1782. fition qu'il avoit annoncée, lorfque Mylord North

dit en même tems qu'il alloit donner à la Chambre des informations qui rendroient inutile toute autre démarche au fujet de l'affaire préfente; mais il ajouta qu'il feroit néceffaire qu'il y eut un ajournement. Il y eut alors un grand tumulte & beaucoup de défordre, les Membres de l'oppofition criant avec véhémence que Mylord Surrey parlât, & point d'ajournement. Auffi-tôt que l'Orateur eut rétabli l'ordre, on propofa la queftion, «fi Mylord Surrey devoit être entendu. » Mylord North, ayant alors droit de parler fur cette question, dit que, fi on lui avoit permis de continuer, il n'y auroit point et tant de tumulte; que comme il favoit que l'objet de la queftion étoit de faire changer les Miniftres, il vouloit informer la Chambre qu'une pareille propofition n'étoit pas néceffaire, parce qu'il pouvoit l'affurer, de bonne part, que le Ministère actuel n'exiftoit plus, & que c'étoit pour avoir le tems de faire les nouveaux arrangemens, qu'il avoit voulu propofer un ajournement.

Alors Mylord North prit congé de la Chambre, comme Miniftre, en la remerciant du foutien qu'elle lui avoit accordé pendant tant d'années, & dans des fituations fi critiques; il exprima fa reconnoiffance de la faveur qu'elle lui avoit témoignée dans toutes les occafions; il dit

qu'il feroit fort facile de lui trouver un fuccef- 1782. feur plus habile, de plus de jugement, & plus propre à la place de Miniftre; mais qu'il n'étoit point aifé d'en trouver un plus attaché aux vrais intérêts de fa Patrie, plus loyal envers fon Souverain, & qui defirât avec plus d'ardeur de conferver la conftitution faine & entière; il finit fon difcours en déclarant qu'il n'avoir deffein pas d'éviter un examen, qu'il feroit toujours prêt à le fubir, & qu'il le demandoit à fes adversaires : il propofa enfuite la queftion d'ajournement, qui fut accordée après quelques altercations au fujet de la première propofition, & la Chambre s'ajourna jufqu'au 25.

Pendant cette féparation il fe forma un nouveau Ministère. Le Marquis de Rockingham, en qui la Nation avoit la plus grande confiance, fut fait premier Miniftre; le Comte de Shelburne, depuis Marquis de Lansdown, & M. Fox, furent nommés Secrétaires d'Etat; Mylord Cambden Président du Confeil; le Duc de Grafton, Garde des Sceaux; Mylord John-Cavendish, Chancelier de l'Echiquier; l'Amiral Keppel, premier Lord de l'Amirauté, & fut fait Vicomte; M. Conway, Général en chef des forces de terre; le Duc de Richmond, Grand-Maître de l'artillerie; Mylord Thurlow garda fa place de Grand-Chancelier;

1782. M. Dunning fut fait Baron d'Ashburton, & Chancelier du Duché de Lancaster.

Les nouveaux Miniftres avoient exigé les conditions fuivantes avant de vouloir accepter leurs places: 1o. La paix avec l'Amérique, &, pour obtenir cet objet, on devoit même reconnoître fon indépendance, fi cela étoit néceffaire. 2°. Une réforme dans les dépenfes de la Maison du Roi, fur le plan propofé par M. Burke. 3°. La diminution de l'influence de la Couronne, en empêchant ceux qui avoient des marchés avec le Gouvernement de pouvoir devenir Membres du Parlement & les Officiers de la Douane d'avoir droit aux élections.

Ce nouvel arrangement ayant été annoncé à la Chambre le 28 Mars, elle s'ajourna jufqu'après les vacances de Pâques, fans traiter d'aucune affaire. Tout fembloit aller avec beaucoup d'unanimité dans le Cabinet, lorfqu'un accident imprévu y causa encore un grand bouleversement, ce fut la mort du Marquis de Rockingham, qui arriva vers la fin de Juin. Tous ces différens partis de politiques qui étoient réunis fous ce chef refpectable, furent alors divifés entr'eux. M. Fox, Mylord John-Cavendish & plufieurs autres, réfiguèrent leurs commiffions. Mylord Shelburne fut fait premier Miniftre, M. Guillaume Pitt, Chan

celier de l'Echiquier, & il y eut encore d'autres 1782. changemens dans différens Départemens. Les débats fans nombre, & les difputes que les caufes de ces changemens occafionnèrent dans les deux Chambres, furent cependant terminés le 11 Juillet, par la préfence du Roi, qui prorogea fon Parlement.

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CHAPITRE XLVII.

1782. VERS la fin de l'année 1781, le commande

ment de l'armée Anglaife en Caroline, après le dé. part de Mylord Rawdon, paffa au Colonel Stewart. Le Général Green ayant reçu des renforts, s'avança afin d'attaquer les Anglais, qui étoient poftés à M'cord's-Ferry. A l'approche des Américains le Colonel Stewart fe refira quarante milles plus loin, à un endroit appellé EutawSprings, à environ foixante milles de CharlesTown. Green le fuivit, & l'atteignit le 7 Septembre 1781, le lendemain matin il marcha pour attaquer les Anglais dans leurs retranchemens. La première ligne de fon armée étoit compofée de Milice des deux Carolines, & la feconde de trois brigades de troupes Continentales, de deux bataillons de Virginie, deux de Maryland, & de trois de la Caroline Septentrionale. La légion. du Colonel Lee couvroit un de fes flancs, & les troupes de l'Etat de la Caroline Méridionale l'autre. Le Colonel Washington, avec fa cavalerie & les troupes du Comté de Delaware, formoit un corps de réferve. Il paroît que les forces. des Américains montoient à trois mille hommes.

Le matin du 8, le Colonel Washington, avec