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Les Efpagnols pour fe dédommager du mau- 1781. vais fuccès qu'ils avoient eu devant Gibraltar depuis le commencement du blocus, réfolurent d'attaquer l'Ile de Minorque. Le Commandement de cette expédition fut donné au Duc de Crillon, Général Français qui étoit au fervice d'Espagne. M de Guichen partit de Breft vers la fin de Juin avec dix-huit vaiffeaux de ligne, pour joindre l'Escadre d'Espagne, afin de favoriser cette entreprise. La flotte combinée fit voile de Cadix à la fin de Juillet, efcortant un convoi qui portoit dix mille hommes de troupes Efpagnoles. Les troupes débarquèrent dans l'Ifle fans oppofition, & furent quelque tems après jointes par fix régimens de Toulon, aux ordres du Comte de Falkenhayn. La garnifon confiftoit en quatre régimens, dont deux Anglais & deux Hanovriens, qui étoient commandés par des Officiers d'une grande réputation. Le Lieutenant-Général Murray tenoit alors le premier rang dans l'Ifle de Minorque, & le Général-Major Draper étoit Commandant en second. La flotte combinée, après avoir escorté les troupes jufqu'au détroit, les laiffa à la garde de quelques vaiffeaux, & fit voile pour s'approcher de la Manche. Elle étoit alors forte de 49 vaiffeaux de ligne, aux ordres de Don Louis de Cordova & de Don Gaston, de MM. de Guichen, de Beauffet & de Lamotte

1781. Piquet. Son projet étoit d'empêcher les Anglais de porter du fecours à Minorque, & elle espéroit pouvoir intercepter les flottes marchandes qu'on attendoit en Angleterre, ou celle qui devoit fortir d'Irlande; d'ailleurs elle répandoit l'alarme & la confufion fur toutes les côtes de la GrandeBretagne. Les Miniftres d'Angleterre étoient fi mal informés, qu'ils n'eurent aucune connoiffance de ce projet jufqu'à l'arrivée de l'armée combinée à l'embouchure de la Manche, qui formoit une ligne depuis Oueffant jufqu'aux Ifles de Scilly pour en barrer l'entrée, de forte que l'Amiral Darby, qui n'avoit que vingt-un vaiffeaux de ligne à fes ordres, auroit tombé au milieu de fes ennemis, s'il n'avoit été averti par un navire neutre.

Il retourna fur le champ à Torbay & s'emboffa à l'embouchure de la baie, en attendant de nouvelles instructions de la part de l'Amirauté. Il reçut en peu de tems un renfort de neuf vaiffeaux, & ordre de mettre en mer pour protéger les flottes que l'on attendoit des Antilles, & de tout risquer pour remplir cet objet. Les vents étant alors contraires, l'armée navale Anglaise fut retenue dans Torbay jufqu'au 14 Septembre.

Ce mouvement de la flotte combinée répandit la confternation fur les côtes d'Angleterre & d'Irlande; les grandes flottes marchandes pour l'Amérique

l'Amérique & les Antilles, qui étoient alors dans 1781: le port de Corke, furent dans le plus grand' danger, & on craignoit même pour la ville, qui n'étoit point fortifiée.

Auffi-tôt que les Généraux Français & Espagnols furent informés de la fituation de la flotte Anglaife, il y eut un Confeil de guerre pour déterminer fi on les attaqueroit. Après quelques débats, il fut convenu que le mouillage de l'ennemi leur donnoit un grand avantage, pour fe défendre contre une attaque dans laquelle il falloit former la ligne de bataille en avant, & faire paffer fucceffivement les vaiffeaux un à un, fans avoir aucune poffibilité de fe développer pour employer fa fupériorité. La flotte combinée étoit d'ailleurs en fort mauvais état; il y avoit un grand nombre de malades à bord, & les vaiffeaux avoient tellement fouffert durant leur croifière, que plufieurs d'entr'eux pouvoient à peine fe foutenir audeffus de l'eau. Le mauvais tems qui furvint au commencement de Septembre, obligea les Alliés à rentrer dans leurs ports fans rien effectuer; les Français retournèrent à Breft, & les Efpagnols à Cadix.

Les préparatifs des Hollandais, pour fe venger des attaques réitérées des Anglais, n'avançoient que lentement. Avant la rupture avec l'Angleterre on n'avoit point d'idée de l'état de foiblesse où Tome IV.

B

1781. fe trouvoit la Hollande; fes flottes étoient, pourainfi-dire, anéanties, fes arfénaux vuides, & elle n'avoit point de matelots : elle équipa cependant, avec beaucoup de difficultés, une Escadre de fept vaiffeaux, depuis cinquante-quatre jusqu'à foixante-quatorze canons, pour protéger fon commerce avec la Baltique. Les Anglais qui, de leur côté, favoient de quelle importance il étoit d'interrompre ce commerce, qui fourniffoit aux EtatsGénéraux tous les matériaux néceffaires à leur marine, avoient envoyés une Efcadre de fix vaiffeaux de ligne, aux ordres de l'Amiral HydeParker, dans la mer du Nord, pour intercepter Tes Hollandais, & pour protéger en même tems les navires de leur propre nation. L'Amiral HydeParker retournoit d'Elfineur avec fon grand convoi, lorfqu'il rencontra fur Dogger-Bank la flotte Hollandaife, aux ordres de l'Amiral Zoutman, qui faifoit voile pour la Baltique, ayant auffi un

convoi fous fon escorte.

Hyde-Parker mit auffi-tôt le signal de chasse; mais Zoutman lui évita la peine de le poursuivre, car il rangea fon armée en bataille, & l'attendit avec beaucoup de fang-froid. Les deux Efcadres s'approchèrent prefque à portée de pistolet avant de tirer un feul coup, & alors elles commencèrent un combat furieux, qui dura près de quatre heures. Au bout de ce tems-là, les deux armées navales

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fe trouvèrent dans un état de délabrement qui ne 1781. leur permit plus de continuer, & fe séparèrent. La Hollandia, & un autre vaiffeau au fervice des Etats-Généraux, coulèrent à fond pendant la nuit, & les équipages furent obligés de les abandonner avec tant de précipitation, qu'ils ne purent fauver leurs bleffés.

Ce combat fut très-meurtrier; les Anglais eurent cent quatre hommes de tués, & trois cens trente-neuf de bleffés, & les Hollandais environ fept cens hommes tant tués que bleffés.

Les Etats- Généraux récompensèrent tous les Officiers qui s'étoient trouvés dans cette action, &, entr'autres, le brave Capitaine Bentink du Batavia, qui, quoique mortellement bleffé, & que fon navire fut près de couler à fond, refufa de quitter fon pofte jufqu'au dernier moment; il fut fait, avant fa mort, Contre-Amiral d'Hollande & de Weft-Friesland, & Aide-Major-Général du Prince Statholder.

En Angleterre on applaudit à la conduite du Général Hyde- Parker & de fes Officiers; mais on blâma beaucoup l'Amirauté de les avoir expofés contre des forces fupérieures, tandis qu'il y avoit plufieurs vaiffeaux qui étoient en station dans les Dunes, & l'Amiral lui-même en témoigna fon mécontentement. Le premier Lord de l'Amirauté, pour éviter les reproches que les Membres de

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