reçu avec

les honneurs qu'il méritoit; il fut enfuite fait 1782. Pair d'Angleterre, le Chevalier Hood Pair d'Irlande, & les Commodores Drake & Affleck furent faits Chevaliers. Dans cette occafion les honneurs furent véritablement la récompenfe de la valeur, de la bonne conduite & d'un fervice effentiel rendu à la Nation. L'Amiral Pigot remplaça peu de tems après le Chevalier Rodney, qui retourna en Angleterre.

Quoique les flottes combinées de France & d'Espagne, après cette défaite, montaffent encore à trente-neuf vaiffeaux de ligne, elles n'entreprirent cependant rien contre la Jamaïque. Les Efpagnols retournèrent à la Havanne, plufieurs navires Français revinrent en Europe avec des convois, & M. de Vaudreuil fit voile pour l'Amérique Septentrionale avec le reste de la flotte Française, alors forte de treize vaiffeaux.

Le Comte de Graffe ayant été conduit prifonnier à la Jamaïque, il ne parut en France que des relations particulières qui n'ont point un caractère d'authenticité. Il fe plaignit de ne pas avoir été obéi, & accufa plufieurs de ses Officiers. II y eut, à ce fujet, un Confeil de Guerre à l'Orient; mais personne ne fut puni, ce qui rendit l'affaire encore plus obfcure. Les détails dont j'ai fait mention, & que je tiens d'Officiers Anglais, paroiffent rendre juftice aux deux Nations.

1782.

CHAPITRE L.

A
PEINE l'Armée Française fut-elle entrée dans
fes Quartiers, après la prife d'York, que le
Général Green demanda le secours le plus prompt
& le plus puiffant au Comte de Rochambeau.
Les inquiétudes du premier étoient fondées fur
l'arrivée, à Charles - Town, de trois Régimens
Anglais envoyés de New-York, & fur le bruit que
fit courir l'ennemi d'un renfort de
quatre mille
hommes qu'il attendoit d'Irlande. Le Comte
de Rochambeau lui répondit qu'il alloit être re-
joint par les lignes de Penfilvanie & de Maryland,
qui étoient en marche pour lui arriver, que le
fecours d'Irlande, fi annoncé, pourroit bien
avoir contre ordre; qu'en tout cas, on ignoroit
fur quel point de l'Amérique il fe porteroit,
que l'Armée Française, fe trouvant intermédiaire
entre les Armées Américaines du Nord, & du
Sud, devoit attendre le développement des pro-
jets de l'ennemi, avant d'être mise en mouvement.
Pour calmer les inquiétudes des Caroliniens
& répondre aux requifitions preffantes des Af-
femblées légiflatives de ces Etats, il allongea
feulement la Légion de Lauzun, aux ordres de
M. de Choify, jufques fur les bords du Roanoke.

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fur la frontière de la Caroline du Nord, & fit 1782. reconnoître la marche de fon Armée dans cet Etat, en cas que les circonftances la rendiffent abfolument nécessaire.

Au commencement de Février le Baron de Viomenil fut forcé, par des affaires indifpenfables, à partir pour la France fur une frégate commandée par M. de la Touche: la Diligente, aux ordres de M. de Clonard, fortit en mêmetems pour aller à Boston rallier quelques bâtimens, & prendre des poudres qu'on y avoit laiffées; cette dernière frégate échoua par la mal-adreffe du pilote, & l'on ne fait mention de cet évènement, que pour rendre la justice qui eft dûe au courage que montra le fieur Clonard dans ce malheur, il refta trois jours dans l'eau jusqu'à la ceinture, fauva tout ce qui étoit fur fa frégate, & ne fe mit à terre que le dernier : il penfa mourir d'une fièvre maligne, que cet effort de courage lui occafionna.

Le Gouverneur Nelfon éprouva, à cette époque, la rigidité des principes Républicains, sur le respect que la loi prefcrit pour les propriétés. Il avoit, en qualité de Gouverneur de Virginie, montré un zèle & un courage peu commun, à la tête des milices de cet Etat. Pendant toute la dernière campagne, il avoit fait camper l'Armée alliée dans fes terres, vu diriger l'artillerie fur

1782. les màifons d'York, dont les plus belles, qui - étoient derrière les ouvrages de l'ennemi, & qui lui appartenoient prefque toutes, ou à fa famille, furent rafées, fans prétendre à aucune espèce de dédommagement. Il preffa d'autorité, pour les befoins de l'armée, & faire arriver plus promptement les vivres & l'artillerie de fiège, quelques chevaux & quelques voitures du pays à la vérité, il commença par celles de tous fes fermiers, & par fes plus beaux attelages. Sachant, après le fiège, qu'il alloit être recherché à l'Assemblée générale, il fe dépouilla fur le champ de fa qualité de Gouverneur, vint en particulier, rendre compte de fa conduite à l'Affemblée législative, & défia aucun de fes concitoyens d'avoir plus contribué, dans cette campagne importante & mé morable, qu'il ne l'avoit fait dans fes propriétés & celles de fa famille. Il fut acquitté honorablement des charges alléguées contre lui; mais l'Affemblée générale ne parut point desirer lui voir reprendre fa charge, & il parut lui-même ne point s'en foucier : le fieur Harisson, Orateur de l'Assemblée, le remplaça. Le Comte de Rochambeau crut cependant devoir à la reconnoiffance, d'aller dans fa retraite lui rendre la première visite qu'il fit dans le pays, & le Général Washington en fit dans fes dépêches au Congrès, la mention la plus honorable.

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