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Le Duc de Crillon, ayant enfin fini fes ou- 1782. vrages, enveloppa la Place d'un cordon de feu, en ouvrant toutes fes batteries à la fois, ce qui obligea les affiégés à fe retirer dans les cafemates, où le manque d'air occafionna le fcorbut au plus haut degré. Le Gouverneur Murray en fit boucher toutes les crevaffes avec des facs à terre, contre l'avis du Chevalier Draper, & cette mefure ne fervit qu'à augmenter la maladie. Il eft impoffible de décrire le courage & la bonne volonté des foldats qui défendoient cette Place; plufieurs d'entr'eux tombèrent morts en montant la garde, ayant caché les progrès du fcorbut qui les rongeoit, de crainte d'être envoyés à l'hôpital, & de ne point pouvoir aider à défendre la fortereffe. Au commencement de Février ils étoient tellement réduits, qu'il ne reftoit pas plus de fept cens hommes en état de faire le fervice. Le Gouverneur Murray, n'ayant plus affez de troupes pour garder les poftes, demanda enfin à capituler.

Le Duc de Crillon eût pour les Anglais tous les égards poffibles; il leur accorda les honneurs de la guerre, & toutes les autres conditions qui étoient en fon pouvoir. La garnifon fe rendit prifonnière, & fut renvoyée en Angleterre, à condition qu'elle ne ferviroit point jufqu'à ce, qu'elle fut échangée.

Le trifte fpectacle qu'offroient ces braves gens,

1782. excita la pitié & l'admiration des vainqueurs; on vit défiler environ huit à neuf cens hommes, dont la plupart étoient malades, fuivis de quel ques Corfes & Grecs, & qui pouvoient à peine porter les fufils qui avoient fervi à leur défense. L'humanité que témoignèrent les Généraux de Crillon & Falkenhayn envers les prifonnniers, en leur procurant tout ce qui pouvoit fervir à rétablir leur fanté, leur fera toujours honneur & ne peut que contribuer à effacer les préjugés & les antipathies qui fubfiftent entre les Nations.

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Comme la faifon s'approchoit où les armées navales pouvoient commencer leurs opérations dans la Manche, l'Angleterre fe trouvoit menacée des forces maritimes des Puiffances belligérantes; leur réunion les auroit mifes en état de porter la ruine & la défolation fur les côtes de la GrandeBretagne & d'Irlande. Il devint donc nécessaire aux Anglais d'envoyer en mer une flotte d'obfervation, pour empêcher la jonction des Hollandais, avec l'armée navale de Breft.

L'Amiral Barrington fit voile de Portsmouth, avec douze vailleaux de ligne, & lorsqu'il fut à environ trente lieues d'Oueffant la frégate l'Artois, aux ordres du Capitaine Macbride, fignala l'ennemi. L'Amiral Anglais mit fur le champ fignal de chaffe, & vers le foir le Foudroyant découvrit pleinement l'Escadre Fran

çaife, qu'il pourfuivit pendant toute la nuit. 1782. C'étoit une flotte de dix-huit vaiffeaux, chargés de provifions de guerre & de bouche, & d'un nombre confidérable de troupes, destinées pour les Indes Orientales, afin de remplacer le convoi qui avoit été pris l'hiver précédent par l'Amiral Kempenfeldt. Il n'y avoit qu'un jour qu'elle étoit partie de Breft, fous l'efcorte du Protecteur & du 'Pégafe de foixante-quatorze, de l'Actionnaire de foixante-quatre, armé en flûte, & d'une frégate..

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Le Commandant Français s'appercevant qu'il étoit impoffible d'échapper, fit fignal au convoi de fe difperfer. Comme le Protecteur avoit une grande fomme d'argent à bord, il fut déterminé qu'il forceroit de voiles, & que le Pégafe resteroit un peu en arrière, afin d'arrêter le Foudroyant qui étoit confidérablement en avant du refte de l'armée navale Anglaife. Cette détermination. donna lieu à un combat très-vif entre ces deux vaiffeaux. Le Pégafe étoit commandé par le Chevalier de Sillans; le Foudroyant étoit un navire de quatre-vingt canons, aux ordres du Capitaine Jarvis. L'action dura pendant une heure, & le Pégafe mit pavillon bas. Il avoit confidérablement fouffert dans fes agrès & dans le corps du navire; le Capitaine Jarvis fut bleffé, & fait à fou retour en Angleterre Chevalier de l'Ordre du Bain.

1782. La mer étoir fi groffe, & le vent fi violent, qu'en faifant pafler quatre-vingt hommes à bord du vaiffeau Français, les Anglais perdirent deux chaloupes; le refte de la flotte prit après cela douze vailfeaux du convoi, chargés de troupes & de munitions. M. Maitland, Capitaine de la Queen, apperçut le lendemain un vaiffeau de guerre, à qui il donna une chaffe de quatorze heures; il l'atteignit enfin fur le foir, & lui lâcha fur le champ une bordée': l'autre vaiffeau lui rendit la fienne, & mit pavillon bas. C'étoit la flûte l'Actionnaire, dont nous avons parlé; elle avoit à bord deux cens cinquante hommes d'équipage & cinq cens cinquante foldats, dont neuf furent tués & vingt-cinq bleffés; elle étoit, outre cela, chargée d'une quantité prodigieufe de provifions de guerre & de bouche, & de plufieurs caiffes d'argent. La continuation du mauvais tems obligea l'Amiral Barrington à rentrer en Angleterre vers la fin du mois.

Peu de tems après le retour de Barrington, l'Amiral Kempenfeldt fortit avec neuf vaiffeaux de ligne pour le remplacer dans la baie de Biscaie, & Mylord Howe fit voile de Portsmouth avec douze autres vaiffeaux, dans l'efpérance d'intercepter la flotte Hollandaife, qui devoit fortir du Texel afin d'efcorter une flotte marchande, & enfuite joindre celle de France. Les Hollandais

étoient déjà en mer; mais lorsqu'ils eurent con- 1782. noiffance de l'armée navale de Mylord Howe, ils regagnèrent le Texel avec précipitation.

Ce dernier, après avoir inutilement croifé pendant un mois fur les côtes d'Hollande, voyant que les Hollandais n'avoient point deffein de fortir, jugea à propos de retourner dans le port, où il fut joint par l'Amiral Kempenfeldt, qui étoit auffi de retour de fa croifière. Les deux Efcadres étoient chargées de malades, & il étoit impoffible à ces deux Amiraux de refter plus long-tems en mer. On répara alors les vaiffeaux avec beaucoup de diligence, afin de pouvoir s'op pofer aux flottes combinées de France & d'Efpagne, qu'on attendoit inceffamment dans la Manche.

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Vers le commencement de Juin, les Généraux de Guichen & Don Cordova firent voile de Cadix avec environ vingt-cinq vaiffeaux de ligne, &, en s'avançant vers la Manche, eurent le bonheur de rencontrer les flottes marchandes Anglaifes, allant à Quebec & à Terre-Neuve, fous l'efcorte d'un navire de cinquante canons & de quelques frégates. Ils prirent dix-huit vaiffeaux du convoi; mais les vaiffeaux de guerre s'échappèrent. Les Confédérés, étant alors maîtres de la mer depuis le détroit jufqu'à Oueffant, purent envoyer en sûreté tous les convois qui devoient

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