les informations qu'il avoit reçues, il fe trouva 1782. foudainement entouré d'ennemis, dont il ne put fe débarraffer qu'en abandonnant ses provifions & fon bagage.

La nouvelle des mouvemens du Colonel Humberstone étant arrivée à Bombay, il fut réfolu de lui envoyer des renforts, & le Général Mathews marcha avec un gros corps de troupes pour le joindre. Cependant Tippoo-Saïb preffoit vivement le Colonel Humberstone avec fa cavalerie, qui fe replia avec beaucoup de précipita tion vers Panyan, où étoit le Colonel Macleod, qui, comme plus ancien, prit alors le commandement des troupes.

que

La fituation de Panyan fur la côte, mit deux frégates à portée de venir au fecours des Anglais. Le feu qu'elles firent, ainsi celui des troupes de terre, qui étoient retranchées, arrêtèrent les forces de Tippoo-Saïb. Ce dernier avoit à fes ordres près de vingt mille hommes d'Infanterie, & dix mille hommes de Cavalerie, & il étoit accompagné d'un Corps de Français aux ordres de M. Lallée. Ce Prince réfolut d'attaquer les Anglais dans leurs retranchemens : il donna l'affaut à leurs lignes avec toutes fes forces cette attaque fut conduite avec beaucoup de régularité & de valeur ; mais, après un combat meurtrier, il fut repouffé avec grande perte : il leva ensuite

1782. le fiège de Panyan, & fe retira de l'autre côté de la rivière qui porte le même nom.

Le Général Mathews, qui s'avançoit au fecours du Colonel Humberstone, par des marches forcées, ayant appris la défaite de Tippoo, réfolut de Forter la guerre dans le cœur des dominations d'Hyder-Ally. Il conduifit fes troupes vers la ville d'Onore, qui eft fituée à trois cens milles au fud de Bombay, & qui eft une des Places principales du Canarrée. Elle fut prise d'affaut, & abandonnée au pillage: les Anglais fouillèrent leur victoire par des actes de rapine & de cruauté, & fe difputèrent enfuite le butin

entr'eux.

le

La mort d'Hyder-Ally, qui arriva à-peu-près dans ce tems-là, donna aux Anglais de grandes efpérances de pouvoir profiter de cet évènement; en conféquence, le Gouvernement de Bombay ordonna au Général Mathews de s'avancer avec toutes les forces qu'il pourroit raffembler dans de Canarrée, & de tâcher de s'emparer de Bednore, qui en est la capitale, où étoient tous les tréfors d'Hyder-Ally avec fes magasins. Ce qui avoit déterminé le Gouvernement de Bombay à prendre cette réfolution, c'est qu'il avoit appris qu'il y avoit beaucoup de mécontens dans le pays.

pays

Après avoir forcé les paffages des montagnes

qui forment les frontières du Canary, les 1783. Anglais marchèrent vers Bednore, qui portoit alors le nom d'Hyder-Nagur, ou ville d'Hyder. Cette ville eft une des plus grandes & des plus magnifiques de l'Inde. Comme elle n'étoit point en état de faire résistance le Gouverneur la rendit fur le champ, avec les trésors d'HyderAlly; le refte de la Province eut le fort de la capitale, à condition qu'on ne toucheroit point aux propriétés des particuliers, & que le Gouverneur conferveroit fa place, & reconnoîtroit la fouveraineté de la Compagnie Anglaise, au lieu de celle d'Hyder-Ally.

Après la prise de Bednore, qui arriva au commencement de Février 1783, le Général Mathews envoya le Gouverneur Indien en prison, fans avoir égard aux articles de la capitulation, & commit beaucoup d'autres irrégularités, qui furent défapprouvées même par fes principaux Of ficiers. Les Colonels Macleod & Humberstone, & le Major Shaw l'abandonnèrent, & retournèrent à Bombay. Ces Officiers des troupes du Roi avoient toujours paffés pour gens d'honneur, & n'étoient qu'accidentellement au fervice de la Compagnie.

Le Général Mathews accufa de fon côté, ceux qui étoient fous fon commandement, de licence & de manque de refpect, & fe plaignit

1783.des conféquences dangereufes que pouvoit avoit lear conduite. Le Confeil de Bombay, après avoir pris connoiffance de toutes ces accufations, fufpendit le Général Mathews, & donna le commandement de l'armée au Colonel Macleod.

Mais pendant que ces évènemens se paffoient à Bombay, un détachement des forces de Mathews envahiffoit toute la côte voifine. Il s'empara de Mongalour, principal port d'Hyder-Ally, & fon grand arfenal pour la marine. Cette Place fut emportée après quelque réfiftance; mais le fort fe défendit avec tant d'opiniâtreté, que le Général Mathews fut obligé de faire un fiège en règle, avec la plus grande partie de fes troupes, & ne s'en rendit maître que le 9 Mars. Par la prise de cette ville, la marine naiffante d'HyderAlly, reçut un coup mortel. Ce Prince avoit déjà plufieurs vaisseaux de force fur les chantiers; il y avoit même deux navires de ligne, qui étoient fort avancés.

La perte de Mongalour caufa beaucoup de chagrin à Tippco-Saïb, qui avoit, comme fon père, deffein de former une Puiffance maritime. Il fe prépara fur le champ à marcher dans le pays de Bednore, & assembla, pour cette expédition, toutes les forces qu'il avoit dans le Carnatic. L'armée avec laquelle Tippoo - Saib marcha au fecours de fa capitale, montoit à

cent mille hommes, dont fix cens Français, aux 1783. ordres de M. de Coffigny. Mathews n'avoit pas avec lui plus de trois mille hommes, dont fept cens étoient Européens. Les Officiers les plus expérimentés, lui confeillèrent de prendre poffeffion des paffages dans les montagnes où il auroit pu défendre contre les forces formidables qui s'avançoient contre lui, & couvrir fes conquêtes; mais le Général Anglais eut l'imprudence d'attendre Tippoo-Saïb dans la première enceinte de Nagar.

fe

Les conféquences de fa témérité furent que fes troupes furent mifes en déroute, avec un grand carnage, & qu'il fut lui-même obligé de fe retirer dans la fortereffe avec les débris de fon armée la Place fut fur le champ investie par les vainqueurs. Mathews foutint cependant un fiège de trois semaines, après lequel, ayant perdu une grande partie de fes forces, & le feu des affiégeans ayant détruit la plupart de ses demanda à capituler.

ouvrages,

il

Les articles, que Tippoo-Saïb accorda à la gar⚫nifon, furent qu'elle conferveroit fes effets particuliers, en rendant les effets publics, & qu'elle feroit conduite à Bombay.

Les Anglais, fe trouvant, par cette capitulation, privés du vafte butin qu'ils avoient fait à Bednore, réfolurent de l'éluder. En conféquence, ils divisèrent entr'eux le tréfor qui étoit dans la