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1782. lendemain, différentes évolutions, & le dix-fept à trois heures & demie, il engagea le combat avec l'arrière-garde Anglaife, qui fut fort maltraitée; mais il fut obligé de le faire ceffer à cinq, à caufe de la brume, de la pluie & du tems orageux; les Anglais en profitèrent pour s'éloigner. Les vaisseaux du Chevalier Hughes & du Commodore King, avoient beaucoup foufferts, & celui du dernier alloit être pris: toutes les contrariétés, dont nous avons parlé, arrêtèrent une victoire qui auroit décidé du fort de l'Inde.

Après ce combat, les Français firent voile pour Pondichery, & les Anglais pour Trinquemalé. Le Chevalier Hughes alla de-là à Madras, où il prit des troupes & des munitions, qu'il conduifit à Trinquemalé, & mit enfuite en mer pour protéger un convoi qu'il attendoit d'Europe.

Le Bailli de Suffren, après avoir débarqué à Porto-Novo les troupes & les munitions qui étoient à bord des tranfports, mit à la voile pour aller chercher les Anglais. Le 8 Avril il découvrit leur Efcadre, qu'il chaffa jusques fur la côte de Ceylan. Les Anglais furent alors obligés d'accepter le combat, & fe trouvèrent dans une fituation très-dangereuse, ayant fous le vent un rivage plein d'écueils, & au vent l'armée navale de France. M. de Suffren fit fignal de former la

ligne fur le même bord que l'ennemi, & d'ar- 1782. river, & à l'arrière-garde de forcer de voiles. A une heure après midi, le Héros, monté par le Général, ouvrit fon feu fur l'Amiral Anglais, à portée de moufquetterie. L'intention de M. de Suffren étoit de refter par le travers du Chevalier Hughes; mais les manœuvres de fon vaisseau ayant été hachées, il le dépaffa malgré lui, & combattit à demi-portée de fufil le Monmouth, qui étoit en avant. A deux heures, le mât d'artimon & le grand mât du Monmouth tombèrent. Le gréement & les manoeuvres du Héros étoient dans un fi pitoyable état, qu'il ne pouvoit plus manœuvrer. Le Bailli de Suffren combattit cependant encore contre les vaiffeaux de l'avantgarde, jufqu'à ce que l'Orient & le Brillant le joignirent, & pafsèrent fous le vent à lui. L'Amiral Anglais arriva en même-tems, & paffa fous le vent du vaisseau démâté, pour fe réunir à fon avant-garde. Les Anglais revirèrent enfuite de bord, & les Français firent la même manœuvre. Ces derniers étoient fur le point de s'emparer du Monmouth, lorfqu'un autre vaiffeau le remorqua & le conduifit dans. fa ligne, avant qu'ils puffent le joindre. Le Héros étoit alors fi défemparé, que le Général paffa à bord de l'Ajax, & continua à porter fur les Anglais. Ceux-ci étoient tellement preffés fut la côte, qu'ils étoient au

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1782. point d'échouer; pour éviter ce désastre, ils jettèrent l'ancre fix braffes d'eau. L'Ajax, que

par

montoit alors le Bailli de Suffren, ayant touché à plufieurs reprises, cet Amiral fit signal de mouiller, & le Héros jetta fon ancre au milieu de l'Escadre Anglaife. Le tems, très-noir & pluvieux, déroba aux ennemis la pofition de ce vaiffeau, & M. de Moiffac, qui le commandoit, profita d'un instant favorable pour couper fon cable, & venir mouiller à côté de l'Ajax. Les Anglais eurent fix cens hommes de tués & de bleffés dans cette action; à bord du Monmouth feul, il y en avoit cent quarante-fept. Les Français ne perdirent pas tant de monde; mais leurs navires furent fort endommagés. L'Escadre de France, après avoir louvoyé pendant trois jours devant celle d'Angleterre, qui refta emboffée', fit route vers Batacolo, afin d'aller prendre des rafraîchiflemens.

Pendant que les armées navales de France & d'Angleterre combattoient avec tant d'acharnement Hyden Ally faifoit le blocus de Tellichery, fur la côte de Malabar Le Gouvernement de Bombay envoya par mer un corps de troupes au fecours de la Place, aux ordres du Major Abingdon, afin de faire leverde fiège. M. Abingdon fit à fon arrivée des reconnoiffances des ouvrages des ennemis, & réfolut enfuite de les attaquer. Le 8 Janvier il furprit les affiégeans dans leurs

lignes, & les repouffa avec perte jufques dans leur 1782. camp, où il les attaqua avec beaucoup de fuccès.

Il fit quinze cens prifonniers, entre lefquels étoit Sadder- Cawn, parent d'Hyder - Ally, qui avoir ce jour-là le commandement des troupes. Il s'empara d'une grande quantité de provifions de guerre & de bouche, d'un train d'artillerie, & d'une fomme d'argent confidérable. Les Asiatiques eurent quatre cens hommes de tués. Ces fuccès rendirent les Anglais maîtres de tout le pays autour de Tellichery, leur permit de corref poudre avec les autres poftes qu'ils avoient dans le voifinage, & leur ouvrit une entrée dans le territoire d'Hyder-Ally.

Ce Prince courageux ne fut cependant point abattu par cette défaite; il réfolut de ne pas donner de relâche à fes ennemis. Etant informé qu'il y avoit un détachement des troupes du Chevalier Coote campé fur les rives de la Coleroon, rivière qui forme au Nord les limites du Tanjour, il réfolut de les attaquer. Il donna la conduite de cette expédition à fon fils Tippoo, Prince qui avoit déjà donné plufieurs preuves de fa valeur. Tippoo-Saib, s'étant informé de toutes les circonftances, conçut le deffein de tomber fur ce détachement avant qu'il pût être inftruit de fon projet, & pendant qu'il fe croyoit en sûreté

1782. à cause de la trop grande diftance de l'armée d'Hyder-Ally.

Pour plus de diligence, il partit avec moins de troupes qu'à l'ordinaire, & peu de bagage. Quinze mille chevaux & cinq mille fantaffins compofoient cette armée; mais elle étoit accompagnée d'un corps d'Européens, aux ordres de M. Lallée. Les troupes trouvèrent bien des dif ficultés dans leur marche; mais elles les furmontèrent avec beaucoup de fermeté, pafsèrent enfin la Coleroon, & entourèrent foudainement les Anglais.

Les forces de ces derniers étoient de deux mille hommes d'Infanterie, & de trois cens hommes de cavalerie, aux ordres du Colonel Brathwaite, Officier brave & expérimenté, qui fe fit beaucoup d'honneur dans cette occafion. Il forma fes troupes en bataillon quarré, plaça fa cavalerie au milieu, & fon artillerie de front.

Tippoo-Saïb les attaqua pendant trois jours, & tâcha de rompre leurs rangs avec fon artillerie, afin de pouvoir enfuite les charger avec fa cavalerie; mais les Anglais firent un feu fi vif, qu'ils repoufsèrent tous les efforts de leurs ennemis. Le Prince Indien conduifoit lui-même fes troupes à la charge, & fe comportoit avec un courage peu commun; mais le feu violent de

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