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1782. jamais qu'une partie qui put renouveller le combat; & il y en avoit plufieurs fi éloignés des autres, qu'ils couroient rifque d'être coupés. L'armée navale de France étant raffemblée, alla mouiller à neuf milles fous le vent, pour y réparer fon dommage, & celle d'Angleterre jetta auffi l'ancre entre Negapatnam & Nagor, pour remplir le même objet. Au point du jour M. de Suffren fit voile pour Goudelour, où il fit radouber fa flotte, afin de pouvoir joindre deux vaisseaux de ligne qui étoient arrivés de France à l'ifle de Ceylan, avec un convoi de troupes & de provifions. 11 fit tant de diligence, qu'il fut en état de mettre en mer au commencement d'Août. Le Chevalier Hughes étoit pendant ce tems-là à Madras, occupé à faire réparer son Escadre.

M. de Suffren, ayant joint les deux vaisfeaux de ligne, & les tranfports dont nous avons parlé, vers la fin d'Août, forma une expédition contre Trinquemalé. Il mouilla le 25 à Back-Bay, & le 26 au matin il débarqua fes troupes fous le feu de fon artillerie, & affiégea le Fort. En moins de deux jours les Français firent taire les batteries des affiégés, & le Gouverneur demanda à capituler. M. de Suffren lui accorda des conditions honorables, & la Place fut mife, le 31 Août, entre les mains des Français.

Le

Le Chevalier Hughes arriva devant Trinque- 1782. malé le 2 Septembre, où il trouva la flotte Française, alors forte de quinze vaiffeaux de ligne, tandis qu'il n'en avoit que douze. L'Amiral Français fortit le lendemain matin de la baie pour aller à fa rencontre : le combat s'engagea avec furie à deux heures après midi, & dura avec la plus grande opiniâtreté jufqu'à fept heures du foir. Les Anglais fouffrirent beaucoup, & deux de leurs vaiffeaux furent fi maltraités, qu'ils quittèrent la ligne, & tombèrent fous le vent. Les vaiffeaux Français furent auffi fort endommagés dans leurs agrès; celui du Général perdit fon grand mât & fon mât d'artimon. Les deux flottes fe féparèrent fur le foir; les Français allèrent à Trinquemalé, & perdirent un vaiffeau de foixantequatorze en entrant dans la baie. La prife de Trinquemalé fut fort avantageufe aux Français, parce qu'elle leur donnoit un port fur cette côte, tandis que le Chevalier Hughes fut obligé de retourner à Madras pour y faire réparer fes vaiffeaux. Dans ce paffage il effuya une tempête affreufe, dans laquelle il y eut plus de cent vaiffeaux marchands de perdus. Ce malheur en ocea fionna un autre; car ces vaiffeaux étant chargés de riz', denrée qui étoit alors fort rare à Madras à caufe de la guerre du Carnatic, il y eut une Tome IV.

L

1782. famine dans le pays, qui enleva plus de dix mille habitans.

La continuation du mauvais tems fur la côte du Coromandel, où les monfons alloient commencer, obligea le Chevalier Hughes à partir pour Bombay; il effuya encore des coups de vents terribles, & n'arriva à cette Place que vers la fin de l'année. Son Escadre étoit en fi mauvais état, que, pour la réparer avec plus de diligence, il fut obligé d'en envoyer une partie dans l'établiffement Portugais de Goa.

Cependant le Chevalier Bickerton étoit arrivé à Bombay avec cinq vaiffeaux de ligne & cinq mille hommes de troupes; n'y ayant pas trouvé le Chevalier Hughes, il avoit fait voile pour Madras, où il avoit débarqué les troupes, & étoit enfuite retourné à Bombay pour le joindre. Son paffage d'Europe aux Indes avoit été trèsfavorable, ainfi celui de Madras à Bombay, de forte fes vaiffeaux étoient en état de comque mencer la campagne.

que

Les Généraux de Suffren & Hughes, avoient déjà donné quatre batailles dans l'efpace de fept mois. Il n'y a point d'exemple où deux Amiraux fe foient battus fi fouvent à la tête des mêmes flottes; jamais deux Nations ne s'étoient difputé avec tant d'opiniâtreté la fouveraineté des mers Orientales. Ces anciens rivaux combattoient avec

autant d'acharnement en Afie qu'en Europe; il 1782. s'agiffoit d'un commerce immense, & la grandeur des objets qu'ils avoient en vue, animoit mutuellement leur courage, & leur faifoit faire des efforts incroyables. Il paroît cependant que M. de Suffren ne fut pas content de tous fes Officiers, il en renvoya plufieurs en France pour qu'on y inftruifit leur procès, & fur la côte d'Afrique il fut obligé de mettre fix de fes Officiers aux arrêts, à caufe de leur mauvaife conduite.

L'Amiral Anglais donna au contraire de grands éloges à tous fes Officiers, & dit qu'il avoit toujours été bien foutenu. On peut voir par-là que,, fi le Général Français avoit été auffi- bien fecondé, il auroit pu remporter plufieurs victoires décifives fur fes ennemis.

CHAPITRE LI V.

1782. LA France avoit fait de grands préparatifs pour la campagne prochaine dans cette partie du monde; outre les troupes qui étoient déjà débarquées fur la côte de Coromandel, on devoit y faire paffer cinq mille hommes des Isles de France & de Bourbon. On devoit envoyer plufieurs vaiffeaux de ligne pour joindre M. de Suffren, de forte que, par terre & par mer, les Français auroient eu des forces confidérables.

Pour s'opposer à leur deffein fur la côte de Coromandel, les Anglais jugèrent à propos de faire une diverfion fur celle de Malabar. Cette mefure avoit déjà été adoptée la campagne précédente par le Gouvernement de Bombay; il avoit envoyé un corps de troupes, aux ordres du Colonel Humberstone, qui s'étoit emparé de Calicut & de Panyan, fur cette côte, ainfi que d'autres petites Places, & avoit enfuite pénétré dans le pays voifin. Après s'être rendu maître de Mongarry-Cotta, les Anglais s'étoient avancés à Palacatcherry, ville confidérable, qui n'en eft qu'à très-peu de diftance. Le Colonel fut cependant trompé dans fon attente, car, au lieu de n'y rencontrer qu'une foible réfistance, suivant

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