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Le 10 Septembre, ce Prince entreprenant remporta une victoire complette fur une partie de l'armée Anglaife aux ordres des Colonels Baillie & Fletcher, qui vouloient former une jonction avec le Chevalier Monro. Les Anglais s'étoient défendus avec beaucoup de courage pendant trois heures contre des forces infiniment fupérieures, lorfqu'un accident imprévu fut caufe de leur ruine. Les charriots, qui portoient la poudre, fautèrent, & détruifirent le refte des munitions. Hyder - Ally s'appercevant de la confufion que cet accident avoit caufée dans l'armée Anglaife, détacha auffi-tôt Tippoo fon fils, Prince de beaucoup de courage & d'habileté, à la tête de fa cavalerie, pour profiter de ce défordre. Cette cavalerie fut fuivie d'un Corps d'infanterie Française, & ces deux détachemens fondant avec impétuosité fur les Anglais, rompirent leur rang prefque par-tout. Le carnage fut alors épouvantable, il ne s'échappa prefque pas un Cypaie ( Anglicè Sepoy). La divifion d'Européens ne fut cependant pas rompue, & força fon chemin avec la bayonnette, jufqu'à une hauteur où le Colonel Baillie fit un bataillon quarré du refte de fes foldats qui étoient prefque tous blessés, ainsi que lui, & qui n'avoient plus d'autres défenses que leurs bayonnettes & leurs épées. Dans cette pofition, les Anglais foutinrent encore pendant

Tome IV.

K

1780.

les

1786. quelque tems, attaques de leurs ennemis; qui faifoient fur eux un feu violent, auquel il leur étoit impoffible de répondre; mais ils furent à la fin obligés de fe rendre. Quand ils mirent bas les armes, ils n'étoient plus qu'au nombre de deux cens, ayant perdu dans cette action fept cens de leurs compatriotes, fans compter un grand nombre de troupes auxiliaires. Entre les morts étoit le Colonel Fletcher. Après cette défaite, le Chevalier Monro fe replia fur Madras, & fut fort harassé dans sa retraite. Hyder - Ally eut encore différens fuccès: il prit d'affaut l'établissement d'Arcot, & un fort qui y étoit contigu.

Telle étoit la fituation des Anglais dans le Carnatic, vers la fin de l'année 1780, lorfque le Chevalier Eyre-Coote prit le commandement des forces Britanniques. A fon arrivée, il mit en mouvement les troupes qui s'étoient retirées vers Madras, afin de s'oppofer aux opérations d'HyderAlly, qui avoit mis le fiège devant différentes Places. Il défarma enfuite les Français de Pondichery, qui avoient envie de fecouer le joug des Anglais, s'empara de leurs magafins, & détruifit tous leurs bateaux. Cette précaution ne fut pas inutile, car peu de tems après, une Efcadre Française parut devant la Place, pour y prendre de l'eau & des provifions; mais elle

fut obligée de fe retirer fans remplir fon objet, 1781: faute de ces bateaux qui avoient été détruits : il y eut enfuite plufieurs batailles entre les Anglais & les Indiens, dans lesquelles ces derniers firent paroître beaucoup de courage & une difcipline peu commune; mais le Chevalier Eyre - Coote reprit fa fupériorité, en remportant plusieurs

victoires.

Les chofes étoient dans cet état, lorfque, vers la fin de l'année 1781, on apprit la rupture avec la Hollande. La Compagnie Anglaife forma alors une expédition contre Negapatnam, ville fituée au Sud de Madras, pour qu'elle ne fervîr pas de Place d'arme à Hyder - Ally & aux Français. La conduite de cette expédition fut confiée au Chevalier Monro, & l'Amiral Hughes devoit bloquer la Place par mer. Cet Amiral avoit déjà détruit les ports de Calicut & de Mongalour. Negapatnam étoit une Place assez forte, appartenante aux Hollandais, & Hyder-Ally y avoit envoyé un corps d'infanterie & de cavalerie, pour renforcer la garnifon. Les Anglais repoufsèrent les Afiatiques fans beaucoup de peine, & firent enfuite des approches régulières; après quelques jours de tranchée ouverte, le Gouverneur demanda à capituler. Par cette capitulation la garnison devint prifonnière de guerre, & la ville & tous les établissemens qui en dépendent, furent rendus aux Anglais; le

1781. Gouverneur & les Officiers civils & militaires furent laiffés fur leur parole.

La prise de Negapatnam rétablit le pouvoir & la réputation des Anglais fur la côte de Coromandel.

Le Chevalier Hughes réfolut enfuite d'attaquer Trinquemalé, (Anglicè Trincomale) dans l'ifle de Ceylan, l'un des établissemens les plus importans des Hollandais dans les Indes Orientales; il eft fitué fur la côte Septentrionale de l'Ifle, en tirant vers l'Eft, fur une baie spacieuse qui forme le plus beau port des Indes. Cette Ifle est peutêtre une des plus riches poffeffions de la Hollande, à caufe de fes productions, qui confiftent en épiceries. L'Amiral arriva devant Trinquemalé au commencement de l'année 1782, & s'en rendit maître après une foible réfiftance.

Cependant M. de Suffren avoit joint M. d'Orves à l'Ile-de-France, où il s'étoit mis fous fes ordres. Après s'être réparée, l'Escadre Française, alors forte de onze vaiffeaux de ligne & de plufieurs frégates, faifoit toute la diligence poffible pour gagner les côtes de Coromandel. Chemin faifant, elle prit l'Hannibal de cinquante cañons, Quelques jours après, le Comte d'Orves voyant dépérir fa fanté, chargea le Bailli de Suffren du commandement de l'Efcadre, & mourut le neuf Février. Le quatorze du même mois, la flotte

Française parut devant Madras. Par la prife de 1782. l'Hannibal, elle étoit alors compofée de douze vaiffeaux, outre fix frégates, elle escortoit un convoi de transport chargé de troupes, & avoit avec elle plufieurs prifes Anglaifes qu'elle avoit faites dans la traverfée.

Le Chevalier Hughes ayant été joint par des renforts, avoit alors à fes ordres neuf vaisseaux de ligne, avec lefquels il étoit embossé très-près

de terre.

Le Bailli de Suffren fit le lendemain matin route fur l'Escadre ennemie; mais les calmes & la pofition des Anglais ne permettant pas de tenter une attaque avec quelque apparence de fuccès, il mouilla à une lieue de leur Escadre: à une heure après midi, il fit fignal d'appareiller, & dirigea fa route vers Pondichery.

Le Chevalier Hughes la fuivit, espérant trouver quelque occafion favorable. Il s'apperçut au point du jour, que le convoi étoit féparé de l'Efcadre Françaife, & mit auffi - tôt le fignal de chaffe. Il reprit cinq vaisseaux Anglais, & s'em para d'un bâtiment de tranfport chargé de mu

nitions.

Le Général Français, ayant apperçu le mouvement des Anglais, força fur le champ de voiles, pour protéger fon convoi. Il fe fit pendant le refte du jour, & dans la matinée du

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