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1783. fortereffe, & qui appartenoit de droit aux vainqueurs. Cette rufe ne tarda cependant pas à être découverte, & Tippoo-Saïb, irrité de ce manque de foi, regarda dès ce moment la capitulation. comme nulle. Il dépouilla le Général & fes Officiers de tout ce qu'ils poffédoient, & les fit mettre en prifon. Ils furent enfuite envoyés dans un fort, fitué dans l'intérieur du pays, où ils effuyèrent toutes fortes d'outrages. Le Général Mathews fut enfin mis à mort, ainfi que plufieurs de fes Officiers. Les Anglais vantent beaucoup la conduite des Cipayes, & la part qu'ils prenoient aux fouffrances des Européens, lorfqu'ils étoient enfemble dans la captivité.

Pendant le fiège de cette fortereffe, TippooSaïb avoit envoyé plufieurs détachemens de fon armée pour prendre poffeffion des paffages dans les montagnes. Une terreur panique s'étoit emparée de ceux qui les gardoient, après la défaite de l'armée, & les troupes Afiatiques les prirent fans beaucoup de difficulté. Cette terreur fé communiqua aux garnifons des environs. Cundapore, Place de beaucoup d'importance, & bien fortifiée, fut fur le champ abandonnée, & Onore alloit auffi l'être, fi l'intrépidité du Capitaine Torriano n'avoit ranimé le courage abattu de fes foldats.

Les fuccès qu'avoit eus Tippoo-Saïb, l'engagè

rent à faire le fiège de Mongalour, la ville la 1783. plus confidérable qu'il eut perdue fur la côte de Malabar. Il l'inveftit avec toute fon armée, & les Français qu'il avoit à fon fervice conduifirent les opérations du fiège. La garnifon étoit, réduite à la dernière extrémité, malgré la brave défense du Major Campbell, lorfque la nouvelle de la paix la délivra du danger où elle étoit d'être prife. Cette nouvelle fut très-affligeante pour Tippoo, qui alloit fous peu de jours redevenir maître de Mongalour. Il fut fort piqué lorfque le Commandant des troupes Françaises l'informa qu'il avoit ordre de ne plus agir contre les Anglais. Il fe plaignit amèrement d'être abandonné par fes Alliés, au milieu d'une entreprise qu'il ne pouvoit pas continuer fans eux. Cette Place fut cependant rendue à ce Prince l'année suivante, par le traité de paix qu'il fit avec la Compagnie des Indes Anglaise.

1783.

CHAPITRE

PENDANT

L V.

ENDANT que Tippoo-Saïb faifoit la guerre avec tant de vigueur fur la côte de Malabar, il y avoit auffi une variété d'opérations militaires fur celle de Coromandel. Depuis que le Colonel Stuart avoit pris le commandement des troupes, il avoit continuellement été occupé à veiller les mouvemens des ennemis. Le Gouverneur & le Confeil de Bengal réfolurent d'envoyer de grands fecours au Gouvernement de Madras, afin de l'aider à terminer la guerre. Ils chargèrent le Chevalier Eyre - Coote, qui étoit alors à Bengal pour fa fanté, d'une fomme d'argent confidérable, avec laquelle il s'embarqua pour Madras; mais lorfqu'il fut près du lieu de fa destination, il rencontra deux vaiffeaux de ligne Français, qui lui donuièrent chaffe pendant quarante-huit heures. Il arriva néanmoins dans le port, où la fatigue & l'inquiétude qu'il avoit eues, lui occafionnèrent une rechûte, & il mourut deux jours après. La perte de ce Général fut fort regrettée par les Anglais, qui avoient une haute idée de fes talens militaires.

Tippoo-Saïb, en volant au fecours de fes principales dominations, avoit laiffé le Carnatic à

découvert. Le Général Stuart profita de cette cir- 1783. constance, & envoya le Colonel Fullarton dans la province de Coimbatou. Cet Officier eut un fuccès rapide; il parcourut tout le pays, & s'empara de plufieurs Places importantes.

Les projets que le Général Stuart avoit en vue, l'obligèrent à rappeller M. Fullarton au milieu de fes fuccès. Quoique la retraite de Tippoo-Saïb, du Carnatic, fut importante, cependant le Gouvernement de Madras ne regardoit pas cet avantage comme complet, tant que les Français pofféderoient Goudelour (Anglicè Cuddalore). Cette ville leur fervoit de place d'armes ; &, après le départ du Prince Afiatique, ils avoient employé rous leurs foins à la fortifier. Ils avoient fi bien réuffi, qu'il paroiffoit difficile de pouvoir la prendre, la garnison étant fur-tout compofée d'Européens; car le Marquis de Buffy, ayant trouvé, à fon arrivée à la côte de Coromandel, que TippooSaïb avoit paffé les montagnes pour aller défendre la partie occidentale de fes Etats, s'étoit campé fous Goudelour. Il y avoit auffi dans la Place plufieurs détachemens des meilleures troupes de Tippoo, & abondance de provisions de guerre & de bouche. Une artillerie nombreuse, & la plus belle qu'on eut encore vue dans l'Inde, couvroit tous les ouvrages. Les Français avoient auffi conftruit des lignes autour de la Place, excepté d'un

1783. côté, qui étoit couvert d'un bois épais, qu'ils confidéroient comme impénétrable.

Le Général Anglais penfa différemment. Il fit des préparatifs pour paffer cette forêt, fur quoi les Affiégés continuèrent les lignes qu'ils avoient commencées à travers la langue de terre qui fépare la ville du continent. Le Général Stuart résolut de les attaquer avant qu'ils euffent complété leurs ouvrages. M. Bruce fut chargé d'une tentative fur leurs lignes, & emporta plufieurs de leurs batteries, qu'il tourna enfuite contr'eux. Les Grenadiers Anglais s'efforcèrent de profiter de la protection de ces batteries, pour s'emparer d'une redoute; mais ils furent reçus avec un feu fi vif, qu'ils furent obligés de fe retirer, & de faire venir à leur fecours un corps de réferve. Toute la matinée, les Anglais avoient canonné les lignes; ils réfolurent enfuite de donner l'affaut aux ouvrages. Les Grenadiers, fous la conduite du Colonel Catchcart, & le Corps de réferve, fous celle des Colonels Gordon & Stuart, s'avancèrent à travers un feu violent de moufquetterie & de grappes de raifins, qui les foudroyoit, & entrèrent dans les retranchemens. Il y eut alors un combat furieux & meurtrier; mais les Anglais furent à la fin repouffés. Les Affiégés fortirent de leurs lignes pour les pourfuivre; mais les premiers fe rallièrent, & une autre divifion, s'étant apperçue que les Fran

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